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Pékin 2022 : Autour de la patineuse Kamila Valieva, l’ombre du dopage et d'une coach controversée

Pékin 2022  Autour de la patineuse Kamila Valieva lombre du dopage et dune coach controversée
La nouvelle star du patinage artistique mondial, Kamila Valieva, est soupçonnée de dopage alors qu’elle a remporté l’or avec l’équipe russe.

La nouvelle star du patinage artistique mondial, Kamila Valieva, est soupçonnée de dopage alors qu’elle a remporté l’or avec l’équipe russe.

En début de semaine, elle a ébloui le monde entier en devenant la première femme à effectuer un quadruple saut aux Jeux Olympiques. La jeune patineuse russe Kamila Valieva, âgée de 15 ans, a remporté avec ses partenaires l’épreuve par équipe. De quoi faire de cette adolescente la nouvelle superstar de la discipline. Mais les compères russes n’ont toujours pas pu récupérer leur médaille. La faute à un contrôle antidopage qui se serait révélé positif. Dans un premier temps, le CIO a affirmé que le report du podium était dû à un problème «juridique», sans entrer dans les détails. Il a été ajouté que toute sorte d’implication était «pure spéculation».

Mais rapidement, l’ombre du dopage est venue planer sur cette décision. Des médias russes repris notamment par AP ou Reuters affirment que Kamila Valieva aurait été contrôlée positive avant les JO, à la suite d’un test réalisé en décembre. Des traces de trimetazidine, normalement utilisé pour soigner les angines de poitrine, auraient été découvertes dans ses analyses. Le médicament a été interdit en 2014 l'Agence mondiale antidopage, parce qu’il aurait pour but d’améliorer la circulation sanguine. Plusieurs sportifs ont été positifs à ce produit ces dernières années. Mais pour l’heure, l'International Testing Agency (ITA), qui effectue les tests lors des JO, se refuse à tout commentaire. «L'ITA est consciente des différents articles qui circulent concernant le report de la cérémonie de remise des médailles (…). Toute annonce liée à ces événements serait toujours publiée sur le site Internet de l'ITA et ne ferait l'objet d'aucun autre commentaire. Aucune annonce de ce type n'a été publiée à ce stade», a-t-elle fait savoir. La situation, complexe, est accentuée par le fait que la jeune patineuse est encore mineure et donc protégée selon le code de l'agence mondiale antidopage. Son nom n’aurait ainsi pas dû être rendu public.

D'anciennes championnes retraitées à 20 ans

Mais la tension est forte autour de cette affaire, notamment depuis que la Russie a été bannie des Jeux Olympiques après le vaste scandale de dopage révélé suite aux Jeux de Sotchi . Les athlètes évoluent désormais sous bannière neutre, ROC. Alors qu’elle doit participer dans quelques jours à l’épreuve individuelle de patinage artistique, Kamila Valieva est donc au cœur de nombreuses questions.

Et c’est surtout le rôle de sa coach, la célèbre Eteri Tutberidze, qui alimente les débats. Celle-ci compte parmi ses élèves les patineuses les plus titrées de Russie : Yulia Lipnitskaïa, championne olympique par équipe en 2014, Alina Zagitova, championne olympique en 2018, Evgenia Medvedeva, vice-championne olympique en 2018... Toutes ont commencé très jeunes, sous les ordres de l’entraîneure aux méthodes controversées. Alors qu’elle est souvent saluée pour ses incroyables résultats, elle est également régulièrement pointée du doigt pour les abus qu’elle ferait subir à ses patineuses, qu’elle prend dès le plus jeune âge afin de mieux les contrôler, estimant qu’une fois plus âgées et leur puberté terminée, elles ont moins de chances de gagner. La pression qu’elle leur mettrait, les forçant à suivre un régime drastique, est notamment dénoncée par d’anciennes patineuses qui souffrent aujourd’hui de troubles alimentaires.

