Villa Kujoyama au Japon : du fil d'or au bambou, découverte des ...
Dans cette série en cinq épisodes, Marie Sorbier nous entraîne au Japon pour découvrir la Villa Kujoyama. Cette résidence d'artistes située sur les hauteurs de Kyoto existe depuis 1992. Construite en béton sur le flan d'une montagne, à quinze minutes de la ville, la Villa Kujoyama accueille chaque année quinze lauréats pour des périodes de quatre à six mois. Les résidents profitent de ce cadre harmonieux et calme pour faire des recherches artistiques, apprendre des techniques, réaliser des travaux ou des œuvres en lien avec le pays et sa culture. Le lieu fait partie des quatre résidences artistiques administrées par la France à l'étranger avec la Villa Médicis en Italie, la Casa de Velázquez en Espagne et la Villa Albertine aux Etats-Unis. La Villa Kujoyama agit en coordination avec l'Institut français, elle est une antenne de l'Institut français du Japon et son mécène principal est la Fondation Bettencourt Schueller.
Après nous avoir fait découvrir l'art du Kyūdō, un tir à l'arc japonais, et explorer l'univers du tuning nippon, Marie Sorbier continue de nous faire découvrir les travaux des résidents qui sont autant d'explorations de la culture japonaise et de ses traditions artisanales. L'occasion dans cet épisode de suivre les recherches de deux artistes actuellement en résidence à la Villa Kujoyama en visitant un atelier de tissage de la soie à Kyoto puis un atelier de tressage de tiges de bambou à Osaka.
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On entend tout d'abord la créatrice de textiles Aurélie Lanoiselée (lauréate 2024 du Prix Liliane Bettencourt pour l'intelligence de la main) en résidence pour un mois à la Villa Kujoyama. Cette dernière se rend dans l'atelier de tissage d'Ema Okamoto, designeuse textile. Elle y travaille la soie sur un métier Jacquard à destination de temples ou de particuliers. L'occasion, pour Aurélie Lanoiselée de découvrir entre autres le tissage de la soie avec une application de feuilles d'or directement sur le textile alors qu'en France cela est réalisé à partir de fils d'or. Une découverte qui s'inscrit dans l'ADN du programme de la Villa comme l'explique Aurélie Lanoiselée : "La Villa Kujoyama c'est vraiment une chance parce que ça nous permet d'aller un peu plus loin que ce vers quoi on tendrait naturellement. Moi je viens de la broderie et d'avoir la chance de rencontrer des tisserands qui en plus vont nous expliquer et prendre le temps de nous recevoir pour nous montrer ça donne forcément envie d'aller plus loin que ce qu'on imagine en termes de savoir faire. Il y a en plus des spécificités qu'on va découvrir et chaque visite est une surprise. En fait, on ne sait jamais, quand on pousse la porte d'un atelier, ce qu'on va découvrir réellement."
Puis Marie Sorbier nous entraîne à Osaka pour suivre Nina Fradet, artisane et plasticienne qui est venue à la Villa Kujoyama pour étudier et parfaire ses connaissances dans le tressage du bambou. Elle nous guide dans l'atelier de Tanabe Chikuunsai IV, un artiste contemporain issu d'une dynastie de maîtres vannier. Il est connu dans le monde entier pour ses installations monumentales en bambou. Dans son atelier école d'Osaka il travaille et forme ses disciples à tresser le bambou selon un savoir-faire particulier. Nina Fredet va ainsi travailler avec lui pendant une semaine sur l'installation d'un volume en bambou dans un temple de la ville : "On va dire que c'est une pièce totalement organique, en courbe, qui est un peu creusée au milieu, donc on peut regarder à travers, cela fait une sorte de rond. Et tout autour, il y a des entrelacements de bambou qui font des sortes de vagues, qui s'entremêlent avec des densités différentes. Il y a des endroits où on voit la structure à travers d'autres, où les bambous sont vraiment très rapprochés, mais où on peut quand même apercevoir un petit peu de lumière. C'est ça la particularité du tressage : il y aura toujours un petit jour entre les bambous ce qui crée des ombres qui sont assez fantastiques."
Merci à Camille Lé pour la traduction.
Musiques de l'épisode :
- Chindan, de Mikan Mukku
- Zenkamono no christmas, de Maki Asakawa