Fête des grands-mères : pourquoi elles refusent qu’on les appelle mémé ou mamie
Le premier dimanche de mars depuis 1987, on célèbre les grands-mères. Cette année, c’est ce dimanche 6 mars 2022.
Cette tradition, née de l’initiative d’une grande marque de café, a été longtemps pointée du doigt comme une opération artificielle et commerciale. Il n’empêche : ces dernières années, bon nombre de Français ont adopté cette occasion de chérir encore plus ce jour-là celles qui tiennent une place particulière dans leur cœur.
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Les grands-mères étant des mamans, elles sont aussi gâtées à la fête des mères. Mais ce 1er dimanche de mars, jour dédié rien qu’à elles, pointe pour certaines une appellation difficile à porter. Appellation, surnom ou « petit nom » qui évoluent d’ailleurs au fil des années.
Mémé, mémère, grand-mère, mamie sont-elles en perte de vitesse ? Et comment appeler sa grand-mère si celle-ci refuse la tradition ? Notre appel à témoignages a montré que la façon dont les petits-enfants appellent leurs aînées avait une importance non négligeable pour ces dernières. Pour de multiples raisons.
De la proximité et de l’affectionLa première raison vient de la proximité et de l’affection que ce lien petit-enfant/grand-mère peut revêtir. Plus le surnom est personnel, incarné, et plus le sentiment d’être unique est renforcé.
C’est ce que relève Nicole : « Je suis grand-mère de deux petits-enfants (2 et 6 ans) qui m’appellent Nanicole. Je voulais un surnom original. Je ne regrette pas et sans doute peu de mamies s’appellent comme ça ».
Comme je suis bretonne, ma petite-fille de 6 ans m’appelle Nanic : c’est beau et mignon.
Nicole
Mamou, Moune, Mamina, Mounette, Nanie, Mamée, Mamily : autant de petits noms que l’on imagine sans peine dans la bouche des petits et qui naissent ou s’éteignent au fil des années.
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Mais choisir son surnom est parfois dicté par une évidence : trop de mamies, ça embrouille les petits.
Chez Martine, 63 ans et cinq petits-enfants de 4 à 12 ans, une mamie, il ne pouvait n’y en avoir qu’une. « La mamie de la famille, c’est ma belle-mère. C’est elle et pas moi. Quand ma petite-fille est arrivée, je ne trouvais pas de surnom, rien ne me plaisait. Le temps passait. Et puis j’ai vu Mamita dans un film et c’est ce que j’ai choisi »
Sauf que c'était un peu long pour la petite qui commençait à parler. Elle l'a réduit à Mita et c'est parfait, parce que mon nom c'est elle qui l'a trouvé ! Je suis Mita pour mes petits-enfants et même leurs amis !
Martine
Même aventure chez Pierrette, à la tête d’une belle et grande famille recomposée. « Quand mon petit-fils était à la maternelle, ma fille qui lui annonçait qui allait le garder chaque mercredi, déroulait Mamie de Bordeaux, Mamie de Blanquefort, Mamie d’Eysines, Mamie de Bègles… Trop de mamies ! Je suis devenue Mamette. Et je suis la seule ! »
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« Mes grands-parents se faisaient appeler mémère et pépère », poursuit Anne, 69 ans. « Moi, ça me renvoie direct à l’ancien temps, celui où l’on se chauffait au charbon de la cuisine sur laquelle mijotaient les faitouts. »
A la naissance de mes enfants, mes parents sont devenus pépé et mémé. Il n'y a pas eu de débat, c'était comme ça. Ma fille accouche dans un mois, je vais devenir mamie. Pour moi, c'est une suite logique.
Anne
Mémère et mémé ont pourtant aujourd’hui marqué un net recul, ces mots étant souvent associés à une image vieillotte et peu glamour.
Chez Rachel, les grands-parents, ce sont BonPapa et BonneMaman. « Ce sont des surnoms classiques que mes beaux-parents assument tout à fait », explique-t-elle. « La famille est plutôt vieille école, eux vouvoyaient leurs parents. Pour ma part, dans BonneMaman, j’entends de la douceur ».
Que se passe-t-il lorsqu'on cherche "mémé" dans le dictionnaire Larousse ? On tombe sur une définition qui manie le chaud-froid.Mémé, nom féminin, abréviation de mémère.► Grand-mère, dans le langage des enfants► Femme d'un certain âge, installée dans sa vie domestique, familiale.Pour le glamour, on repassera !
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Même le très usité, mamie, trouve des détracteurs. Si Marie assume tout à fait son nouveau rôle – « mamie, c’est un des premiers mots qu’a prononcé mon petit-fils » – Sonia, elle, refuse tout net qu’on s’adresse à elle de cette façon.
« Que ce soit mamie ou encore pire, mémé, ce sont des noms qui ne me conviennent pas! », clame cette sexagénaire originaire de l’Oise. « Ces mots véhiculent des images. Ils font de vous une personne vieille et faible. »
Le made in régionsC'est devenu un nom commun : dans les journaux, on lit "une mamie s'est fait renversée par une moto". Ça ne me ressemble pas ! J'assume mon âge mais pas l'image qu'on lui colle.
Marie
Outre les effets de mode, le surnom de nos grands-mères subit aussi les variations régionales. Nous avons recensé quantités de Mamé en Provence, de Mamet ou Mamette en Occitanie, de Mina ou Mammone en Corse, d’Amatxi au Pays basque…
Autant de façons de dire son affection.
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