« Une anthologie d'engagement et de courage » : l'hommage d'Emmanuel Macron à Hubert Germain
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« A l’aube comme au crépuscule, Hubert Germain fut le dernier à rendre les armes. » Emmanuel Macron, le président de la République, a salué, vendredi 15 octobre, Hubert Germain « l’ultime héros » des 1 038 compagnons de la Libération, lors d’un hommage national dans la cour des Invalides, à Paris.
Les honneurs militaires lui ont été rendus par les soldats de son ancienne unité, la 13e demi-brigade de Légion étrangère (13e DBLE), qui, coiffés du képi blanc des légionnaires, ont porté ses médailles et son cercueil drapé de bleu, blanc, rouge dans la cour de l’hôtel des Invalides.
« La vie d’Hubert Germain est une anthologie d’engagement et de courage », a résumé le chef de l’Etat devant le cercueil du dernier compagnon de la Libération, mort mardi à l’âge de 101 ans, vantant aussi la « fougue » et la « détermination » de ce « résistant de la première heure », devenu avec le temps « l’incarnation même de tous [ses] compagnons ».
Poursuivre le travail mémorielLe chef de l’Etat a une nouvelle fois salué les compagnons de la Libération, « ce cercle qui a relevé la France de l’abîme », dont Hubert Germain faisait partie depuis 1944, dans un discours empreint de reconnaissance et de tendresse.
Emmanuel Macron, qui avait commémoré aux côtés d’Hubert Germain le 81e anniversaire de l’appel du 18 juin 1940, a également fait le « serment » de poursuivre le travail mémoriel, si cher à ce compagnon de la Libération, qui aimait témoigner notamment dans des établissements scolaires.
Le président a salué les « quêtes inlassables d’une vie de résistance et d’espérance » de l’ancien combattant de la France libre, parti rejoindre le général de Gaulle à Londres en juin 1940 alors qu’il préparait le concours de l’Ecole navale. « Avec ses frères d’armes, il avait défendu la liberté. Avec ses frères d’âmes, toutes celles et ceux qui se reconnaissent comme tels, il allait rebâtir la fraternité », a déclaré le chef de l’Etat, qui avait nommé Hubert Germain chancelier d’honneur de l’ordre de la Libération en novembre 2020.
« Dernier chancelier d’honneur de l’ordre de la Libération, il en a attisé les braises ardentes jusqu’à son dernier souffle, elles ne s’éteindront pas avec lui », a promis Emmanuel Macron, devant plusieurs proches de familles des compagnons de la Libération et des membres du gouvernement dont le premier ministre, Jean Castex.
Après cet hommage national, Emmanuel Macron présidera aussi la cérémonie d’inhumation d’Hubert Germain le 11 novembre à l’Arc de Triomphe et au Mont-Valérien, principal lieu d’exécution des résistants durant la Seconde Guerre mondiale, où son corps reposera dans la crypte du mémorial de la France combattante.
Une vie de combatAprès le décès de Daniel Cordier l’an dernier, Hubert Germain était le dernier compagnon de la Libération sur les 1 038 – dont six femmes – que compta cet ordre créé par le général de Gaulle en novembre 1940 pour les premiers Français à avoir répondu à l’appel du 18 juin.
Fils d’un général des troupes coloniales qui s’était rallié au maréchal Pétain et au régime de Vichy, Hubert Germain s’était illustré avec la 13e DBLE lors de bataille de Bir-Hakeim, en Libye, en 1942. Sérieusement blessé en mai 1944 en Italie où il avait débarqué, il était décoré de la croix de la Libération par le général De Gaulle, avant de débarquer en Provence en août, pour libérer la France de l’occupation nazie.
Démobilisé à la fin de la guerre, Hubert Germain s’était lancé en politique, devenant maire de Saint-Chéron (Essonne), puis dans les années 1960 député et vice-président du groupe UDR, le mouvement gaulliste, et enfin ministre du gouvernement de Pierre Messmer.
Il avait mis « la même ardeur à reconstruire la France d’après-guerre et à refonder la République qu’il avait mise à libérer son pays », avait salué l’Elysée dans un communiqué diffusé mardi à l’annonce de son décès.
Le Monde avec Reuters