Légende du football turc, Hakan Sükür devenu chauffeur Uber aux Etats-Unis
Drôle de destin que celui réservé à Hakan Sükür, un des plus grands joueurs de l'histoire du football turc et emblématique attaquant de Galatasaray dans les années 90 et au début des années 2000. Celui que l’on surnommait le «Taureau du Bosphore» lorsqu’il martyrisait les défenses adverses (330 buts en 713 matches professionnels) vit désormais aux Etats-Unis. A 48 ans, il accumule les expériences professionnelles précaires après avoir quitté son pays, forcé à l’exil, en 2015.
En 2008, l’ancien international (112 sélections et 51 buts) avait mis un terme à sa carrière avant de se tourner vers la politique. Avec succès puisque trois ans plus tard, il était élu au parlement sous l'étiquette du parti présidentiel, l’AKP, un mouvement islamo-conservateur. Mais, en désaccord avec le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, il démissionnait deux ans après le début de son mandat.
Accusé d'avoir participé à la tentative de coup d'Etat de 2016Dans la foulée, il avait décidé d'entrer dans l’opposition et son positionnement lui a attiré bien des ennuis. Le pouvoir en place l'a considéré comme étant un proche du prédicateur Fethullah Gülen, à l’origine en 2016 du coup d’Etat manqué contre le gouvernement en place. Lui, a toujours nié toute implication dans ces troubles. «La boutique de ma femme a été visée par des jets de pierre, mes enfants ont été harcelés dans la rue. J’ai reçu des menaces après chaque déclaration que j’ai faite», a-t-il expliqué au Welt am Sonntag. Lui et son père ont ensuite fait l'objet d'un mandat d'arrêt émis par la Turquie l’obligeant à quitter le pays pour les Etats-Unis.
Il a tenu un café, vendu des livres avant de devenir chauffeur UberEn Californie, Hakan Sukur a appris que tous ses avoirs en Turquie avaient été gelés par le pouvoir. L’ancien buteur a d’abord tenu un café mais l’aventure a tourné court pour d'obscures raisons après la visite de «gens étranges» dans l’établissement. Placé sous protection de la police pendant un temps, il a été contraint d’enchaîner les petits boulots. Après avoir vendu des livres, le voilà désormais chauffeur Uber à Washington où il continue de dénoncer la politique du président Erdogan, coupable d’avoir, selon lui, confisqué la démocratie au peuple.