Au Liban, le changement d'heure de la discorde
Vu de Beyrouth
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C’est une nouvelle crise que peu d’observateurs avaient anticipée. Depuis dimanche matin, la classe politique libanaise s’écharpe autour d’une nouvelle question pour le moins inattendue : quelle heure est-il ? A l’origine de la discorde, une promesse du Premier ministre, Najib Mikati, faite jeudi au président de la Chambre des députés, Nabih Berri. Au détour d’une conversation filmée, le président de la Chambre propose avec légèreté de geler le passage à l’heure d’été jusqu’à la fin du ramadan, commencé le 22 mars. «Ainsi, au lieu [de rompre le jeûne] à 19 heures, on fera ça à 18 heures.» Le Premier ministre s’interroge : «Difficile de le décider maintenant, ça pourrait créer des problèmes avec l’aviation.» Le président de la Chambre lui répond, l’air amusé : «Quelle aviation ?»
Chiche ! Le défi vient d’être lancé. Sans concertation, le Premier ministre déclare officiellement que le passage à l’heure d’été n’aura lieu que le 20 avril. Problème : aucun secteur n’est prêt à assumer ce changement de dernière minute. Pour des raisons techniques, les serveurs automatisés de nombreux médias, transports, ou ministères, dépendent de l’Iana, un organisme qui gère une base de données mondiale de fuseaux horaires. En conséquence, alors que la plupart des sites internet ou appareils électroniques du pays sont passés automatiquement à l’heure d’été, le gouvernement le maintient haut et fort : le Liban est resté à l’heure d’hiver. Tout un imbroglio.
Dans les rue de Beyrouth, la situation est tout aussi ubuesqueDans un Liban toujou