César 2024 : Judith Godrèche au cinéma français : « Je parle et je ...
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Il était difficile d’éviter le sujet. Alors que le cinéma français est ébranlé depuis plusieurs semaines par les déclarations de plusieurs actrices accusant des réalisateurs de viols et d’agressions sexuelles, la 49e cérémonie des César qui s’est déroulée hier soir à l’Olympia a souhaité s’en faire l’écho en donnant la parole à Judith Godrèche, ovationnée debout par la salle.
Face à toute la profession réunie, « les yeux dans les yeux », l’actrice qui a récemment porté plainte contre Benoît Jacquot et Jacques Doillon, a dénoncé « l’impunité, le déni, et le privilège » qui règne dans ce milieu au détriment de « la morale ». « Le pouvoir semble presque tanguer. Serait-il possible que nous puissions regarder la vérité en face, prendre nos responsabilités, être les acteurs, les actrices d’un univers qui se remet en question ? Depuis quelque temps, je parle, je parle, mais je ne vous entends pas. Ou à peine. Où êtes-vous ? Que dites-vous ? » a-t-elle interpellé la salle, espérant être « à l’aube d’un jour nouveau ».
Justine Triet a dédié son prix « à toutes les femmes »
La cérémonie s’était ouverte quelques minutes auparavant dans un climat tendu tant les prises de parole sur cette question étaient attendues. Auparavant, une centaine de personnes avaient manifesté devant l’Olympia à l’appel de la CGT spectacles et du collectif 50/50 pour soutenir la parole des victimes. De son côté, la ministre de la culture, Rachida Dati, avait déploré le matin même dans un entretien au Film français, « unaveuglement collectif » qui a duré « des années », appelant à une « remise en question profonde » du cinéma.
Comme un symbole des changements à l’œuvre dans la profession, c’est une femme, Justine Triet, qui a dominé sans surprise la cérémonie. Anatomie d’une chute, Palme d’or du dernier Festival de Cannes, a remporté six César dont celui du meilleur film et de la meilleure réalisation. Deuxième femme seulement à décrocher ce trophée après Tonie Marshall, la réalisatrice l’a dédié « à toutes les femmes, celles qui réussissent et celles qui ratent, celles qu’on a blessées et qui se libèrent en parlant, et celles qui n’y arrivent pas ». Son film a également remporté les César de la meilleure actrice pour Sandra Hüller, du meilleur acteur dans un second rôle pour Swann Arlaud, du meilleur scénario original et du meilleur montage.
Une assistance tétanisée
Seul Le règne animal de Thomas Cailley, avec cinq César, a plutôt bien résisté à cette déferlante, le palmarès parvenant par ailleurs à saupoudrer ses récompenses entre les nombreuses réussites de l’année. Le procès Goldman de Cédric Kahn a été récompensé à travers la remarquable prestation de l’acteur franco-belge Arieh Worthalter, Chien de la casse avec le César du premier film et de la révélation masculine pour Raphaël Quenard, L’amour et les forêts, de Valérie Donzelli pour la meilleure adaptation et Je verrai toujours vos visages de Jeanne Herry pour la meilleure actrice dans un second rôle : Adèle Exarchopoulos.
Devant une assistance qui semblait tétanisée par l’enjeu de la soirée, la cérémonie dédiée à l’actrice Micheline Presle qui vient de disparaître à l’âge de 101 ans, a joué l’extrême sobriété et c’est tant mieux. La litanie des remises de récompenses, qui semblaient cette année bien dérisoires, a tout juste été rompue par le César d’honneur remis au réalisateur Christopher Nolan et l’émouvant hommage rendu par Jamel Debbouze à Agnès Jaoui.
Les principales récompenses :
Meilleur film
Anatomie d’une chute, de Justine Triet
Meilleure réalisation :
Justine Triet pour Anatomie d’une chute
Meilleure actrice :
Sandra Hüller dans Anatomie d’une chute
Meilleur acteur :
Arieh Worthalter dans Le procès Goldman
Meilleure actrice dans un second rôle :
Adèle Exarchopoulos dans Je verrai toujours vos visages
Meilleur acteur dans un second rôle :
Swann Arlaud dans Anatomie d’une chute
Meilleure révélation féminine :
Ella Rumpf dans Le théorème de Marguerite
Meilleure révélation masculine :
Raphaël Quenard dans Chien de la casse
Meilleur premier film :
Chien de la casse de Jean-Baptiste Durand
Meilleur film d’animation :
Linda veut du poulet de Chiara Malta et Sébastien Laudenbach
Meilleur film documentaire :
Les filles d’Olfa, de Kaouther Ben Hania
Meilleur film étranger :
Simple comme Sylvain, de Monia Chokri