USA 2024: Joe Biden fait face jeudi à un redoutable test pour sa ...
Et ce sera « une conférence de presse de grand garçon », promet la Maison Blanche, sans plus de détails sur la durée ou le déroulement. Cette expression curieuse vise sans doute à distinguer ce rendez-vous des courtes séances de questions/réponses bien balisées auxquelles le président américain Joe Biden se prête généralement en compagnie des dirigeants étrangers qu’il reçoit, et lors desquelles quatre journalistes au total, désignés à l’avance, posent des questions.
A 17h30 locales (21h30 GMT), au centre de conférences qui accueille cette semaine un sommet de l’Otan à Washington, Joe Biden devra avoir de la répartie, s’exprimer clairement, d’une voix assurée, sans notes et sans prompteur. En somme, tout ce qu’il a été incapable de faire le 27 juin dernier pendant un débat face à son adversaire républicain Donald Trump, qu’il affrontera lors de l'élection présidentielle de novembre. Le démocrate de 81 ans n’a pas réussi depuis ce duel télévisé calamiteux à apaiser les doutes qui rongent son parti.
Retrait. Mercredi, Peter Welch, du Vermont, est le premier sénateur démocrate à l’avoir appelé directement à « se retirer de la course » à la Maison Blanche, « pour le bien du pays ». Plusieurs élus de l’autre chambre du Congrès, la Chambre des représentants, ont fait de même. Ils ont été rejoints mercredi par l’acteur George Clooney, un fervent démocrate et un puissant mobilisateur de financements.
De grands noms du parti - comme l’ancienne présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi - appellent avec insistance le président américain à « prendre une décision ». Sous-entendant que celle qu’il a déjà prise, à savoir rester en course, n’est forcément pas la bonne. Le média en ligne Axios a rapporté mercredi que le chef de la majorité au Sénat, Chuck Schumer, avait également signalé en privé à des donateurs qu’il était ouvert à l’idée de remplacer Biden.
« Chaos cognitif ». Mais dans un communiqué diffusé par son bureau mercredi soir, M. Schumer a affirmé soutenir le président Biden et être « déterminé à faire en sorte que Donald Trump soit battu en novembre ». L’ancien président, qui est relativement resté à l'écart des spéculations autour de l'état de santé de Joe Biden depuis leur débat, a qualifié Nancy Pelosi de « chaos cognitif », sur sa plateforme Truth Social.
Donald Trump a également eu un mot pour George Clooney, le qualifiant de « faux acteur de cinéma », et lui suggérant de « se retirer de la politique et de retourner à la télévision ». Les sénateurs démocrates ont prévu de déjeuner jeudi avec trois très proches conseillers de Joe Biden.
Depuis qu’il est président, Joe Biden a donné 36 conférences de presse, selon la chercheuse Martha Joynt Kumar, citée par Axios. Parmi ses six prédécesseurs, seul le républicain Ronald Reagan avait fait moins. « Les amis, il est presque 18h. Avec tout le respect que je vous dois, je vous verrai à la prochaine conférence (de presse). Ok ? » Voilà comment Joe Biden avait conclu en janvier 2023 un échange marathon de près de deux heures avec les journalistes. Mais de « prochaine » conférence de presse, il n’y en a pas eue, ou en tout cas pas de cette durée.
Prouver. En septembre 2023, il en avait par exemple donnée une lors d’un voyage au Vietnam, à laquelle il avait mis fin en disant à la presse qu’il « allait se coucher ». Donald Trump, lui, tout en attaquant violemment les médias, ne pouvait résister à un micro tendu ou à une caméra quand il était président, restant souvent plus d’une heure avec les journalistes.
Son successeur à la Maison Blanche a, lui, le plus souvent donné ses conférences de presse dans deux cadres spécifiques : des voyages à l'étranger ou des visites de dirigeants étrangers. Pour le reste, Joe Biden se contente de répondre, occasionnellement et brièvement, à une ou deux questions à la volée de la part d’un petit groupe de reporters réunis pour l’un de ses discours ou voyageant avec lui.
Ce test crucial jeudi arrive après plusieurs journées très chargées pour le président octogénaire, qui veut à toute force prouver sa vitalité. En l’espace d’une semaine, il a par exemple fait campagne dans deux Etats clés, le Wisconsin et la Pennsylvanie, donné une interview à la chaîne ABC, et participé aux réunions du sommet de l’Otan, en donnant un dîner mercredi soir pour les dirigeants des pays membres de l’organisation de défense.
Aurélia END
© Agence France-Presse