Guerre au Proche-Orient. Ce que l'on sait des frappes israéliennes ...

Quelques heures après avoir mené une opération terrestre à Gaza et procédé à des tirs sur la banlieue sud de Beyrouth, l’armée israélienne s’en est pris à l’Iran, samedi 26 octobre 2024 au matin.

L’État hébreu a rapidement confirmé ces frappes et a indiqué avoir principalement visé des cibles militaires iraniennes en réponse à la salve de missiles tirée le 1er octobre par Téhéran en direction du territoire israélien.

La tension était palpable au Proche-Orient depuis l’attaque lancée au début du mois par l’Iran, lors de laquelle près de 200 missiles avaient été tirés en direction d’Israël.

Le Hezbollah, allié de l’Iran, avait quant à lui lancé des roquettes en soutien au Hamas, après le début de la vaste offensive israélienne dans la bande de Gaza, en réponse à l’attaque terroriste du 7 octobre 2023.

Après les frappes iraniennes, Benyamin Netanyahou avait indiqué que ces tirs ne resteraient pas impunis et qu’Israël riposterait en temps voulu.

Quand l’attaque israélienne s’est-elle produite ?

Plusieurs fortes explosions ont été entendues tôt samedi à Téhéran, la capitale de l’Iran, et dans la ville voisine de Karaj, ont affirmé les médias iraniens semi-officiels.

La télévision publique iranienne a indiqué que plusieurs fortes explosions avaient été entendues autour de la capitale, mais aucun commentaire officiel n’a été fait dans l’immédiat sur l’origine des explosions.

L’armée israélienne a très vite communiqué sur son opération, en indiquant que ses « capacités défensives et offensives » étaient « pleinement mobilisées » en soulignant avoir mené des frappes sur l’Iran, en représailles à l’attaque de la République islamique sur le territoire israélien le 1er octobre.

Les médias iraniens ont fait état d’au moins deux vagues d’explosions qui ont duré plus de deux heures à Téhéran et dans des bases militaires des environs, minimisant les attaques.

Samedi à 6 h (heure locale), l’armée israélienne a affirmé avoir terminé ses attaques « ciblées ».

L’Iran minimise l’attaque

La télévision d’État iranienne a affirmé que les détonations entendues dans la nuit de vendredi à samedi près de Téhéran sont liées à l’activation du « système de défense aérienne ».

« Les fortes détonations entendues autour de Téhéran étaient liées à l’activation du système de défense aérienne contre l’opération du régime sioniste qui a attaqué trois sites en périphérie de Téhéran », a indiqué la chaîne, en référence à Israël que la République islamique ne reconnaît pas.

Selon un communiqué des forces de défenses aériennes iraniennes, Israël « a attaqué des centres militaires dans les provinces de Téhéran et celles du Khouzestan (sud-ouest) et d’Ilam (ouest) », limitrophes de l’Irak, « dans le cadre d’une opération génératrice de tensions ». Le texte ajoute que l’attaque a causé « à certains endroits des dégâts limités ».

Quelles sont les cibles ?

L’armée israélienne a affirmé avoir effectué des « frappes de précision » sur des cibles militaires en Iran « en réponse à des mois d’attaques continues » de la République islamique.

Les frappes ont visé des sites de fabrication de missiles, des batteries de missiles sol-air et d’autres systèmes aériens dans plusieurs régions du pays en représailles à l’attaque iranienne sur Israël le 1er octobre.

Elle a également mené des frappes sur « des batteries de missiles sol-air et d’autres systèmes aériens qui avaient pour but de restreindre la liberté d’Israël d’opérer en Iran ».

Les chaînes de télévision américaine NBC News et ABC News, citant un responsable israélien, ont rapporté que ni les infrastructures énergétiques, ni les installations nucléaires, n’avaient été visées.

« Aucun incendie ou explosion » n’a été signalé à la principale raffinerie de Téhéran, a indiqué l’agence de presse locale Tasnim, après des explosions près de la capitale iranienne.

