Simple dames - 2e tour - Léolia Jeanjean en plein rêve : "Même moi, je n'ai pas d'explication"
C'est ce qui s'appelle être sur son nuage. Et Léolia Jeanjean n'a surtout pas envie d'en descendre. Elle qui n'avait jamais joué le moindre match sur le circuit principal en début de semaine vient de signer coup sur coup ses deux premières victoires. En Grand Chelem, s'il vous plaît. Et en battant, jeudi, une top 10, ancienne numéro un mondiale, en la personne de Karolina Pliskova, ensevelie sur le court Simonne-Mathieu sous les variations de la Française. "Il y a trois jours, je n'avais encore jamais joué une top 100 et aujourd'hui, je bats une top 10... Je ne sais même pas quoi dire", s'excuse presque la divine surprise de ce Roland-Garros 2022.
Parce qu'elle n'avait absolument aucun repère à ce niveau de compétition, Jeanjean ne savait pas à quoi s'attendre. Mais elle n'imaginait certainement pas ce scénario de rêve. "Je pensais que j'allais me prendre des coups gagnants dans tous les sens, assure-t-elle. Au premier tour, je joue un top 50. Je pensais que j'allais perdre. Aujourd'hui aussi. Il semble que mon niveau de jeu les perturbe. Je suis la première surprise mais aussi très heureuse parce que ça veut dire que j'ai peut-être le niveau pour être là, sur le circuit."
Sur son nuage, elle apparaît pleine de maîtrise, plus que d'euphorie. Sa force, c'est de combiner aujourd'hui la fraîcheur d'une junior avec la maturité d'une jeune femme de 26 ans. A défaut d'être enviable (qui peut souhaiter à une adolescente de 14 ans d'être stoppée en pleine ascension à cause d'une grave blessure ?), son parcours atypique constitue aujourd'hui une force, notamment pour appréhender son brutal changement de statut et son entrée dans la lumière.
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La sensation Léolia Jeanjean, qui a écrasé Karolina Pliskova.
Crédit: Imago
Les filles ne savent pas comment je joue, c'est un avantage
Sa chance, qui ne durera qu'un temps puisque tout le circuit va vite apprendre à se méfier d'elle, c'est d'avancer masquée. Une Karolina Pliskova n'avait probablement jamais entendu parler de Léolia Jeanjean avant de découvrir qu'elle serait son adversaire ce jeudi. "Les filles ne savent pas comment je joue, c'est un avantage, admet celle qui est désormais assurée de figurer, au pire, autour de la 150e place mondiale en quittant Paris. Moi, je vois jouer Pliskova depuis longtemps. Je connais ses forces, ses faiblesses. Je peux établir un plan de jeu." L'inverse n'est pas forcément vrai.
De fait, la Française a martyrisé la Tchèque en la faisant beaucoup bouger, ce qu'elle déteste. Roland-Garros découvre notamment son sens de l'amortie. "C'est mon coup préféré. J'ai toujours adoré ça, j'ai toujours trouvé ça esthétique et efficace, surtout contre une joueuse qui ne se déplace pas forcément très bien vers l'avant. C'est une question d'instinct. Mais je préfère ça à un grand coup droit puissant, par exemple." Pliskova, qu'elle a fait tourner en bourrique, n'a pas tout compris. Mais elle s'est montrée classe : "Je n'ai pas réussi à jouer, le court était très, très lent. Mais il faut saluer son mérite, elle a joué incroyablement bien."
Entre fraîcheur, insouciance, mérite, talent et maîtrise, Léolia Jeanjean bluffe donc son monde. Si la France a commencé à prendre connaissance de son histoire pas commune lors de sa victoire au premier tour, la presse étrangère, elle, a véritablement découvert son nom et son tennis ce jeudi contre Pliskova. Quand nos confrères lui demandent comment une joueuse de 26 ans n'ayant jamais mis les pieds sur le circuit peut infliger à une Karolina Pliskova une des pires défaites de sa carrière en Grand Chelem, elle répond : "Même moi, je n'ai pas d'explications."
Je suis très surprise de garder mon calme
Dans ce tourbillon, son plus grand mérite est peut-être de conserver toute sa lucidité. Là encore, la force de son âge. Mais tout de même. Il y aurait de quoi avoir la tête qui tourne. "Je n'ai pas envie de m'éparpiller, de perdre un peu d'énergie", dit-elle. Même si, là encore, elle s'étonne de son propre calme, elle qui se définit comme quelqu'un "qui s'énerve et qui râle" facilement.
"Oui, je suis très surprise de garder mon calme, d'être aussi concentrée, poursuit Jeanjean. Je suis quand même très tendue quand je joue, j'ai le cœur qui bat assez vite. C'est pourquoi j'essaie de bien respirer, de garder mon calme, de ne pas crier dans tous les sens, parce que pour le moment, je pense que ça me desservirait plus que cela ne m'apporterait quelque chose. Depuis que je suis arrivée ici, je pense que je me comporte bien, ce que je fais, c'est bien."
Plus que bien, même. On ose à peine souligner qu'après avoir écarté Pliskova, elle vient de s'ouvrir son tableau. Samedi, elle affrontera Irina Begu pour une place en huitièmes de finale. Jouable ? Oui. En théorie, rien n'était jouable pour l'improbable débutante qu'est Léolia Jeanjean. Dans la pratique, elle ne s'interdit pas grand-chose. Elle a bien raison.
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