François-Marie Banier : "Les gens, qu'on prend pour des cons, ont ...

Ami pendant 20 ans avec la femme la plus riche de France, Liliane Bettencourt, héritière de L'Oréal, il a été accusé d'avoir profité de ses largesses. Il a d'ailleurs été condamné pour abus de faiblesse pour cela, à quatre ans de prison avec sursis. Puis il a signé un accord de gré à gré avec Françoise Bettencourt Meyers, sa fille.  La série Netflix sur l'affaire Bettencourt a été un énorme succès, un des documentaires les plus vus de la plateforme. Cette histoire passionne les Français. Jean-Marie Banier vient de le voir et n'est pas du tout d'accord avec le portrait qui est fait de lui.

Mais il n'est pas que cela, il est aussi photographe, peintre, écrivain prolixe, et il publie chez Flammarion ses Dialogues interrompus avec quatre figures du XXᵉ siècle qui l'ont construit, qui lui ont appris, qui ont été ses amis jusqu'à leur mort. Il y a le poète Aragon, l'écrivaine Nathalie Sarraute, figure majeure du Nouveau Roman, Lili Brik, la sœur d'Elsa Triolet dont tous les hommes étaient fous, qui a été la muse du poète russe Vladimir Maïakovski, et Charles de Noailles, dandy richissime mécène avec sa femme Marie-Laure de Noailles, qui étaient aussi ses amis. Charles de Noailles a fait son éducation mondaine, philosophique et artistique. Pour Jean-Marie Banier, ce livre, Dialogues interrompus, est le plus important de sa vie.

François-Marie Banier et son ami Aragon

Les pages avec Aragon, et les échanges avec lui, sont particulièrement savoureux. Il le rencontre une première fois à la fin des années 1960. Il vit avec Elsa Triolet, son grand amour. François-Marie Banier les raccompagne en voiture à la sortie d'un concert de James Brown à l'Olympia. L'année suivante, Elsa meurt. Et c'est à partir de là qu'il deviendra proche d'Aragon. François-Marie Banier raconte leurs déjeuners à la Coupole, ses balades dans Montparnasse et aussi les nuits à parler du Parti communiste, de l'U.R.S.S., de littérature, d'amour, jusqu'à l'aube, rue de Varenne, chez Aragon, qui lui parle aussi d'Elsa, l'amour de sa vie. Il aurait dit à François-Marie Banier qu'elle n'était pas exclusive et qu'elle n'avait dit à Aragon qu'elle l'aimait qu'une seule fois, sur son lit de mort.

François-Marie Bannier : "Ce qui est intéressant dans ce livre, je ne sais pas si c'est tellement le portrait d'Aragon, mais c'est aussi le portrait de cette femme, Elsa Triolet. Pendant 50 ans, on s'est moqué d'elle, on l'a insultée alors qu'elle était une très grande écrivain. Lui ne s'est jamais inscrit au Parti communiste à cause de cette femme puisqu'il y était depuis quatre-cinq ans avant de la connaître. Pendant toute sa vie, cette femme a été moquée, a été vue comme quelqu'un de traviole. Alors que c'était quelqu'un d'absolument remarquable. [...] Parce que les Français sont très racistes, et parce qu'elle était russe et qu'elle était juive. C'est dégueulasse, parce que c'est une femme sensationnelle."

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