Mort de Jacques Dessange, le coiffeur des stars
Il était l'un des coiffeurs les plus célèbres de France, et peut-être du monde. Âgé de 94 ans, Jacques Dessange est décédé ce mardi, a annoncé son avocat à l'AFP. De son vrai nom Hubert Dessange, il avait coiffé de nombreuses stars et inventé le coiffé-décoiffé ou le balayage californien.
Fils de coiffeur né en 1925 à Souesmes, dans le Loir-et-Cher, Jacques Dessange se rend à Paris après la guerre, son certificat d'études en poche. L'apprentissage de la coiffure n'est pas une partie de plaisir dans la capitale. Il se fait renvoyé douze fois avant d'être embauché par Louis Gervais, un coiffeur à la mode.
En 1954, il ouvre son premier salon avenue Franklin-Roosevelt, tout près des Champs-Elysées. Marié à Corinne de Boissière, l'attachée de presse de Brigitte Bardot, il coiffe les plus grandes stars de l'époque comme Jeanne Moreau ou Sylvie Vartan. La coupe de Jean Seberg pour « A bout de souffle » ? C'est lui. Devenu un habitué de la Croisette, il voit son aura s'étendre bien au-delà du milieu artistique français. Les cheveux de Liz Taylor, Marlene Dietrich ou Ava Gardner passent entre ses mains expertes.
Une marque devenue empireSon nom désormais connu, il en fait une marque, devenue au fil des années un empire dépassant les frontières. Le premier salon à l'étranger ouvre ses portes dès 1962 à Tunis. À partir des années 1970, Dessange poursuit son expansion avec le système de la franchise : les coiffeurs peuvent ainsi acheter la prestigieuse marque contre un pourcentage sur leur chiffre d'affaires.
Aujourd'hui, onze ans après le départ de son fondateur, le groupe compte près de 1600 salons dans le monde, dont 370 en France sous plusieurs enseignes comme Dessange, Camille Albane ou Frédéric Moreno. Le nom de Dessange ne s'affiche pas seulement sur les salons de coiffure. Il se retrouve accolé à des centres de formation, des produits de maquillage, des colorations, des spas… En 2017, le chiffre d'affaires dépasse les 100 millions d'euros.
Conflit entre père et filsBisbilles familiales et démêlés judiciaires ont pourtant déteint sur la success-story ces dernières années. En 2004, Jacques Dessange confie les rênes du groupe à son deuxième fils, Benjamin, tout en gardant la main sur une partie des parts de l'entreprise.
Quatre ans plus tard, la guerre est déclarée : le patriarche estime avoir été évincé par son successeur et ne cache pas son amertume. Il s'en fait l'écho dans un opuscule qui s'adresse à ses franchisés et intitulé « Le Complot ». Malgré cette attaque, Dessange International ne parvient pas à faire condamner le fondateur du groupe pour dénigrement en février 2012.
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Chaque matin, l'actualité vue par Le ParisienEn 2015, Jacques Dessange fait une nouvelle fois parler de lui, à son corps défendant cette fois. Il est cité par Le Monde et d'autres médias étrangers parmi les détenteurs de comptes non déclarés au fisc chez HSBC Suisse. Le célèbre coiffeur y aurait eu jusqu'à 1,6 million d'euros entre 2006 et 2007, avant de régulariser sa situation avec le fisc français quelques années plus tard.