Face à l'iPhone 16 d'Apple, la société chinoise Huawei en quête de ...

Huawei tenterait-il de croquer la pomme ? Seulement quelques heures après que le géant californien Apple a présenté sa série d’iPhone 16, dopée à l’intelligence artificielle, la société chinoise a embrayé. A quelque 11 000 kilomètres de là, à Shenzhen (Chine), l’entreprise a vanté les mérites de son nouveau modèle, ce mardi 10 septembre : le Mate XT, premier portable pliable en trois au monde. Et a - non sans un certain esprit de défi - annoncé la date de sortie de son produit : le 20 septembre, jour même de mise en vente de l’iPhone en Chine. Un pied de nez commercial révélateur d’une petite soif de revanche.

Car, aux côtés de la marque de Steve Jobs et du coréen Samsung, Huawei a autrefois fait figure de leader international sur le marché du smartphone. Avant de faire les frais d’une prise de bec entre la Chine et les Etats-Unis. En 2019, la société chinoise est accusée par Washington d’espionner ses utilisateurs au profit des autorités chinoises. Dans la foulée, le pays décide de la sanctionner en la coupant des chaînes d’approvisionnement mondiales en technologies et en composants américains, tels que les puces. Résultat : en 2021, son chiffre d’affaires dégringole de 30 %, à 634 milliards de yuans (plus de 87 milliards d’euros).

Le vent serait-il en train de tourner ? Depuis 2023, le constructeur parvient à contourner l’embargo américain en fabriquant ses propres puces 5 g grâce à une entreprise subventionnée par la Chine. Surtout, avec son design rouge et or et ses airs d’accordéon, le Mate XT séduit. En dépit de son prix quelque peu piquant (19 999 yuans soit plus de 2 500 euros), plus de trois millions de préventes - pour lesquelles aucun acompte n’est requis - ont déjà été reçues par Huawei ce mardi. Un départ en fanfare si l’on en croit les chiffres du cabinet d’études IDC, cité par Reuters, qui estime que l’ensemble du marché mondial des téléphones pliables s’élèverait à environ 4 millions d’unités.

Le nouvel iPhone, de son côté, rencontre quelques pépins. Création d’illustration sur simple requête, courriels résumés, assistant vocal Siri amélioré… Sur le papier, l’Apple Intelligence - l’IA intégrée aux nouveaux appareils créée en partenariat avec OpenAI - impressionne. Un problème, toutefois, irrite les fans de la marque : elle ne sera mise en place que très progressivement. Le mois prochain pour les Etats-Unis. A une date indéterminée pour l’UE du fait d’«incertitudes réglementaires» liées aux nouvelles lois sur les marchés numériques. Et pas avant l’année prochaine pour la Chine.

«Ne devriez-vous pas nous facturer la moitié du prix ?»

De quoi décevoir un certain nombre de consommateurs asiatiques, comme le souligne le South China Morning Post. «L’absence d’intelligence artificielle en Chine revient à couper l’un des bras d’Apple», déplore un internaute sur le réseau social chinois Weibo. Là où un autre renchérit : «Le principal argument de vente étant indisponible, ne devriez-vous pas nous facturer la moitié du prix ?».

En juillet dernier, le géant américain tombait déjà de haut dans le pays. Tandis que le marché des smartphones rencontrait une croissance de 10 % au deuxième trimestre, lui se retrouvait éjecté du top cinq des vendeurs. Et, pour la première fois, était entièrement devancé par des boîtes chinoises. Parmi lesquelles Huawei. Actuellement, le groupe asiatique se situe en quatrième position dans le pays, avec 10,6 millions de portables vendus au deuxième trimestre 2024, estime le cabinet Canalys, cité par Reuters. Quant à expliquer le déclassement de la marque californienne, les analystes mettaient en avant le patriotisme des consommateurs mais aussi l’intégration précoce de l’IA dans certains smartphones chinois ainsi que le succès des mobiles «haut de gamme».

Optimistes, certains experts prédisent désormais, avec le Mate XT, un retour en fanfare de Huawei à l’échelle mondiale. Mais, auprès de Libé, Pascal Malotti, directeur conseil et marketing chez l’agence digitale Valtech France, se montre plus circonspect : «Le grand défi de Huawei va être de se relégitimer auprès du monde occidental. C’est-à-dire de convaincre les utilisateurs que lorsqu’ils ont un produit Huawei, leurs données ne sont pas transférées directement au PCC». Un travail de communication colossal à mener, pour lequel, plus qu’en trois, il lui faudra se plier en quatre.