PORTRAIT. Qui est Karim Bouamrane, dont le nom est cité pour être ...
Il pourrait être la surprise du chef, le nom que personne n’a vu venir. Karim Bouamrane, maire socialiste de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), sera-t-il le nouveau Premier ministre ?
À la veille du début des discussions entre Emmanuel Macron et les différences forces politiques, en vue de former un gouvernement six semaines après le second tour des législatives, l’homme de 51 ans est présenté comme un possible recours pour Matignon.
« Je suis socialiste, j’ai soutenu le Nouveau Front populaire (NFP) et donc je soutiens Lucie Castets », laquelle « doit être nommée Première ministre », a prévenu l’édile dans une interview à La Voix du Nord . « Il n’y a pas de sujet. Je n’ai aucune ambition personnelle et l’Élysée ne m’a rien proposé », a-t-il ajouté.
« Né avec du caractère et de l’assurance »
Inconnu du grand public, Karim Bouamrane a pourtant le vent en poupe, encore plus avec les Jeux olympiques qui ont placé sa ville sur la carte du monde avec la présence du village des athlètes. La presse internationale l’a bien compris en braquant ses projecteurs sur ce fils d’un immigré marocain devenu maçon.
Dès le mois d’avril, le prestigieux New York Times lui consacrait un portrait, saluant depuis son élection en 2020 « la transformation rapide » de Saint-Ouen, une commune longtemps en difficulté. Dans cet article, l’un de ses amis, l’acteur Ahcen Goulmane, décrit un homme « né avec du caractère et de l’assurance ». Un maire hyperactif aussi, à en croire le quotidien américain.
La comparaison avec Obama
« Il commence ses récits en anglais, passe au français et se lance soudain dans un portugais passionné – la dernière langue qu’il apprend, sa cinquième. Il pimente ses paragraphes haletants de citations de Marx, Platon, Sartre, Spike Lee et Pink Floyd. Il reprend le refrain de Glory Days de Bruce Springsteen, puis se met à chanter A Question of Time de Depeche Mode », peut-on lire.
Début août, alors que les Jeux olympiques battent leur plein, Die Welt , l’un des plus grands quotidiens allemands, fait de lui « le grand vainqueur de ces Jeux olympiques, le médaillé d’or politique ». Le quotidien s’autorise même une comparaison avec un ancien président : Karim Bouamrane serait le « Obama de la Seine ».
L’élu de terrain, qui a commencé très tôt la politique, en s’engageant au Parti communiste français avant de rejoindre le Parti socialiste, a été le porte-parole du parti, alors dirigé par Jean-Christophe Cambadélis, en 2016.
Borloo, Pigasse, Beaune, Gantzer…
D’après le journal Le Monde , le maire « dispose de solides appuis, de l’ancien ministre de la Ville Jean-Louis Borloo, qui – en privé – le voit aller jusqu’à l’Élysée, au banquier Matthieu Pigasse, qui vante son sens du “compromis” ». Ses relations seraient aussi « excellentes » avec Clément Beaune, ancien ministre macroniste. Pour Gaspard Gantzer enfin, ancien conseiller du président François Hollande, le politicien a « clairement le profil pour l’Élysée », a-t-il écrit le 3 août sur le réseau social X.
Trouver « un compromis global » pour « éviter l’instabilité institutionnelle », c’est le message martelé par l’édile dans son interview à La Voix du Nord. Si Karim Bouamrane assure que le NFP « doit prendre le leadership » et que les propositions de la gauche « doivent être prioritaires », le maire estime que « le futur gouvernement doit être représentatif du poids de chacune des formations républicaines ».
Une divergence forte avec La France insoumise qui ne veut « pas d’un gouvernement d’union nationale », comme l’a rappelé mercredi la cheffe de file des députés LFI, Mathilde Panot.
Il a travaillé dans la Silicon Valley
Dans un article du Figaro , publié le 17 août, Karim Bouamrane, dépeint comme « le visage d’une autre gauche », s’en prend encore plus directement au parti de Jean-Luc Mélenchon. « Cette gauche n’était pas là quand on avait 7 000 francs par mois pour vivre, quand mon père a connu le chômage, quand nous vivions dans un logement insalubre. Je m’interroge vraiment sur la sincérité de leur combat », dénonce-t-il.
« Ils sont souvent des enfants d’aristocrates ou de bourgeois qui veulent tuer le père et se chargent de distribuer les bons ou les mauvais points de gauche. Je suis surtout très inquiet de voir comment leur capacité à communautariser le pays au travers du prisme ethnico-religieux fragilise le ciment républicain », ajoute ce chef d’entreprise spécialisé dans la cybersécurité, qui a également travaillé dans la Silicon Valley, aux États-Unis.