C’est le cas de Yulia Lipnitskaïa, qui en 2017 a pris sa retraite à seulement 19 ans, annonçant souffrir d’anorexie . Elle avait expliqué avoir l’impression de grossir «rien qu’en respirant de l’air». A l’époque où elle l’entraînait, Eteri Tutberidze avait indiqué que sa championne, pendant la saison d'entraînement, s'appuyait souvent entièrement sur un régime de «nutriments en poudre». Evgenia Medvedeva, qui a de son côté pris sa retraite en 2021 à 22 ans, a elle aussi expliqué, en 2019 à un média sportif russe , avoir passé une partie de sa vie «à moitié affamée» à «contrôler tout ce qu’(elle) mangeait». Elle affirmait que «son corps doit être comme une machine». Quant à Alina Zagitova, elle expliquait en 2019 au site des Jeux Olympiques que pour espérer effectuer un quadruple saut – comme celui réalisé par Kamila Valieva cette semaine – elle devait «perdre du poids, environ 3 kilos, pour éviter les risques de blessure». «Je ne contrôle pas leur régime, je les pèse. Même pas moi personnellement, je leur demande juste de m'envoyer leurs résultats», avait répondu Eteri Tutberidze auprès de Sports.ru ..

Mais en plus de la question du poids, la coach serait également adepte de séances d'entraînement très dures, qu’importent les douleurs et les blessures. «Jour après jour, du matin au soir, vous faites la même chose. Il n'y a pas de "je suis fatiguée, je ne peux pas". Si vous êtes fatigué ou blessé, vous allez quand même sur la glace et travaillez. Même si vous avez deux orteils cassés, vous faites la même chose cent fois par jour. Deux cents fois, si nécessaire», a commenté l’une de ses anciennes élèves, Polina Shuboderova, auprès de «Sport-Express ».

Un médecin lui aussi controversé ?

Sa méthode n'est cependant pas contestée par tout le monde. La patineuse médaillée d’argent en couple, en Corée du Sud, Ekaterina Bobrova (qui n’a pas été élève d’Eteri Tutberidze), a reconnu en mars 2021 dans «Sobesednik » que la coach pouvait «humilier un athlète, mais elle le fait pour leur bien, selon elle». «Aux Etats-Unis, si vous touchez la jambe d'un athlète, vous pouvez finir emprisonné. J'ai aussi été battue étant enfant, j'avais peur de venir aux entraînements. Cela m'a aidé à réaliser ce que j'ai réalisé. Quelles que soient les méthodes utilisées par Tutberidze, que cela vous plaise ou non, l'essentiel est qu'elles fonctionnent». Un avis que semble partager la Russie qui lui rend régulièrement honneur, la nommant notamment «entraîneure de l’année en 2017».

Quant à de possibles soupçons de dopage, Eteri Tutberidze n’a jamais été inquiétée. La seule polémique à ce sujet a été lancée en 2019 par sa jeune élève Anastasiia Shabotova, âgée de 13 ans. Dans une vidéo sur Instagram filmée en direct, elle avait expliqué que les patineurs de cette école se dopaient et que la recette du succès était «la bonne façon de le faire». Face au tollé, elle avait rapidement expliqué avoir été mal interprétée, sa mère volant à son secours pour préciser que sa fille n’avait pas compris les questions qui lui avaient été posées. Possédant la double nationalité, elle avait ensuite demandé à changer de drapeau et à représenter l’Ukraine, le pays de sa mère, une requête acceptée par la Fédération russe.

Cependant, face aux soupçons entourant Kamila Valieva, plusieurs médias rappellent que le médecin de l’équipe russe de patinage, présent à Pékin, est Filipp Shvetsky, qui a déjà été suspendu pour dopage dans le passé, de 2007 à 2010. C’est lui qui s’occupait notamment d’Ekaterina Bobrova lorsque celle-ci a été testée positive au meldonium en 2016. D’abord suspendue, l'Union internationale de patinage (USI) avait finalement levée cette peine face aux «incertitudes liées à la présence de moins d'un microgramme dans les échantillons». «Aussi triste qu'il soit de le constater, il y a déjà une tache assez sérieuse sur la réputation professionnelle de ce spécialiste: un an avant les Jeux olympiques de Pékin (de 2008), il a travaillé avec l'équipe nationale d'aviron et ses actions ont conduit au fait que six rameurs de l'équipe russe ont été disqualifiés pour perfusion intraveineuse non autorisée», a déploré Ekaterina Bobrova, auprès de «Sport Express » en 2016, à la suite de son résultat positif. Et de se demander : «Comment des spécialistes dont le professionnalisme n'a jamais été remis en cause peuvent-ils rester dans une industrie aussi importante pour le pays que le sport professionnel ?»

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