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Mort de Kris Kristofferson, immense songwriter et hors-la-loi de la ...

Mort de Kris Kristofferson immense songwriter et horslaloi de la
Il aurait pu enseigner la littérature anglaise, mais choisit la voie des studios de Nashville. Ami de Bob Dylan, Johnny Cash et Janis Joplin, Kris Kristofferson brillait aussi au cinéma dans “La Porte du paradis” ou “Pat Garrett et Billy le Kid”

Il aurait pu enseigner la littérature anglaise, mais choisit la voie des studios de Nashville. Ami de Bob Dylan, Johnny Cash et Janis Joplin, Kris Kristofferson brillait aussi au cinéma dans “La Porte du paradis” ou “Pat Garrett et Billy le Kid”. Il est mort à 88 ans.

Kris Kristofferson en 1970. Photo Michael Ochs Archives/Getty Images

Par Eric Delhaye

Publié le 30 septembre 2024 à 09h05

Mis à jour le 30 septembre 2024 à 10h14

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En 1941, une voiture roule dans Brownsville, Texas. La radio crache la country de Gene Autry, le « cow-boy chantant favori de l’Amérique », qui est aussi acteur dans des westerns populaires. « Cette musique est horrible », tranche le conducteur. Son épouse approuve. Tout le contraire de leur enfant de 5 ans, assis sur la banquette arrière, qui en veut encore : il adore ! Racontée quelques décennies plus tard dans une interview, la scène marque la première émancipation de Kris Kristofferson qui, devenu grand, se défera des codes de la musique country.

Kris Kristofferson, mort le 28 septembre à l’âge de 88 ans, fut un héros américain, charismatique et doué en tout. Pilote d’hélicoptère durant son service militaire, il aurait pu faire carrière dans l’US Air Force, comme son général de père ; ou choisir le sport de haut niveau, puisqu’il excellait à la boxe, au rugby et au football américain pendant ses années d’étudiant ; ou encore enseigner la littérature anglaise après qu’un brillant cursus le mena jusqu’aux amphis d’Oxford. Au lieu de quoi, en 1965, quinze jours avant son intronisation comme professeur dans une académie militaire prestigieuse, et alors que le Vietnam s’embrasait, il choisit de s’installer à Nashville, épicentre de la nation country. Ses parents le renièrent. « Ma famille croyait que j’avais perdu la tête », racontera-t-il. Kris Kristofferson aimait citer son écrivain préféré, William Blake : « Si le fou persistait dans sa folie, il deviendrait sage. » Mais le jeune homme était sain de corps et d’esprit. Simplement, il écrivait des chansons depuis ses 19 ans et il voulait que cela se sache.

Acteur avec Bob Dylan

Vivant de petits boulots plutôt que de sa musique, Kristofferson était le concierge des studios Columbia, à Nashville, quand Bob Dylan y enregistra son album Blonde on Blonde. Les deux hommes se voueront une admiration mutuelle, croiseront leurs répertoires et joueront dans le même film, Pat Garrett et Billy le Kid (1973), de Sam Peckinpah. « Dylan est probablement mon plus grand héros comme artiste, songwriter et chanteur », jurait Kristofferson, qui a aussi affirmé plus ou moins la même chose à propos de Hank Williams et Johnny Cash. Du premier, génie damné de la country mort en 1953, à 29 ans, KK disait qu’il « mettait son cœur et son âme dans chaque mot ». Échouant à attirer l’attention du second en studio chez Columbia, il atterrit en hélicoptère dans son jardin pour lui donner une démo de ses chansons… Dylan comme Cash disaient qu’il y eut, pour Nashville et la country, un avant et un après-Kris Kristofferson.

Il avait lu, étudié, voyagé. Rompant avec la country d’extraction rurale, ses textes poétiques et lettrés exploraient les thématiques de la scène folk – pacifisme, liberté, sexualité et tourments intimes. Mais d’autres que lui en bénéficièrent, au tournant des années 1960-1970. Ainsi, Johnny Cash fit un tube de Sunday Mornin’ Comin’ Down, grâce auquel Kris Kristofferson fut désigné « songwriter de l’année » lors des Country Music Association Awards. Quant à Janis Joplin, elle connut un triomphe posthume avec Me and Bobby McGee, enregistré juste avant sa mort. Sorti au même moment, le premier album du bonhomme, Kristofferson (1970), où il interprète pourtant ces deux partitions magistrales, s’est peu vendu. « Tous ceux qui ont interprété mes chansons l’ont fait mieux que moi, racontera-t-il à la radio NPR. Que Janis reprenne Me and Bobby McGee m’a profondément ému. Je l’ai connue peu de temps mais nous étions proches. La première fois que j’ai entendu sa version, elle venait de mourir. Et ça m’a époustouflé. »

Son deuxième album, The Silver Tongued Devil and I, sur lequel figure le single Lovin’ Her Was Easier (Than Anything I’ll Ever Do Again), fut le pic commercial d’une décennie en dents de scie. Encore une fois, son répertoire eut plus de succès dans la voix d’un autre, Willie Nelson, qui lui consacra un album plein en 1979. Nelson et Kristofferson, ainsi que Cash et Waylon Jennings, étaient les plus connus des outlaws, des hors-la-loi qui braquèrent le business de Nashville en affirmant leur autonomie artistique et commerciale. De 1985 à 1995, les quatre stars formèrent même un supergroupe, The Highwaymen, auteur de trois albums majeurs. Kristofferson était une icône de la contre-culture et son public, souvent étranger au milieu country, suivait aussi sa carrière d’acteur dans des films comme Alice n’est plus ici (1974), de Martin Scorsese, A Star is Born (1976), de Frank Pierson, avec Barbra Streisand, ou encore le bide historique de Hollywood que fut La Porte du paradis (1980), de Michael Cimino.

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“La Porte du paradis”, grandiose et intimiste

Au fil du temps, Kris Kristofferson a acquis une estime rejaillissant sur la country elle-même. Pour mesurer sa dimension, il faut se souvenir d’un anniversaire de Bob Dylan, au Madison Square Garden, en 1992. Invitée à s’y produire, Sinéad O’Connor est huée par la salle parce qu’elle vient de déchirer une photo de Jean-Paul II à la télévision américaine pour protester contre les abus sexuels au sein de l’Église. Kristofferson monte alors sur scène pour lui dire à l’oreille : « Ne te laisse pas abattre par ces salauds. — Je ne suis pas abattue », répond-elle, avant d’entonner a cappella War, de Bob Marley. Il a raconté cet épisode dans Sister Sinéad, chanson de son vingtième album studio, Closer to the Bone, en 2009. Deux autres ont suivi, avant extinction des feux. De notoriété, Kris Kristofferson souhaitait que l’introduction de Bird on the Wire, de Leonard Cohen, forme son épitaphe : « Like a bird on the wire / Like a drunk on a midnight choir / I have tried in my way to be free. » («… J’ai essayé à ma façon d’être libre »)…

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