Jérôme Jarre : le Savoyard, ancienne star d'internet, au cœur d'une ...
Jérôme Jarre est un nom que l’on n’avait pas entendu depuis longtemps. Pourtant, cette ancienne star d’internet rassemblait des millions d’adeptes entre 2013 et 2017 et faisait partie des premiers influenceurs français à convaincre en France comme à l’internationale.
Jérôme Jarre, né à Albertville (Savoie), a fait ses débuts sur Vine. Un ancien réseau social, précurseur de TikTok, qui permettait de poster de petites vidéos de six secondes, l’une des applications les plus téléchargées au monde au milieu des années 2010. De nombreux influenceurs ont gagné leur célébrité par ce biais, dont Jérôme Jarre qui postait des vidéos humoristiques depuis New-York, où son grand sourire communicatif et son accent frenchie séduisaient le monde entier.
#LoveArmy
Puis le succès s’est concrétisé. Le Savoyard rassemblait alors des millions d’abonnés sur les réseaux et gagnait sa vie grâce à ses vidéos. Jérôme Jarre atteint l’apogée de sa notoriété en 2017 lorsqu’il lance son plus gros projet avec sa #LoveArmy. Une mission humanitaire pour laquelle il réussit à réunir Mister V, Omar Sy et DJ Snake (entre autres). Fort de la confiance qu’il inspire suite à quelques bonnes actions menées avec succès, il mêle stars et bénévoles pour se rendre dans le plus grand camp de réfugiés au monde à Cox’s Bazar au Bangladesh, où il souhaite venir en aide aux Rohingyas. Grâce à l’engouement autour de la figure de Jérôme Jarre, alors symbole de bienveillance et d’amour, plus de 4 millions de dollars sont levés.
Le journaliste Charles Villa sur place
Le projet est filmé sur place par la caméra du grand reporter Charles Villa et est applaudi par les politiques de la planète. En plus de la ferveur du grand public, qui donne de l’argent et suit la mission de près, et des médias, très intéressés par les initiatives de Jérôme Jarre et de sa #LoveArmy.
Mais voilà que, deux ans plus tard, la mission humanitaire prend brutalement fin. Sans aucune explication donnée par Jérôme Jarre. D’où le documentaire de Charles Villa, diffusé sur Prime Video : « #LoveArmy : Où es-tu Jérôme ? ». Visiblement, le projet n’était pas très bien coordonné. L’équipe de Jérôme Jarre s’est rendue sur place, sans être formée et sans plan d’action, hormis sensibiliser à la cause et interpeller les autorités.
L’opération s’avère être un véritable fiasco. Les ambitions de l’influenceur savoyard dépassent largement les possibilités concrètes sur place. On apprend dans le documentaire qu’il aurait menti à de nombreuses reprises, aux réfugiés, aux médias et à sa communauté, laissant entendre notamment que des hôpitaux, des maisons ou des écoles auraient été construits.
Mensonges et cercle vicieux
Jérôme Jarre s’enferme dans un cercle vicieux de mensonges, tiraillé entre une liste de projets irréalistes et la réalité du terrain. Jusqu’à ne plus donner aucune nouvelle du projet et disparaître complètement des radars. Dans son enquête, Charles Villa développe toute l’enquête qu’il mène autour de cet influenceur depuis 2019, notamment pour comprendre les dessous de ce fiasco et l’utilisation réelle des 4 millions de dollars récoltés.
Depuis, pris dans cette spirale médiatique, Jérôme Jarre a accepté d’être interviewé par Mouloud Achour sur l’émission Clique. Selon ses dires, l’influenceur veut reconnaître ses erreurs et clarifier le documentaire. « J’ai fait n’importe quoi sur la com’ de cette aventure », a-t-il déclaré. Selon lui, sa plus grosse erreur serait le manque de communication auprès de ceux qui ont suivi le projet, en plus d’avoir pris les mauvaises décisions qui ont mené à l’abandon du projet.
Où est l’argent ?
Lorsque Mouloud Achour l’a interpellé sur l’utilisation de l’argent, Jérôme Jarre a affirmé que tous les millions avaient été remis à des ONG. Le Savoyard a expliqué qu’il a rapidement compris qu’il ne pourrait pas donner d’argent directement aux Rohingyas. Il est alors resté quelques mois sur place, au Bangladesh, pour tenter de faire « ruisseler » l’argent sur les réfugiés, optant finalement pour l’option d’abandonner la gestion de la mission sur place et laisser le travail à des organisations officielles. « L’argent a été donné à des ONG, c’est ce qu’il faut retenir de ce projet », insiste-t-il, tout en fustigeant le fait que le documentaire sous-entende qu’on ne saurait pas où est passé l’argent.