Covid: la France assouplit fortement les règles d’isolement
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Des délais d’isolements allégés pour éloigner le risque de voir le variant omicron mettre le pays à l’arrêt. Après plusieurs jours d’attente et l’augmentation continue des nouvelles contaminations quotidiennes (125 000 cas en moyenne cette semaine), le ministre de la santé, Olivier Véran, a dévoilé dans le Journal du dimanche les nouvelles règles applicables dès lundi pour les personnes positives et les cas contacts, quel que soit le variant. Concernant les individus contaminés et présentant un «schéma vaccinal complet», la quarantaine est ramenée à sept jours (au lieu de dix jusqu’alors), et même réduite à cinq jours en cas de «test antigénique ou PCR négatif» et d’absence de «signes cliniques d’infection depuis 48h», précise le ministre. Pour les personnes positives non vaccinées (ou seulement partiellement), l’isolement demeure de dix jours, sauf si un test de dépistage au septième jour se révèle négatif.
Les cas contacts vaccinés avec dose de rappel, qui devaient s’isoler une semaine en cas de suspicion omicron, sont désormais exempts de toute réclusion. A la condition d’aller se faire tester au moins trois fois à titre préventif, par un test PCR ou antigénique à J0 (jour où ils apprennent qu’ils sont cas contact), puis à J2 et J4 par des autotests «fournis gratuitement en pharmacie». Les cas contacts non vaccinés ou n’ayant pas encore fait leur rappel, devront eux s’isoler une semaine.
Sujet épineuxLe 23 décembre, le Conseil scientifique avait averti d’une «possible désorganisation de la société» et d’une perturbation des «services publics et privés», en raison de «l’absentéisme» provoqué par la prolifération sans précédent des contaminations. Des formulations réutilisées par les membres du gouvernement les jours suivants. «Il faut simplement s’attendre à ce qu’on fonctionne au mois de janvier dans un mode dégradé», avait également formulé l’épidémiologiste Arnaud Fontanet, lors de la conférence de presse organisée ce jour-là par l’instance. «Dans un contexte de fulgurance du variant omicron, revoir les règles d’éviction se pose aujourd’hui», avait souligné Olivier Guérin, gériatre et membre du Conseil scientifique.
La politique d’isolement est un sujet épineux qui divise jusque dans les rangs des scientifiques. Certains s’inquiètent de voir ces nouvelles mesures de réduction accroître les possibilités de transmission, et ainsi participer activement à la circulation virale, en cas de non respect des stricts gestes barrières chez des individus se pensant tirés d’affaire (par la négativité d’un test antigénique ou d’un autotest), mais potentiellement encore contagieux. D’autres estiment qu’il fallait bien trouver le moins pire des compromis. «Sachant qu’en moyenne une personne contamine plus de 10 personnes, avec 100 000 cas par jour, c’est 1 million de cas contacts en quarantaine de sept à dix-sept jours, soit plus de 10 millions de jours d’arrêt générés, analysait l’épidémiologiste Antoine Flahault, le 22 décembre sur Twitter. Isoler cinq jours les positifs est utile, isoler les cas contacts, avec omicron est un vœu pieux chaque jour», avait-il conclu.
Eviter une paralysie du fonctionnement de l’hôpital publicEn l’espace d’une semaine, de nombreux pays ont revu leur copie relative à leur stratégie d’isolement, afin de minimiser les perturbations organisationnelles de la vie quotidienne occasionnées par omicron. Aux Etats-Unis, les centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC) ont émis la recommandation, le 27 décembre, de réduire l’isolement de dix à cinq jours pour les personnes asymptomatiques, et de dispenser de la quarantaine les cas contacts présentant un schéma vaccinal à jour. Mercredi, l’Espagne a décidé d’écourter l’isolement de dix à sept jours pour les positifs sans symptômes, dans un souci d’équilibre entre «santé publique» et «croissance économique», selon les mots du gouvernement.
Même rétrécissement en Angleterre depuis le 22 décembre, personnes symptomatiques comprises, qui peuvent sortir de chez elles au bout d’une semaine si leurs deux tests antigéniques, réalisés au sixième et septième jours, se révèlent négatifs. Mercredi, Israël a raccourci son temps d’isolement de quatorze à dix jours en cas d’infection. Le gouvernement italien, de son côté, a annoncé jeudi la fin de tout isolement pour les cas contacts complètement vaccinés (désormais sous le régime de «l’autosurveillance»), mais a maintenu les dix jours pour les personnes positives.
Objet de toutes les craintes face à une probable paralysie de son fonctionnement, le système hospitalier s’appuie déjà, depuis une semaine, sur des directives très souples pour pouvoir tenir. Pour les cas positifs parmi le personnel, le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) a rendu ses recommandations le 24 décembre et indique que, à «titre exceptionnel», dans un contexte de «risque de rupture de la continuité de l’offre de soins», les personnes asymptomatiques, voire paucisymptomatiques (ne présentant que très peu de manifestations cliniques), peuvent déroger à la règle d’isolement. «Ces personnels ne pourront prendre en charge de patients à risque de forme grave de Covid-19 ou en échec vaccinal par exemple», précise le HCSP dans son document, qui insiste sur le fait que toute décision d’éviction doit être prise «en l’absence d’alternative possible et après une analyse bénéfice /risques».
S’agissant des professionnels de santé déclarés cas contact, l’instance avait précisé dans un avis précédent, le 11 décembre, qu’ils «devaient» rester en poste. «A l’hôpital, les cas contacts ne sont plus en éviction tout simplement parce qu’on n’y arrive déjà plus. Ce n’est déjà pas possible, du fait des difficultés de fonctionnement hospitalier», expliquait Olivier Guérin lors du point du Conseil scientifique.