Wimbledon 2024 Simple messieurs Giovanni Mpetshi Perricard ...
Il y avait Alexandre le bienheureux. Il y a Giovanni le bienheureux. Eliminé au dernier tour des qualifications par un autre Français, Maxime Janvier, Mpetshi Perricard n'aurait pas dû être là. Il est rentré dans le tableau grâce à plusieurs forfaits. Lucky loser. Le perdant chanceux. La chance sourit aux audacieux, paraît-il. Elle sourit surtout aux chanceux, mais encore faut-il en faire quelque chose. La faire fructifier. Le Lyonnais en a été capable cette semaine à Wimbledon et son mérite est grand.
Il a su écarter la tête de série en travers de son passage (Sebastian Korda) et, samedi, il a profité d'un adversaire à sa portée en la personne d'Emil Ruusuvuori, tombeur de Stefanos Tsitsipas. Pour la première fois depuis 1995, un lucky loser atteint ainsi la seconde semaine à Wimbledon. Il fait aussi bien que le Belge Dick Norman, le dernier en date à avoir accompli cette performance.
Le plus étonnant, c'est qu'il paraît presque à sa place. Après tout, il était mieux classé que son adversaire du jour et s'il avait dû passer par les qualifications, c'est parce que son bond de géant au classement a été trop tardif pour pouvoir intégrer le grand tableau à temps. La surprise, c'était de le voir tomber en qualifications, où il avait dans le dos la pancarte de la tête de série numéro un.
Mais dans le tennis de haut niveau, personne n'est jamais à l'abri. "Sur le circuit, tout peut arriver, a résumé le Rhodanien. Tu peux perdre contre le 150e mondial. A Roemhampton (où se déroule le tournoi de qualifications, NDLR), j'avais très mal retourné face à Janvier. C'était ma faille. J'ai corrigé le truc." Pour performer sur gazon, il faut bien servir, mais il est presque aussi important de bien relancer. Il n'est pas encore Agassi ou Djokovic, mais contre Korda ou Ruusuvuori, il a su faire jouer quand il le fallait.
Giovanni Mpetshi Perricard.
Crédit: Getty Images
J'étais très nerveux
Il était presque le favori samedi, ce qui relève de l'anomalie compte tenu de son manque de vécu au plus haut niveau et de son statut de lucky loser. Mais son service fait tellement parler ici que Mpteshi Perricard apparaît comme un client potentiellement pénible à jouer pour tout le monde. Jusqu'où pense-t-il pouvoir aller ? "Je ne sais pas, je ne sais vraiment pas. On verra, on verra", a-t-il bredouillé en conférence de presse, comme si la question en elle-même lui semblait surréaliste.
Qu'il savoure déjà cette victoire-là. "Je suis très fier d'avoir décroché cette victoire, dit-il. Au début, le match était très compliqué. J'étais très nerveux. Mais je me suis beaucoup amélioré dans les deuxième et troisième sets. Et j'ai continué sur ma lancée dans le quatrième. Je suis vraiment très content. Mais je veux juste me concentrer sur le prochain match maintenant."
Quoi qu'il arrive, ce ne sera pas un match injouable, face à Lorenzo Musetti, l'ultra-talentueux italien toujours en quête de progrès sur gazon, et l'autre invité surprise de ce tableau, l'Argentin Francisco Comesana, qui débute en Grand Chelem à 24 ans. "Je vais me concentrer sur ce que je sais faire, et voir ce que je peux améliorer, que ce soit Comesana ou Musetti. J'ai déjà perdu contre Musetti, donc on verra", avance prudemment le protégé d'Emmanuel Planque.
Lundi sera à coup sûr une journée très spéciale pour Guivanni Mpetschi Perricard. Parce qu'il jouera donc le tout premier huitième de finale de sa carrière en Grand Chelem, et parce que ce sera, accessoirement (ou pas), son anniversaire. Un quart de finale de Wimbledon le jour de ses 21 ans, potentiellement contre un certain Novak Djokovic, ce serait un joli petit cadeau à s'offrir, non ? Un lucky loser en quart de finale, ce serait tout simplement du jamais vu.