Israël lance une attaque « préventive » massive contre le Hezbollah ...

Contre le Hezbollah, Israël a pris les devants . Dimanche vers 5 heures du matin, pas moins d'une centaine d'avions ont attaqué simultanément en moins d'une demi-heure quelque 6.000 cibles du Hezbollah, notamment des sites de lancement de missiles, de roquettes et de drones au Liban.

Selon l'armée israélienne, cette offensive de grande envergure a permis de faire échec à un déluge de ces engins, qui devait être déclenché pour viser non seulement le nord d'Israël près de la frontière libanaise, mais aussi la région de Tel-Aviv. A titre de précaution, l'aéroport international Ben Gourion a été fermé quelques heures.

Selon les responsables militaires, la milice chiite alliée de l'Iran projetait notamment de bombarder le quartier général du Mossad dans la banlieue de Tel-Aviv ainsi qu'une base, située dans le même secteur, abritant plusieurs unités des renseignements militaires.

Offensive surprise

A la suite de cette offensive surprise, le Hezbollah n'a pu tirer que 220 roquettes et 20 drones vers le nord d'Israël, sans faire de victimes et en provoquant des dégâts limités. La milice a indiqué avoir envoyé « plus de 320 » roquettes Katioucha sur 11 bases militaires en Israël et sur le plateau du Golan syrien occupé par Israël. L'attaque visait les « casernes et positions israéliennes afin de faciliter le passage des drones d'attaques » vers le territoire israélien « en profondeur ».

La milice chiite a tenté de minimiser l'échec de son projet initial, en affirmant que son attaque était « terminée » pour dimanche et qu'elle s'était « achevée avec succès ». Néanmoins, pour elle, ces tirs ne constituaient qu'une « première étape » des représailles, qui doivent être lancées pour venger la liquidation par Israël à la fin juillet de Fouad Shukr, considéré comme le « chef d'état-major du Hezbollah ». Cette menace persistante est prise très au sérieux.

Les autorités israéliennes ont ainsi annoncé l'application d'une « situation spéciale », une forme d'état d'urgence qui accorde au gouvernement des pouvoirs accrus concernant la protection de la population civile. Cette mesure est légalement valable 48 heures éventuellement renouvelables par le gouvernement. Les habitants au nord du pays ont été appelés à rester dans des abris. Dans la région centrale autour de Tel-Aviv, les rassemblements de plus 30 personnes à l'extérieur, telles des manifestations, ainsi que les événements regroupant plus de 300 participants dans des lieux clos, ont été interdits, de même que l'accès aux plages.

Cabinet de guerre

Les Israéliens ont pu se rendre sur leur lieu de travail et les enfants dans les centres de vacances, à condition que des abris dans lesquels ils pourraient se précipiter en cas d'alerte soient disponibles à proximité. Pour ceux qui n'ont pas d'abri ni de pièce protégée dans leur appartement, il a été recommandé de se réfugier dans les cages d'escalier.

Toute la question est désormais de savoir si cette escalade est susceptible d'encore monter d'un cran. Benyamin Netanyahou s'est abstenu de proclamer qu'une véritable guerre avait été déclenchée et que le projet d'agression prêté au Hezbollah ne relevait plus des affrontements limités provoqués par la milice chiite alliée de l'Iran depuis le 7 octobre en signe de solidarité avec le Hamas, auteur de massacres dans le sud d'Israël. « Nous attaquons ceux qui nous attaquent », s'est contenté d'affirmer le Premier ministre à l'issue d'une réunion d'urgence du cabinet de guerre au siège du ministère de la Défense à Tel Aviv.

Comme le souligne un commentateur de la radio de l'armée, le Hezbollah, malgré le coup très dur qui lui a été asséné, dispose encore d'un énorme arsenal de quelque 150.000 missiles , roquettes et drones. Cette organisation a également creusé un peu partout au Liban tout un réseau de tunnels pouvant servir à dissimuler des lanceurs pour ces engins ou provoquer d'énormes explosions au cas où l'armée israélienne lancerait une offensive terrestre de grande envergure sur le territoire libanais.

Menace de représailles

Sur le front international, Yoav Gallant, le ministre israélien de la Défense, s'est entretenu avec Lloyd Austin, le secrétaire d'Etat américain à la Défense. Selon les médias israéliens, les Etats-Unis, qui souhaitent éviter coûte que coûte une guerre régionale qui impliquerait non seulement le Hezbollah mais aussi l'Iran, qui a aussi menacé Israël de représailles à la suite de l'assassinat fin juillet à Téhéran d'Ismaïl Haniyeh, le chef politique du Hamas, n'auraient pas été mis au courant à l'avance de l'attaque préventive israélienne.

Par ailleurs, malgré la tension générale, Benyamin Netanyahou a donné son feu vert à l'envoi d'une délégation israélienne dirigée par David Barnea, le chef du Mossad au Caire, pour poursuivre les négociations sur un cessez-le-feu dans la bande de Gaza après plus de 10 mois de guerre et la libération de la centaine d'otages détenus par le Hamas. Avant cette nouvelle réunion, le ton était plutôt au pessimisme, tant les positions du Hamas et d'Israël semblaient pour le moment irréconciliables à propos d'une proposition de compromis présentée par les Etats-Unis.