Kamel Daoud, prix Goncourt 2024, remercie la France, "un pays qui ...
L'écrivain franco-algérien a reçu le prix Goncourt ce lundi pour Houris. Un roman sur le destin d'Aube, jeune femme muette depuis qu'un islamiste lui a tranché la gorge le 31 décembre 1999.
Le Franco-Algérien Kamel Daoud, lauréat lundi du prix Goncourt pour son roman Houris sur la "décennie noire" en Algérie, a rendu hommage à la France, "un pays qui protège les écrivains" et lui "donne la liberté d'écrire".
"Je sais qu'on aime faire du 'french bashing' mais pour moi, ce pays-là, c'est un pays d'accueil pour les écrivains, pour les écritures et tout cela qui vient d'ailleurs", a-t-il déclaré depuis le salon Goncourt à Paris.
"On a toujours besoin de trois choses pour écrire: une table, une chaise et un pays. J'ai les trois", a-t-il ajouté.
"Je suis très heureux, c'est cliché, mais il n'y a pas d'autres mots", a-t-il encore déclaré. "(Ce prix) a une signification pour mes parents. Pour mes éditeurs. Pour ce pays qui m'accueille. C'est quelque chose de formidable qui arrive."
Choisi au premier titre
Sur X, l'écrivain a rendu hommage à ses parents: "C’est votre rêve, payé par vos années de vie. À mon père décédé. À ma mère encore vivante, mais qui ne se souvient plus de rien. Aucun mot n'existe pour dire le vrai merci."
Kamel Daoud a été choisi par le jury au premier tour, récoltant six voix, contre deux pour Hélène Gaudy, une pour Gaël Faye, lauréat du Renaudot, et une pour Sandrine Collette, a annoncé le président de l'Académie Goncourt, l'écrivain Philippe Claudel.
"L'Académie Goncourt couronne un livre où le lyrisme le dispute au tragique, et qui donne voix aux souffrances liées à une période noire de l'Algérie, celle des femmes en particulier", a salué Philippe Claudel.
"Ce roman montre combien la littérature, dans sa haute liberté d'auscultation du réel, sa densité émotionnelle, trace aux côtés du récit historique d'un peuple, un autre chemin de mémoire", a-t-il encore déclaré.
Ne peut être édité en Algérie
Houris, qui désigne dans la foi musulmane les jeunes filles promises au paradis, est un roman sombre sur le destin d'Aube, jeune femme muette depuis qu'un islamiste lui a tranché la gorge le 31 décembre 1999.
Choisissant comme narratrice une femme, Kamel Daoud situe l'intrigue d'abord à Oran, la ville où il a été journaliste lors de la "décennie noire", puis dans le désert algérien, où Aube part retrouver son village.
C'est le troisième roman de Kamel Daoud. Il avait déjà obtenu le prix Landerneau des lecteurs, en octobre, et ne peut être édité en Algérie, où il tombe sous le coup de la loi qui interdit tout ouvrage évoquant la guerre civile de 1992-2002.