«Le dîner de cons» : Jacques Villeret, l'inoubliable François Pignon ...
Jacques Villeret endossera le costume de François Pignon plus de 600 fois sur scène, face à Claude Brasseur, d'abord, puis face à Michel Roux.
L'ARCHIVE.
Le succès suscita l'admiration des médias, on le voit encore ici sur le plateau de l'émission « Ainsi va la vie » en janvier 1997, alors que le comédien, en tournée en France avec Michel Roux, attirait les foules. L'occasion pour le journaliste Alain Fauritte de FR3 Lyon d'interroger Jacques Villeret sur son rôle déjà emblématique.
Il lui demandait d'emblée d'expliquer le succès phénoménal de la pièce dans toute la France. L'acteur expliquait que malgré son apparente légèreté cette comédie était une « pièce forte » qui ne devait son succès qu'au public. Sans doute parce qu'on y riait beaucoup, mais aussi puisqu'elle recelait une certaine morale. Il s'agissait, selon lui, d'un rire tendre empreint d'une certaine cruauté qui faisait tout le sel de la pièce. Et de citer l'acuité de l'auteur, Francis Veber, et la mise en scène de Pierre Mondy, autres éléments du succès du Dîner de cons.
Son personnage de con attachant
Après avoir rappelé le propos de la pièce, Jacques Villeret évoquait son personnage de François Pignon, « un brave con », « la mouche du coche ». Il donnait ensuite ses propres définitions nuancées des cons et expliquait que de tels dîners avaient vraiment existé, organisés par les artistes du mouvement surréaliste, ou plus tard, aux tables de Chez Castel.
Le reportage proposait aussi quelques courts extraits emblématiques de la pièce jouée à la Bourse du travail à Lyon, puis l'interview en coulisses de Michel Roux, le successeur de Claude Brasseur, qui expliquait que même après plusieurs centaines de représentations le public avait toujours le droit à un spectacle aussi qualitatif.
À propos de la qualité du jeu
Jacques Villeret ajoutait : « Je crois que plus on avance, plus on est sérieux. On trouve des choses nouvelles. C'est comme un tricot. Alors, il y a ceux qui disent : "Ah, il n'y a plus la fraîcheur du début". C'est des balivernes. C'est faux ! » À la sortie du spectacle, c'est un public conquis qui donnait ses impressions à chaud.
Après la diffusion du reportage, de retour en plateau, Jacques Villeret revenait sur cette notion de fraîcheur du comédien de théâtre. Cette archive est à regarder ci-dessous. Il décrivait la manière d'éviter les automatismes en restant toujours sincère dans son jeu. Il évoquait notamment la préparation physique et mentale du comédien avant d'entrer en scène. Il décrivait sa routine préparatoire personnelle, « simplement, je suis dedans et je suis là ».
Un acteur polyvalent
Le comédien s'exprimait aussi sur les différences entre le théâtre et le cinéma. Le journaliste lui demandait ensuite s'il n'appréhendait pas le moment proche où il achèverait la pièce qu'il jouait depuis quatre ans. La fin de la pièce allait coïncider avec le début du tournage du film par Françis Veber. Une adaptation de la pièce, avec Thierry Lhermite dans le rôle de l'éditeur cynique. Sa double casquette d'acteur de théâtre et de cinéma valait à Jacques Villeret de conserver son rôle fétiche.
Mais pour l'acteur, aussi à l'aise dans les comédies que dans les drames, c'était un choix revendiqué de passer d'un rôle à l'autre. Et de confier qu'il aimait « pouvoir avoir plusieurs cordes à son arc ». Sans dévaloriser la comédie, un genre très difficile, il concluait : « Vous savez, tout est question de qualité. Je préfère jouer un très bon scenario dramatique qu'une mauvaise pièce comique ou film comique. On n'a jamais de problème avec ce qui est de qualité. »