Kevin Rolland, le sur-saut d'un porte-drapeau
Le portrait
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«Sur mon lit d’hôpital, un médecin me dit : “Monsieur, il va falloir penser à faire autre chose que du ski maintenant.” J’entends encore sa voix, c’est l’un des seuls souvenirs nets que j’ai de cette période où j’étais dans le brouillard.» Depuis sa belle maison à la vue imprenable sur le lac d’Annecy, à Veyrier-du-Lac (Haute-Savoie), Kevin Rolland jubile, deux ans et demi après l’accident de ski qui a failli lui coûter la vie et à quelques jours de s’envoler pour Pékin où il participera, à 32 ans, à ses troisièmes Jeux olympiques d’hiver : «Aujourd’hui, non seulement je vais aux Jeux mais en plus je suis le porte-drapeau de la délégation française. Forcément, c’est une revanche de vie…»
En avril 2019, dans la station de La Pagne où il a grandi, le skieur acrobatique s’écrase sur la neige après une chute de plus de dix mètres, en tentant de battre le record du monde de hauteur sur un quaterpipe de neige géant. Traumatisme crânien avec hémorragie, bassin brisé, poumons atteints par de multiples côtes brisées : son pronostic vital est engagé. Trois jours de coma plus tard, il se réveille pourtant, au CHU de Grenoble. Pendant dix jours, il reste dans un état de grande confusion : «On ne savait pas s’il retrouverait toutes ses capacités physiques et mentales,…