Maïwenn « abandonnée » par Luc Besson, sa sœur Isild raconte
« J’étais forcée de réaliser que la vie avec de l’argent était plus paisible. » En 1991, lorsque Maïwenn rencontre Luc Besson (de dix-sept ans son aîné) dans les coulisses des Césars, ce n’est pas simplement la vie de l’adolescente qui va changer, mais également celle de sa petite sœur, Isild Le Besco.
Elle n’avait que huit ans à cette époque, aujourd’hui elle en a quarante et un et raconte le tournant qu’a pris sa vie lorsque Luc Besson a croisé la route de Maïwenn. Dans son livre « Dire Vrai » disponible ce 1er mai aux éditions Denoël, Isild le Besco se souvient : « Mon monde s’est divisé en deux pôles distincts, deux classes sociales. D’un côté, Belleville, la marginalité, la précarité - émotionnelle surtout ; de l’autre, le luxe et la légèreté à ses côtés. »
En premier lieu, Isild le Besco a mené avec insouciance cette nouvelle vie, côtoyant le réalisateur au quotidien : « Un jour, Luc m’a emmené à l’école à moto. J’étais heureuse ! Fière. […] Je voyais Luc comme la promesse d’un monde meilleur, un idéal. » Celle qui a grandi dans un milieu plus que modeste, découvrait les vacances dans des maisons luxueuses, les piscines, les trajets en hélicoptère…
« Ma sœur a seize ans quand elle donne naissance à sa fille »
Au cours de son récit, Isild le Besco revient sur un détail flou de l’union entre sa sœur et le réalisateur : « 1993. Ma sœur a seize ans quand elle donne naissance à sa fille. Maïwenn nous avait parlé d’un mariage, mais il n’a pas été officialisé en France. Je n’ai aucun souvenir de son accouchement ni de la clinique où il a eu lieu. Pourtant, il y a des dizaines de photos qui établissent ma présence. »
Après cette naissance, Isild Le Besco va voir partir sa sœur : « Quand ma sœur Maïwenn m’a annoncé au téléphone son départ pour les États-Unis, j’avais neuf ans et elle tout juste seize. » Le couple reviendra de temps en temps à Paris, dans un grand appartement près du parc Monceau, accueillant à ces occasions le reste de la fratrie de Maïwenn : Isild, Jowan et Léonor.
Luc Besson sous le charme de Milla Jovovich, la vingtaine également
Un jour le rêve prend fin. Isild le Besco raconte la descente aux enfers de sa sœur, délaissée par Luc Besson : « À Cannes, en 1997, c’était « Le Cinquième Élément » de Luc qui ouvrait le Festival. Maïwenn était absente du tapis rouge, Luc avançait au bras de Milla Jovovich, actrice principale du film. Et sa nouvelle compagne. »
Détrônée par l’actrice ukrainienne, Maïwenn est humiliée, dans son livre, sa sœur raconte : « Elle prenait son courage à deux mains pour figurer aux côtés de Luc et de celle qui l’avait remplacée pendant le tournage. […] À Cannes, la voiture qui devait venir la chercher pour l’ouverture n’est jamais arrivée. Maïwenn avait été oubliée aux yeux du monde entier. Elle s’est rendue seule à la projection, sans caméras. À pied, je crois. »
C'est la fin du faste : « Luc avait le pouvoir de sortir instantanément quelqu’un de son milieu, de lui offrir le rêve de la vie de famille, puis de tout reprendre en un instant. »
« Méfiance et abjection systématique à l’égard des hommes »
Isild le Besco publie ce récit pour dénoncer les agressions sexuelles de Benoît Jacquot, le réalisateur déjà accusé par de nombreuses actrices françaises. Elle profite également de l’écriture pour révéler la rancœur qu’elle conserve à l’égard de l’ex-mari de sa sœur. « Si je me replonge dans l’origine des déviances, le visage de Luc Besson apparaît. […] Toutes ses promesses, il les a mises à feu et à sang. Il a infesté l’avenir en faisant naître chez moi la méfiance et l’abjection systématique à l’égard des hommes. »
L’actrice a recroisé le chemin du réalisateur à plusieurs reprises au cours de sa carrière. Elle se remémore notamment un dîner avec le président Nicolas Sarkozy et sa femme Carla Bruni : « Luc est allé chercher des photos de moi enfant à Los Angeles. Il me montrait les photos avec tendresse, moi je souriais. […] Je pourrais m’en vouloir d’avoir besoin d’un livre pour lui dire ce que je pense de ses actes. »