« Kompromat » : le récit d'une évasion où les clichés volent bas
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Librement inspiré de l’affaire Yoann Barbereau, rocambolesque évasion d’un fonctionnaire français hors de Russie alors qu’il est incarcéré pour des actes pédocriminels, Kompromat (en russe, dossier monté de toutes pièces destiné à discréditer un adversaire de l’Etat) est un film de traque dont Gilles Lellouche est le gibier. Sous la direction de Jérôme Salle (dont ce nouveau film peut faire penser à quelques égards à Anthony Zimmer, réalisé en 2005), l’acteur interprète Mathieu Roussel, directeur de l’Alliance française d’Irkoutsk. Marié, père d’une petite fille, l’homme traverse une phase plus que délicate dans son couple, et ce n’est pas son travail qui va lui servir de dérivatif.
Car Mathieu Roussel, sans qu’on en comprenne jamais la raison exacte, va commettre quelques imprudences qui lui vaudront l’inimitié des services russes. Serait-ce ce spectacle donné à l’Institut français, dans lequel deux hommes se caressent sur scène et dont le principal mécène, humilié par cette « débauche », est un Russe bien introduit au FSB (les services russes de sécurité) ? Serait-ce la relation de séduction qui s’installe entre lui et la jolie femme blonde d’un informateur, lui-même fils d’un hiérarque desdits services ? En tout état de cause, un beau matin, l’apocalypse lui tombe sur la tête.
Chasse à l’hommeArrêté pour pédophilie, emprisonné avec des brutes qui veulent lui faire la peau, défendu par un avocat qui lui laisse entrevoir le pire dans un verdict à venir connu d’avance, quitté par sa femme qui témoigne contre lui, Roussel, bientôt assigné à résidence, ne trouve aide et réconfort, voire plus, car affinités, que dans l’aide clandestine que lui fournit l’épouse de l’informateur, par ailleurs professeure de français. Un projet d’évasion par les pays baltes est ainsi monté, et, conséquemment, une chasse à l’homme s’ensuit dont les péripéties forment la trame principale du film.
Il y apparaît que le recours au romanesque ne réussit point ici à Jérôme Salle. Les clichés y volent très bas, depuis la bestialité primitive des Russes jusqu’à la lâcheté de l’ambassade de France, en passant par le coup de foudre qui tombe du ciel ou la transformation d’un fonctionnaire français en combattant capable de mettre hors d’état de nuire un membre des unités d’élite russes mesurant deux fois sa taille et chargé de l’éliminer. Tout le monde aime la magie du cinéma, encore faut-il savoir ne pas trop lui demander.