La Vie est un long fleuve tranquille : retour sur l'audition improbable de Benoît Magimel

Après avoir fait carrière dans la publicité, Étienne Chatiliez souhaite se lancer dans le cinéma. Aux côtés de la coscénariste Florence Quentin (avec qui il collaborera sur d’autres œuvres telles que Tatie Danielle ou Le Bonheur est dans le pré), il livre ainsi une histoire qui s’inspire quelque peu de ses souvenirs d’enfance passés dans sa terre natale du Nord. Il prend surtout pour modèle un fait divers qui s'est déroulé à Roubaix dans les années 50. En effet, deux bébés avaient malencontreusement été échangés à la maternité d'un hôpital. C’est ainsi que La Vie est un long fleuve tranquille voit le jour.

La Vie est un long fleuve tranquille suit donc deux familles que tout oppose : les Le Quesnoy d’un côté qui ont un niveau de vie aisé et qui sont connus pour être de fervents catholiques. De l’autre, les Groseille qui sont bien plus modestes, et qui vivent de petites arnaques en tous genres. Leur rencontre se fait lorsqu’ils apprennent que deux enfants de ces familles respectives ont été échangés lorsqu’ils étaient bébés.

Le film est un grand succès public et commercial. En effet, il reçoit quatre César sur six nominations. Il entre surtout dans la culture populaire pour ses dialogues grinçants et hilarants. 

La Vie est un long fleuve tranquille ne compte aucune grosse star de l’époque à son casting. En effet, c’est un choix délibéré d’Étienne Chatiliez qui ne souhaite pas de contraintes financières et comportementales. Paradoxalement, il fait de l’un des comédiens une vedette : Benoît Magimel.

Pour rappel, l’acteur joue dans ce film son premier rôle au cinéma alors qu’il n’a que 13 ans à l’époque ! C’est lorsqu’il a un an de moins qu’il se présente au casting du film, seul. En effet, Étienne Chatiliez avait fait passer une annonce, à laquelle ce fils d’infirmière et d’employé de banque a répondu.

Benoît Magimel n’est alors pas un enfant des beaux quartiers de Paris, et il n’est pas non plus un enfant de stars. Pendant ses essais, il lance, cité par Télé 7 Jours :

Je connais bien la rue et je me sens plus proche des Groseille que des Le Quesnoy.

C’est son autonomie et son audace qui bluffent le réalisateur de La Vie est un fleuve tranquille, et qui lui permettent de décrocher le rôle de Momo. Et ce, alors que l’annonce comptait au moins 1600 candidatures ! 

Le réalisateur se souvient :

Il est venu de sa propre initiative et son autonomie m’a impressionné. On sentait déjà qu’il avait la graine d’un futur comédien.

Le jeune Benoît Magimel va ainsi vivre un été de tournage enchanté entre Hénin-Beaumont et Bapaume (dans le Pas-de-Calais). Cette expérience le pousse à arrêter ses études trois ans plus tard, pour pleinement épouser le métier d’artiste. On connaît la suite…