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Qu'est-ce que le GUD, ce groupuscule d'ultradroite que veut ...

Questce que le GUD ce groupuscule dultradroite que veut
La formation étudiante radicale, créée en 1968 en opposition «au gauchisme et au communisme», est dans la ligne de mire du ministre de l'Intérieur pour ses violentes actions racistes et homophobes.

La formation étudiante radicale, créée en 1968 en opposition «au gauchisme et au communisme», est dans la ligne de mire du ministre de l'Intérieur pour ses violentes actions racistes et homophobes.

«L’idéologie suprémaciste blanche» dans le viseur du gouvernement. Gérald Darmanin a annoncé le 19 juin son intention de dissoudre le Groupe union défense (GUD). « C'est un groupe très ami avec beaucoup de gens du Rassemblement national [RN] (…). Ce sont des gens qui pensent qu'il y a une suprématie blanche et qui portent des propos antisémites extrêmement graves », a notamment assené le locataire de Beauvau sur BFMTV. Jordan Bardella lui a emboîté le pas dans la foulée pour désamorcer toute hypothèse de lien entre le groupuscule et le parti à la flamme, assurant qu’il n'y aurait « aucune forme de tolérance à l'égard de ceux qui se livrent à de la violence dans notre pays » s'il arrivait au pouvoir. « Les organisations d'ultragauche et d'ultradroite seront dissoutes », y compris le GUD, a-t-il martelé.

Passages à tabac, radicalisme, homophobie et antisémitisme : cette organisation étudiante d’extrême droite est dans le collimateur du ministre de l’Intérieur depuis «neuf mois». Ses membres, qui manifestent dans les rues françaises chaque 9 mai pour commémorer la mort d’un militant d’ultradroite, flanqués de drapeaux noirs ornés de la croix celtique et de rats noirs, battent le pavé depuis 1968. Le GUD est l’une des plus vieilles organisations étudiantes d’extrême droite.

Opposition frontale à l’extrême gauche dans les facs

Lorsque le GUD voit le jour, en décembre 1968 à la faculté de droit d’Assas à Paris, «l’université française vit une période particulière», résume le spécialiste de l’extrême droite Jean-Yves Camus. À l’époque, les étudiants des divers groupes gauchistes et les communistes tiennent le haut du pavé. Le GUD se crée «avec l’ambition de reconquérir du terrain dans les facultés en s’opposant frontalement à l’extrême gauche», précise le politologue. Dès ses origines, le GUD fait de la violence un usage systématique pour se faire entendre, «mais les gauchistes ne sont pas en reste», tient à préciser Jean-Yves Camus. À cette époque, «la politique étudiante est violente de manière générale». L’anticommunisme est le moteur du groupe et anime leurs actions jusqu’à la chute de l’empire soviétique et le recul progressif du communisme dans les années 1990.

«Dès lors, leur curseur idéologique se déplace», analyse l’expert. Si l’anti-gauchisme reste la pierre angulaire de leur organisation, il se trouve couplé à un antisémitisme mal déguisé sous le nom d’antisionisme. «À ce titre, le GUD est le vilain petit canard de l’extrême droite », souligne Jean-Yves Camus, «en ce qu’il soutient toujours la résistance armée des Palestiniens qui supprimeraient Israël de la carte.»

Dans le viseur du groupe : «les juifs, les francs-maçons, les LGBT, les gauchistes, les immigrés». En clair, ils défendent «l'idée d'une France blanche, débarrassée de ce qu'ils considèrent comme de la “racaille”», dévoile le spécialiste. Le nombre, difficile à évaluer précisément, s'estime à «quelques centaines, répartis dans les grandes villes». Les membres du groupuscule, essentiellement masculins, viennent de classes sociales toujours plus diverses : «on va du fils de bourgeois réactionnaire qui cherche à se faire une frayeur au prolétaire qui veut la révolution», détaille Jean-Yves Camus.

L'originalité du groupement étudiant se trouve principalement dans son manque total d'effort de formation doctrinale. «Le GUD, c'est surtout le mythe historique de la lutte contre l'emprise gauchiste à l'université, des tabassages et des histoires sordides à répétition», soutient le spécialiste. Au fil des années 2000, la structure du GUD revêt l’allure d’une bande urbaine, désorganisée. La violence reste la matrice principale de leurs actions, faisant du GUD un mouvement éruptif, à la gouvernance «chaotique», «essentiellement parce que lorsque ses membres finissent leurs études, ils quittent le mouvement et s’investissent ailleurs». En toile de fond, «des histoires d'argent, de drogue, d'armes ou de faits d'ultraviolence internes au groupuscule», commente encore Jean-Yves Camus.

Meurtre et passages à tabac

Les démêlés judiciaires s'enchaînent au fil des actions toujours plus violentes. Fragilisé par ces affaires et les nombreuses divergences internes, le GUD est «autodissous» en 2017. Deux mouvements naissent immédiatement de cette séparation : le mouvement nationaliste révolutionnaire Bastion Social, et le groupuscule Zouaves Paris, affilié à la mouvance néofasciste. Les faits d’ultraviolence commis par ces «enfants du GUD» s’enchaînent en cascade. En témoigne le décès par balle le 19 mars 2022 de l'ex-rugbyman Federico Martin Aramburu, dont le meurtrier présumé et principal suspect, Loïc Le Priol, a longtemps milité au GUD, ou encore les violences commises par certains membres des Zouaves Paris à l'encontre de militants de SOS Racisme lors d'un meeting d'Éric Zemmour à Villepinte le 5 juin 2021.

En janvier 2022, Gérald Darmanin annonce la dissolution des Zouaves Paris. Quelques mois plus tard, Marc de Cacqueray-Valménier, ex-chef des Zouaves Paris, fait renaître le GUD de ses cendres. Le 14 décembre 2022, soir de l’affrontement entre France et Maroc dans le cadre de la Coupe du monde de football 40 personnes sont interpellées dans le XVIIe arrondissement, alors qu’elles se dirigeaient en direction des Champs-Élysées. Parmi elles, sept personnes liées à l’ultradroite, dont le leader du GUD, qui sont actuellement poursuivies en appel par la justice pour «participation à un groupement en vue de violences volontaires». Et le 12 juin 2024, quatre militants d'ultradroite, qui affirment des revendications paramilitaires et d'affiliation au GUD et au Rassemblement national sont condamnés à des peines allant de six mois de prison avec sursis à sept mois ferme pour leur participation à une agression homophobe à Paris le 9 juin, alors qu'ils «fêtaient» la victoire du RN aux élections européennes.

«C’est donc pour l’ensemble de ces actions que le GUD est aujourd’hui dans le viseur du gouvernement», pointe Jean-Yves Camus. Reste cependant à voir sur quoi débouchera cette dissolution. «En termes d’objectif, de dirigeant ou de méthode d’action le GUD n’est rien d’autre que la continuité des Zouaves Paris, qui avait déjà été interdit par le gouvernement», explique encore l’historien. En réalité, «ces groupuscules dissous trouvent pour le moment toujours le moyen de se réinventer sous un autre nom».

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