Le président américain Joe Biden a prévenu que Washington n’apporterait pas son soutien à une frappe contre les sites nucléaires iraniens et a estimé qu’Israël devait envisager des alternatives à une attaque contre les champs pétroliers iraniens.

Opération de riposte selon Tsahal

« En réponse à des mois d’attaques continues du régime iranien contre l’État d’Israël, l’armée israélienne mène en ce moment des frappes précises sur des cibles militaires en Iran », a indiqué l’armée dans un communiqué.

« Le régime iranien et ses alliés dans la région n’ont eu de cesse d’attaquer Israël depuis le 7 octobre (2023) – sur sept fronts – dont des attaques depuis le sol iranien […]. L’État d’Israël a le droit et le devoir de répondre. Nos capacités défensives et offensives sont pleinement mobilisées », a affirmé l’armée.

Téhéran promet une réponse, Israël menace

L’Iran est prêt à répondre à toute « agression » israélienne, a déclaré samedi l’agence de presse semi-officielle iranienne Tasnim, citant des sources.

« Il ne fait aucun doute qu’Israël devra faire face à une réaction proportionnelle à toute action qu’il entreprend », ont déclaré les sources citées par Tasnim.

Les factions pro iraniennes de la « Résistance islamique en Irak » ont quant à elles revendiqué, samedi à l’aube, une attaque de drone contre une « cible militaire » dans le nord d’Israël, après l’annonce de frappes israéliennes sur l’Iran.

« Les combattants de la Résistance islamique en Irak ont mené une attaque de drone samedi à l’aube contre une cible militaire à Acre », dans le nord d’Israël, selon un communiqué publié sur les chaînes Telegram de cette nébuleuse de groupes armés irakiens alliés de l’Iran.

L’Iran paiera « un prix élevé » en cas de nouvelle escalade, a pourtant averti l’armée israélienne après avoir terminé ses frappes.

« Si le régime iranien commettait l’erreur de débuter un nouveau cycle d’escalade, nous serions obligés de répondre », a assuré le porte-parole de l’armée israélienne dans un communiqué.

La Syrie également visée

L’agence de presse officielle syrienne a rapporté qu’Israël avait aussi mené tôt samedi des frappes contre des sites militaires dans le centre et le sud de la Syrie.

Les défenses aériennes syriennes ont intercepté des missiles lancés par Israël « depuis la direction du plateau du Golan occupé et des territoires libanais », a ajouté SANA.

Israël n’a pas confirmé avoir mené des frappes en Syrie.

Quelle réaction de Washington ?

Yoav Gallant, le ministre de la Défense israélien, s’est entretenu avec le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, peu après le début des frappes israéliennes, a déclaré un responsable américain.

Les États-Unis ont été informés par Israël avant le lancement des frappes, mais n’ont pas pris part à l’opération, a confirmé un responsable américain.

Les frappes d’Israël sur l’Iran constituent « des manœuvres d’autodéfense », a déclaré dans un communiqué un porte-parole de la Maison Blanche.

« Nous comprenons que les frappes ciblées d’Israël contre des cibles militaires en Iran constituent des manœuvres d’autodéfense et viennent en réponse à l’attaque de missiles balistiques iraniens contre Israël le 1er octobre », a déclaré Sean Savett, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de l’exécutif américain.

Bagdad suspend tout trafic aérien

L’Irak a annoncé tôt samedi suspendre le trafic aérien dans tous ses aéroports jusqu’à nouvel ordre en raison des « tensions régionales », l’Iran voisin étant la cible de frappes israéliennes.

« En raison des tensions régionales, le trafic aérien irakien a été suspendu jusqu’à nouvel ordre pour préserver la sûreté de l’aviation civile dans l’espace aérien irakien », a indiqué le ministre des Transports Razzak al-Saadaoui dans un communiqué publié par l’agence officielle INA.

Téhéran avait également annoncé la suspension jusqu’à nouvel ordre de tous les vols dans son espace aérien. « Les vols vont revenir à la normale à partir de 9 (5 h 30 GMT) samedi », a déclaré plus tard le porte-parole de l’Organisation de l’aviation civile iranienne, selon l’agence de presse officielle Irna.