Européennes : la France insoumise progresse et appelle à l'union ...

La liste de la France Insoumise (LFI), menée par Manon Aubry, a récolté 8,6% des voix aux élections européennes du dimanche (9 juin), d’après les premiers résultats officiels. Un score qui devrait permettre aux Insoumis d’envoyer neuf députés au Parlement européen.

8,6% des voix en 2024, contre 6,31% en 2019. De quoi réjouir les militants et députés Insoumis rassemblés pour la soirée électorale à la Rotonde de Stalingrad, dans le XIXème arrondissement de Paris.

« On est super contents. On espérait faire mieux qu’en 2019, et c’est réussi », explique à Euractiv l’eurodéputée Leïla Chaibi.  

Les Insoumis arrivent en quatrième position, derrière le Rassemblement national (32,3%), la liste de la majorité présidentielle Besoin d’Europe (15,4%) et la liste PS-Place publique (14,2%).  

Sur scène, la tête de liste Manon Aubry, acclamée par une centaine de militants, souligne la « défaite et la déroute cinglante du macronisme ». 

« Leur score historiquement faible sanctionne une politique injuste et autoritaires », scande-t-elle, entourée de ses désormais futurs collègues : les députés sortants Damien Carême et Leïla Chaibi, et les nouveaux arrivants Arash Saeidi, Anthony Smith et Rima Hassan.  

« Il est évident que le pays veut tourner la page de l’ère Macron », ajoute la tête de liste, avertissant cependant que « cette page ne doit pas se tourner avec le Rassemblement national ».  

Face au score historique de Jordan Bardella, Manon Aubry pointe du doigt la responsabilité des autres listes de gauche – Verts et PS – qui ont refusé de faire liste commune sur le modèle de l’Union populaire (NUPES) de l’élection présidentielle de 2022.  

« Ils ont effacé l’acquis de 2022 et laissé le champ libre à l’extrême droite », a-t-elle fustigé. 

Gaza et le vote des quartiers populaires  

La stratégie de Jean-Luc Mélenchon d’axer la campagne sur la question palestinienne et sur le vote des jeunes semble avoir porté ses fruits.  

Ces derniers jours, la liste LFI a connu un rebond de dernière minute, atteignant les 8% d’intentions de vote, contre 6% au début de la campagne.  

« J’étais sur le terrain, dans les quartiers populaires ces derniers jours. On sentait qu’il y avait un engouement que l’on observe pas d’habitude pour une élection européenne », explique Leïla Chaibi.  

Samedi encore, à la veille du scrutin, une manifestation pour Gaza avait réuni des milliers de personnes à Paris. Etaient présents dans le cortège Manon Aubry, Jean-Luc Mélenchon et Rima Hassan.  

La juriste et militante propalestinienne, née dans un camp de réfugiés palestiniens en Syrie et naturalisée française en 2010, a largement été applaudie par les manifestants. 

« La Palestine est un sujet européen », a martélé l’eurodéputée fraîchement élue, à l’annonce des résultats, se félicitant d’avoir « gagné cette bataille » et promettant de continuer la lutte au Parlement européen, dès la première plénière de juillet.

Quelques minutes après le discours de Manon Aubry, Emmanuel Macron annonçait la dissolution de l’Assemblée nationale dans une allocution télévisée.

« Le président est complètement inconscient d’annoncer cela un soir où le RN est à 32% et Reconquête! à 6% », s’est insurgé l’eurodéputé Damien Carême auprès d’Euractiv. « Le risque, c’est que l’on assiste à une alliance entre le Rassemblement national et les Républicains, une alliance qui pourrait faire majorité dans le pays ». 

Le leader des Insoumis, Jean-Luc Mélenchon, s’est au contraire réjoui de l’annonce du président.

« Il faut bien admettre qu’il a eu raison de dissoudre. Pourquoi ? Parce qu’il n’a plus aucune légitimité pour continuer la politique qui est la sienne », a-t-il déclaré aux militants.

Avant de conclure : « Quoiqu’il arrive, quel qu’en soit le résultat, il n’existe à notre disposition aucun autre moyen sérieux et immédiat de tout changer que d’utiliser les bulletins de vote ».