Présidentielle américaine : Joe Biden contesté dans son propre ...
ANDREW HARNIK / Getty Images via AFP
Le président américain Joe Biden le 1er juillet à la Maison blanche, à Washington.
ÉTATS-UNIS - Ses moindres faits et gestes sont scrutés, et chacune de ses déclarations écoutée attentivement. Le président américain Joe Biden, acculé par les doutes sur son état de santé, passe un test politique redoutable ce jeudi 11 juillet : une conférence de presse (à 23h30, heure de Paris), dont on ignore encore les détails, à l’issue du sommet de l’Otan.
Le démocrate de 81 ans, plus vieux président américain en exercice, est attendu au tournant. Depuis son débat raté face à Donald Trump fin juin, les appels à ce qu’il abandonne la course à la présidentielle de novembre sont de plus en plus nombreux.
Le HuffPost répond à cinq questions sur cette candidature de plus en plus contestée.
• D’où vient le débat sur un remplacement de Joe Biden ?
« Je suis une machine à gaffes », reconnaissait Joe Biden en 2018. Depuis des années, le démocrate a en effet l’image d’un homme étourdi et parfois maladroit, comme lorsqu’il demande à un sénateur en fauteuil roulant de se lever, en 2008, ou lorsqu’il confond Emmanuel Macron et François Mitterrand, en février dernier.
Ces derniers mois, dans la presse, les drôles de gaffes ont laissé place aux moments de confusion ou d’absence. Comme lorsqu’il est apparu les bras ballants, le sourire figé et le regard perdu, en juin, lors d’une cérémonie à la Maison blanche.
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Lire la VidéoLes inquiétudes de plus en plus nombreuses sur la capacité de l’octogénaire à diriger son pays ont véritablement explosé après son débat calamiteux face à Donald Trump le 27 juin, alors que le rendez-vous devait justement servir à rassurer ses électeurs. Joe Biden est apparu confus, fatigué, se reprenant fréquemment et avalant des mots. Depuis, les craintes que son état de santé se soit dégradé pendant son mandat enflent aux États-Unis. Le 8 juillet, sa porte-parole a dû démentir qu’il était traité pour la maladie de Parkinson, après que le New York Times a révélé qu’un spécialiste de ce trouble neurodégénératif s’était rendu à la Maison Blanche huit fois en huit mois.
• Qui demande son remplacement ?
Depuis son débat raté, de plus en plus de voix s’élèvent dans son camp pour demander à Joe Biden d’abandonner sa candidature. Un sénateur démocrate lui en a fait directement la demande mercredi, « pour le bien du pays », dans une tribune publiée par le Washington Post. Le site Axios affirme que le chef de file du parti au Sénat, Chuck Schumer, serait prêt à réfléchir à une autre candidature. Et au moins huit élus démocrates de la Chambre des représentants, l’autre composante du Congrès, ont demandé publiquement à ce qu’il jette l’éponge.
Les appels au retrait de Joe Biden ont aussi dépassé la sphère politique. Dans un éditorial, le prestigieux New York Times s’est joint à ces demandes, décrivant le président comme « l’ombre d’un dirigeant ». Mercredi, c’est l’acteur George Clooney, fervent démocrate très impliqué dans les levées de fonds pour le parti, qui l’a appelé à se retirer. Même son de cloche chez le cofondateur de Netflix Reed Hastings – l’un des plus gros donateurs du parti – l’acteur Michael Douglas et d’autres figures d’Hollywood, bastion démocrate et contributeur majeur aux campagnes. « Les plus gros dons baissent significativement depuis le débat », indique un responsable des collectes de fonds à CNN.
• Comment pourrait-il être remplacé ?
Le président sortant ne peut être poussé à abandonner par aucune décision du parti. Lui seul peut décider de jeter l’éponge. Ce serait un choix très lourd dans un calendrier extrêmement serré, alors que la convention démocrate, organisée mi-août, doit officiellement l’investir conformément au résultat des primaires.
Si, de manière spectaculaire, il en décidait ainsi, sa vice-présidente Kamala Harris ne le remplacerait pas automatiquement comme candidat ; un nouveau vote devrait avoir lieu chez les démocrates. Si cela devait arriver avant la convention, ce sont les délégués du parti, 3900 personnes au profil très varié, qui voteraient. Après la convention, ce serait au « comité national » du parti de nommer le ou la candidate. Ce dernier ou cette dernière n’aurait qu’un peu plus de deux mois pour faire campagne avant l’élection du 5 novembre.
• Qui pourrait le remplacer ?
Kamala Harris, colistière de Joe Biden pour la campagne, déjà amenée à lui succéder en cas de décès ou d’incapacité, s’adonne à un exercice d’équilibriste : défendre la crédibilité de son président sans pour autant fermer la porte à sa propre candidature éventuelle, en cas d’abandon du premier. Jusqu’ici, elle n’a pas évoqué directement cette possibilité. D’après un sondage YouGov du 9 juillet, c’est elle qui obtiendrait le plus de soutiens de la part des démocrates et des « indépendants penchant vers le parti démocrate », juste devant… l’ancienne First Lady Michelle Obama ; elle n’a jamais fait part de son souhait d’y aller.
D’autres noms de la jeune garde du parti sont cités dans la presse américaine, comme celui du gouverneur de Californie, Gavin Newsom, qui a le vent en poupe chez les démocrates. Ceux de la gouverneure du Michigan, Gretchen Whitmer, et de Pennsylvanie, Josh Shapiro, circulent aussi avec insistance. Le secrétaire aux transports Pete Buttigieg, candidat à la primaire en 2020, arrive en troisième position du sondage YouGov.
• Qu’en dit Joe Biden ?
Le président, officiellement soutenu par son prédécesseur Barack Obama et l’ancienne candidate Hillary Clinton, a reconnu avoir été « malade » pendant son débat raté. « Je ne me sentais vraiment pas bien », a-t-il expliqué.
Il répète cependant depuis des semaines qu’il n’a « pas l’intention de s’en aller », et qu’il reste le plus à même de battre Donald Trump. « Si le Seigneur tout-puissant descendait et disait “Joe, retire-toi de la course”, je me retirerais de la course, mais il ne va pas descendre », a-t-il affirmé le 5 juillet dans une interview sur ABC. Une hypothèse également balayée par son rival républicain. « Il a un ego et ne veut pas abandonner », assure Donald Trump.
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