Guerre Israël-Hamas : Emmanuel Macron en visite à Tel Aviv, mais ...
JULIEN DE ROSA / AFP
Emmanuel Macron photographié à l’Elysée le 21 juillet (illustration).
POLITIQUE - Après la ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna et la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, c’est au tour d’Emmanuel Macron de se rendre en Israël ce mardi 24 octobre. Sa visite intervient un peu plus de deux semaines après la résurgence du conflit entre le Hamas et Israël, qui a fait 5 000 morts dans la bande de Gaza et 1 500 dans l’État hébreu.
Ce déplacement était particulièrement attendu. Si l’Élysée met en avant les multiples appels du président français avec les dirigeants de la région, le président américain Joe Biden, le chancelier allemand Olaf Scholz, le Premier ministre britannique Rishi Sunak ou encore la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen se sont déjà rendus au chevet d’Israël pour assurer leur soutien à Benyamin Netanyahu.
Pour Dominique Moïsi, conseiller spécial à l’Institut Montaigne, le calendrier d’Emmanuel Macron s’explique par un problème d’embouteillage diplomatique à Tel Aviv. « Les visites se bousculaient, des dirigeants étaient plus pressés que lui. Y aller un peu plus tard, ce n’est pas grave. Ne pas y aller aurait en revanche été un symbole négatif fort », analyse ce spécialiste des questions de géopolitique au HuffPost. L’actualité française était également chargée, avec la mort du professeur Dominique Bernard, assassiné par un jeune terroriste à Arras.
Le dossier des otages est une « priorité »Le chef de l’État va en premier lieu montrer que la France est aux côtés d’Israël.C’est « un message que l’onpeut transmettre en direct et non par Zoom. C’est le symbole qui est essentiel », affirme Dominique Moïsi. Le terme de « symbole » est pourtant récusé par Emmanuel Macron et le gouvernement, qui répètent à l’envi que cette visite doit être« utile » pour la région. « Ma volonté, c’est de pouvoir me déplacer lorsque nous pourrons obtenir un accord concret soit sur la non-escalade, soit sur les questions humanitaires et, plus largement, sur le tout », avait insisté le président français en visite en Albanie il y a quelques jours.
Si le président de la République a trouvé des domaines dans lesquels il pouvait agir, reste à savoir lesquels et comment. En tout cas, la question des otages sera une « priorité » de cette visite à Tel Aviv, souligne-t-on du côté de l’Élysée. Sept Français sont toujours portés disparus, dont une femme retenue avec certitude par le Hamas. Emmanuel Macron a-t-il l’espoir d’obtenir le même résultat que Joe Biden ? Juste après sa visite, deux Américaines ont été libérées grâce à une médiation du Qatar entre Israël et le Hamas.
« La France n’a pas les clés en la matière, pas plus qu’aucun autre pays occidental. Nous avons délégué cette question. Tous les pays qui ont des citoyens pris en otage, dont la France, exercent des pressions sur Israël pour qu’il y ait une certaine priorité donnée à ce sujet géré par le Qatar », estime Dominique Moïsi. L’objectif du déplacement d’Emmanuel Macron, a aussi souligné le porte-parole du gouvernement Olivier Véran sur France 2 ce lundi matin, est d’apporter un soutien « aux 30 familles françaises qui ont perdu un proche ».
Les États-Unis restent l’interlocuteur clé dans la régionEmmanuel Macron voudra aussi réaffirmer, comme les personnalités venues avant lui, l’importance de la protection des civils palestiniens face à la menace d’une intervention armée dans la bande de Gaza et le respect du droit humanitaire. Mais difficile d’avoir de l’influence dans ce domaine, ajoute le géopolitologue interrogé par le HuffPost, car « ce n’est même pas Netanyahu qui est aux commandes. Tout est aux mains des militaires, ce sont eux qui disent ce qu’il faut faire ».
Sur l’aide humanitaire, le président rappellera la position de la France, résumée ce lundi à l’Assemblée par Élisabeth Borne à l’Assemblée : « La distribution d’aide exige une trêve humanitaire qui pourra mener à un cessez-le-feu. »
Autre sujet d’importance qui sera mis sur la table : éviter l’ouverture d’un deuxième front au Liban contre le Hezbollah, qui soutient le Hamas. « La voix diplomatique française porte dans cette région, notamment auprès du Liban (...) de manière à éviter l’escalade »,a affirmé Olivier Véran. Pas si sûr, selon Dominique Moïsi : « Je ne suis pas certain que Beyrouth attende la France comme le Messie et Macron comme le Sauveur. L’acteur-clé, ce sont les États-Unis qui ont déployé deux porte-avions pour dire à Téhéran [allié du Hamas à Gaza et du Hezbollah au Liban] de ne pas faire de bêtises. Les moyens américains sont plus forts que les nôtres et la voix américaine porte plus. »
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Olivier Véran a également évoqué l’Égypte, avec qui il serait aussi possible de discuter pour éviter l’embrasement général au Proche-Orient. Cette fois, Dominique Moïsi confirme. « On a de bonnes relations avec l’Égypte et le Qatar. Paradoxalement, la voix de la France peut être plus entendue au Caire ou à Doha qu’à Beyrouth », juge-t-il.
À l’heure de la publication de notre article, l’Élysée n’a cependant pas confirmé si Emmanuel Macron allait se rendre dans d’autres pays de la région. Lundi soir, la présidence française a toutefois confirmé trois axes principaux pour sa visite, à savoir : « apporter de la solidarité à Israël, prendre des engagements très clairs contre les groupes terroristes et rouvrir une perspective politique » pour un processus de paix, la création d’un État palestinien et « l’arrêt de la colonisation » en Cisjordanie.
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