Journées du patrimoine 2024 : qui a sauvé le pont transbordeur de ...
Le 18 septembre 1994, quand le ministre de la Culture de l’époque, Jacques Toubon, inaugure en grande pompe la nacelle du pont métallique du Martrou qui permet de relier les deux rives de la Charente, entre Rochefort et d’Échillais, sans gêner la navigation des cargos qui desservent le port de commerce de Rochefort et celui de Tonnay-Charente, un nom brille par son absence dans les discours officiels : celui de Jacques Lamare (1925-2000).
La fabuleuse histoire du pont transbordeur de Rochefort en images
PORTFOLIO – Il y a 30 ans, le 18 septembre 1994, l’ex ministre de la Culture Jacques Toublon, inaugurait la nacelle du pont transbordeur du Martrou, rouvert au public après une première rénovation. L’occasion de (re) découvrir cet ouvrage d’art de Charente-Maritime inauguré le le 29 juillet 1900 et classé aux monuments historiques le 30 avril 1976
Pourtant, comme rappelait notre journaliste David Briand dans un article paru sur notre site le 27 juillet 2019, sans l’engagement de ce journaliste et écrivain, le sort de cet ouvrage d’art ingénieux, œuvre de l’ingénieur et constructeur Ferdinand Arnodin, inauguré en 1900 pour remplacer le bac rendu insuffisant par la hausse du trafic, aurait rejoint celui de ses homologues de Nantes, Rouen, Brest et Marseille, tous démolis au milieu du XXe siècle.
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La grande bataille du pont du Martrou
Suite à la construction, en 1967, d’un nouveau pont à tablier levant situé en aval, un budget de 1,4 million de francs a été alloué en 1975 pour sa démolition. Dans l’article paru en mars 1976, « Le pont transbordeur est au pays charentais ce que la tour d’Eiffel est à Paris », l’écrivain qui milite pour sa sauvegarde, interroge l’État sur son avenir. Deux mois plus tard, le directeur régional des affaires culturelles lui répond dans « Sud Ouest » : son classement comme monument historique, le 30 avril 1976, le protège d’une destruction.
Mais le pont, vétuste, n’est pas encore tiré d’affaire. Le 26 janvier 1977, un article du journal met le feu aux poudres : la nouvelle secrétaire d’État à la Culture, Françoise Giroud (1016-2003), aurait ordonné sa démolition ! La Charente-Maritime se mobilise, une pétition est lancée. Finalement, entre 1980 et 1994, le pont est réhabilité, grâce à des financements de l’Europe.
Sa seconde restauration, entamée en 1996, s’achève en 2020 : le plus beau des cadeaux d’anniversaire pour fêter les 120 ans de l’ouvrage d’art et sa réouverture au public, après cinq ans de fermeture.
Le pont levant, quant à lui, a été remplacé en 1991 par un troisième pont, le viaduc routier de Martrou (ou viaduc de l’estuaire de la Charente), avant d’être détruit en 2004. Il n’en reste aujourd’hui que la base des quatre piles en béton armé.