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Biathlon. Martin Fourcade sur la retraite de Johannes Boe : « Une ...

Biathlon Martin Fourcade sur la retraite de Johannes Boe   Une
Johannes Boe a surpris son monde ce samedi 18 janvier en annonçant qu'il mettrait un terme à sa carrière en mars prochain, à l'issue de la dernière course de la saison à Oslo, à un an seulement des Jeux olympiques. Une décision que comprend Martin

Johannes Boe a surpris son monde ce samedi 18 janvier en annonçant qu'il mettrait un terme à sa carrière en mars prochain, à l'issue de la dernière course de la saison à Oslo, à un an seulement des Jeux olympiques. Une décision que comprend Martin Fourcade, grand adversaire du Norvégien, joint ce samedi après-midi. 

Martin, comment réagissez-vous à l’annonce de la future retraite de Johannes Boe ?

« C’est étonnant compte tenu des annonces qu’il a pu faire concernant une fin de carrière qui semblait actée après les JO de Cortina (en 2026). Mais pour connaître un peu sa sensibilité, notamment familiale, je suis beaucoup moins étonné.

Je suis aussi passé par cette réflexion de me demander ’’A quoi bon une année de plus ? Qu’ai-je à gagner, à aller chercher de plus ?’’. Johannes a tout gagné et je crois que lui non plus n’était pas dans une chasse effrénée aux records contrairement à ce que son palmarès peut laisser transparaitre. C’est une décision courageuse, qui l’honore et qui doit l’apaiser. »

« Je garde plein de souvenirs, et uniquement des bons ! »

En aviez-vous déjà parlé avec lui ?

« Il ne m’a pas appelé il y a quinze jours pour en parler, mais on en avait discuté quand j’avais pris ma retraite avec cette même ambition de retrouver de la normalité dans nos emplois du temps et pouvoir relâcher cette pression extrêmement intense. Je pense qu’assez peu d’athlètes ont connu un jour les émotions qu’a connues Johannes ces dix dernières années, la pression qu’il a pu ressentir, l’investissement qu’il y a mis… C’est en combinant tout ça que l’on peut se mettre à sa place et on n’est pas beaucoup à l’avoir vécu. »

Quand on vous dit Johannes Boe, est-ce qu’il y a des souvenirs qui vous viennent tout de suite à l’esprit ?

« J’en ai plein. De son arrivée sur le circuit mondial par la grande porte au Grand-Bornand en 2013, à notre dernière course avec ce point qui nous a séparé au classement général. J’ai l’impression qu’une grande part de la seconde partie de ma carrière a été marquée par ces duels parfois gagnés, parfois perdus.

Je garde plein de souvenirs, et uniquement des bons ! C’est peut-être le seul adversaire avec qui il n’y a jamais eu de relation ambivalente. Dans une rivalité, on a souvent beaucoup de respect pour son adversaire et à la fois beaucoup de haine. Mais lui comme moi, on a fait toute notre carrière en étant extrêmement respectueux de ce que pouvait faire l’autre. Même lors de la saison 2018, l’année ou pour moi notre rivalité était la plus forte, on a su garder cette hauteur de vue. Ça a toujours été très agréable de pouvoir s’affronter et je pense qu’il y a un respect mutuel et un énorme plaisir de se retrouver. »

Quelle qualité auriez-vous aimé piquer à Johannes Boe ?

« Sans doute son assurance sur les sprints, car c’est là-dessus qu’il a souvent fait la différence. Je pense qu’étonnamment on avait des qualités et des défauts similaires. On avait un tir debout plutôt rapide, un tir couché qu’on a souvent mis du temps à construire, une aisance sur les skis par rapport à nos principaux rivaux…

Si je devais faire un reproche à Johannes Boe, c’est que j’aurais aimé le voir essayer de retrouver de la fraicheur au ski de fond, en mettant de côté pendant quelques mois un circuit trop facile pour lui après la saison 2021. Ça fait cinq ans qu’il domine le biathlon mondial, qu’il a eu assez peu de rivalité factuelle et j’aurais aimé le voir se relancer en fond. »

« Ça enlève un sacré épouvantail ! » pour les JO

Pour être très terre à terre, on peut se dire que son absence aux JO est une aubaine pour les Français…

« Ça enlève un sacré épouvantail ! La nature a horreur du vide et je pense que son arrêt va permettre l’éclosion d’un nouveau leader qui peine à être aussi marqué que ce qui a pu l’être depuis bientôt trois décennies avec Bjorndalen, Poirée, moi et Johannes. Je suis assez curieux de voir tout ça ! Ça va en libérer certains, créer des aspirations, même si on n’est jamais aussi heureux de gagner que quand l’adversité est la plus forte possible. Il va beaucoup plus manquer au biathlon mondial, qu’il ne va faire de bien au biathlon français. »

Serez-vous présent à Oslo pour sa dernière course ?

« Aujourd’hui j’ai un empêchement avec le CIO, mais j’essaye de décaler mon programme pour pouvoir y être. Je serais extrêmement heureux de pouvoir y assister. Je ne le garantis pas, mais j’essaye de tout mettre en place depuis ce midi de décaler mon programme pour pouvoir profiter de ce dernier spectacle qu’il aura à nous offrir à Oslo. »

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