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Brian Bouillon-Baker : "Joséphine Baker était une mère très protectrice"

Brian BouillonBaker  Joséphine Baker était une mère très protectrice
Avant l'entrée au Panthéon de l'artiste résistante et combattante, l’un de ses douze enfants évoque ses souvenirs dans le livre "Joséphine Baker l’universelle" (éditions du Rocher). 

Avant l'entrée au Panthéon de l'artiste résistante et combattante, l’un de ses douze enfants évoque ses souvenirs dans le livre "Joséphine Baker l’universelle" (éditions du Rocher). 

Comment vivez-vous cette panthéonisation ?

Ma mère n’aurait jamais imaginé un tel honneur ! La campagne Osez Joséphine lancée à Pâques par des personnalités a été fulgurante. Sollicitée ma famille s’y est aussitôt associée. J’ai été désigné pour la représenter lors des réunions à l’Élysée où tout est allé très vite car le président Macron avait pris les devants.

On découvre une face moins connue de votre mère : son engagement pendant la guerre.

Dès la montée des nationalismes, elle s’engage à la Licra contre le racisme et l’antisémitisme. Pendant la drôle de guerre, très populaire, elle chante pour les soldats de la ligne Maginot. Sous l’Occupation, elle cache dans son château du Périgord la famille juive d’un mari dont elle avait divorcé. Elle aide les résistants car elle possède un poste de TSF, et devient surtout agent de liaison des renseignements. Avec son supérieur hiérarchique, le capitaine Abtey, qu’elle présente comme son secrétaire, ils traversent les frontières, vont en Italie d’où ils passent des messages cryptés. Ils jouent ensuite les VRP de la France Libre en Afrique du Nord, de la Tunisie à l’Égypte. Ce n’était pas sans danger car l’armée allemande se trouvait en Libye. Ma mère finit la guerre comme sous-lieutenant dans les forces auxiliaires de l’Armée de l’Air. Elle avait une grande admiration pour De Gaulle. Et pour Martin Luther King : elle militait pour les droits civiques des Noirs aux États-Unis. Lors de la marche de Washington en 1961 elle a été invitée à prendre la parole. Elle portait sa tenue d’officier et toutes ses médailles.

Son engagement c’était aussi sa famille « arc-en-ciel », douze enfants adoptés sur divers continents.

Elle voulait une famille nombreuse car, marquée par une fausse couche, elle ne pouvait pas avoir d’enfant. En constituant cette famille aux origines si différentes, elle a démontré que son idéal de fraternité et de paix n’était pas une utopie. Notre enfance au château des Milandes a été merveilleuse, même si en voyage on regardait parfois notre « tribu » comme un objet de curiosité. Nous sommes en tout cas restés unis.

Ce n’était pas trop dur de partager à douze une maman ?

Elle nous faisait venir à tour de rôle sur ses genoux. Mais on vivait dans une belle dynamique collective. J’ai eu la chance de l’avoir pour moi tout seul lors de voyages au Maroc et en Algérie où elle m’avait adopté en 1957 dans un orphelinat après un gala à Alger. Tous les bébés dormaient sauf moi. Elle a craqué quand elle a vu que j’étais né un 3 juin comme elle. Mes parents avaient été tués dans des combats. J’avais six mois, je m’appelais Brahim, je suis devenu Brian, mais elle tenait à ce que chacun de nous garde des liens avec ses racines.

Jo Bouillon votre père était plutôt absent.

On le voyait peu car il était parti vivre à Buenos Aires. Mais à la mort de maman, il s’est vraiment occupé de nous, surtout des plus jeunes. La famille Bouillon était originaire de Pézenas et lui avait étudié la musique à Montpellier.

Comment était votre mère ?

Elle était très protectrice et rigoureuse côté éducation. Elle ne voulait pas d’une vie d’artiste pour ses enfants. Elle ne parlait jamais de son passé et coupait la télé quand on la voyait danser dans sa jeunesse. On ne l’a vu qu’une fois sur scène à la fin de sa vie. Et je suis le seul enfant à être devenu comédien ! Elle nous cachait ses grosses difficultés au moment de la faillite du domaine des Milandes. Maman n’était pas du tout gestionnaire, trop généreuse, et elle s’était fait arnaquer. On a découvert notre ruine à la télé en regardant un appel de soutien de Brigitte Bardot. Heureusement qu’on a pu s’installer ensuite à Monaco grâce à l’amitié de maman avec la Princesse Grace. 

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