Direct – Affaire Sophie Le Tan. Jean-Marc Reiser "ne fera plus jamais de mal", réagit la maman de ...
Ce qu'il faut retenir de l'avant-dernière journée
Hier, l'avocat général Laurent Guy a requis la peine maximale (la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une période de sûreté de vingt-deux ans) à l'encontre de Jean-Marc Reiser.
■ Ce sixième jour du procès de Jean-Marc Reiser devant les assises du Bas-Rhin a débuté par la déposition de l’expert psychiatre, qui a établi un rapport de 89 pages sur l’accusé.
Reiser est intelligent, mais psychorigide, égocentrique peu empathique, a listé le Dr Frantz Prosper. Il souffre de troubles psychiatriques très anciens, remontant à son enfance et aux relations avec son père, alcoolique et violent. Avec les femmes, il recherche la quantité et la domination.
Si Reiser est coupable, cela révélerait une extrême dangerosité au regard des faits qu'il a déjà commis par le passé
Dr Frantz Prosper, expert psychiatre
« Il est dans la toute-puissance. Il a un mépris de la société, un narcissisme expansif. » Mais il n’est pas dépourvu de libre arbitre.
S’agissant des faits ayant conduit à la mort de Sophie Le Tan, l'expert fait l'hypothèse d'une « frustration dans l'interaction immédiate avec une réaction très violente ». « Si Reiser est coupable, cela révélerait une extrême dangerosité criminelle au regard des faits déjà commis dans les années 1990 » [l’accusé a déjà été condamné à quinze ans de réclusion pour deux viols, NDLR] », a conclu l’expert psychiatre.
■ Les avocats des parties civiles ont ensuite plaidé, au nom de la famille de Sophie Le Tan. Pour maîtres Rémi Stéphan et Gérard Welzer, la préméditation [Jean-Marc Reiser a reconnu avoir tué Sophie le Tan, mais conteste en avoir eu l’intention, décrivant « un accès de rage »] ne fait aucun doute.
Reiser est un criminel récidiviste aux pulsions perverses. Il a monté un stratagème.
Maître Rémi Stephan, avocat de la famille de Sophie Le Tan
Selon les deux avocats, l’accusé est « odieux, dégoûtant », mais aussi « méticuleux, organisé ». « Reiser est un criminel récidiviste aux pulsions perverses. Il a monté un stratagème. Le 7 septembre 2018, Sophie est tombée dans un piège. »
La mort de la jeune femme « n'est pas un incident », a tonné Me Welzer en direction de l'accusé, « c'est un assassinat! » Reiser « a-t-il drogué Sophie, l'a-t-il violée ? Lui Reiser le sait, et il ne le dit pas. La famille de Sophie ne peut pas pardonner autant de froideur, autant de mépris. Aucun mot n’existe pour décrire la douleur de cette famille. »
■ Laurent Guy, l'avocat général (le magistrat chargé de défendre les intérêts de la société), a débuté ses réquisitions en convoquant le souvenir de Sophie Le Tan, « un rayon de soleil brisé net dans la terreur, dans l'incompréhension, dans la douleur.
La mort de Sophie n'est pas un accident regrettable, c'est bien dans un piège qu'elle est tombée.
Laurent Guy, avocat général
Dans l'appartement de Jean-Marc Reiser, Sophie Le Tan « a croisé une ombre noire, sombre, glaçante. La mort de Sophie n'est pas un accident regrettable, c'est bien dans un piège qu'elle est tombée. Reiser est dans la maîtrise, toujours. Il a pris un luxe de précautions. Il a choisi d'œuvrer chez lui, en terrain connu. »
Laurent Guy retient l'intention homicide et la préméditation, contestées par l'accusé. L'avocat général requiert donc la peine maximale à l'encontre de Jean-Marc Reiser : la réclusion criminelle à perpétuité assortie de vingt-deux ans de sûreté, l'accusé étant en état de récidive légale du fait de sa précédente condamnation criminelle en 2003.
■ Rien n'était préparé, ont au contraire plaidé les avocats de la défense. « L'endroit où Jean-Marc Reiser a enterré le corps de Sophie Le Tan, c'est la signature de la précipitation, a ainsi fait valoir maître Xavier Metzger. C'est un acte horrible mais il ne relève pas de la préméditation. Quoiqu'il arrive, cet homme vous le condamnerez. Et quoiqu'il arrive il est en récidive, sa peine sera lourde. Mais n'ayez pas peur d'exclure la préméditation pour laquelle il n'y a pas d'éléments concordants. Le doute doit profiter à l'accusé. »
L'endroit où Jean-Marc Reiser a enterré le corps de Sophie Le Tan, c'est la signature de la précipitation. C'est un acte horrible mais il ne relève pas de la préméditation. Le doute doit profiter à l'accusé.
Maître Xavier Metzger, avocat de Jean-Marc Reiser
Comme l'ont toutes dit ses ex-compagnes, l'accusé « perd le contrôle de manière instantanée », a prolongé maître Pierre Giuriato. Selon l'avocat, la thèse la plus crédible est celle des coups mortels : « Durant les perquisitions, on n'a retrouvé aucun produit anesthésiant, ce qui contrecarre la thèse artificielle d'un assassinat favorisé par une soumission chimique. » Bref, Reiser, lorsque Sophie Le Tan a repoussé ses avances, a été pris d'un « coup de folie », comme il le soutient depuis ses aveux tardifs.
Fermant le ban, maître Francis Metzger a rappelé aux jurés qu'ils avaient « l'honneur de juger Jean-Marc Reiser et non pas de venger la mort de Sophie Le Tan ». « L'extrême gravité de l'acte de Jean-Marc Reiser ne souffrira aucune discussion, mais je vous invite à lui laisser un espoir » [de réhabilitation]. La réclusion criminelle à perpétuité serait une forme de « mort blanche », a déploré l'avocat de l'accusé.