Remaniement : François Bayrou complique la délicate équation d ...
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Un remaniement ? Quel remaniement ? Emmanuel Macron observe l’agitation parisienne et l’émoi de ses troupes, inquiètes de savoir si elles seront ou pas dans la deuxième vague de nominations du gouvernement. Le président de la République laisse entendre qu’il n’est guère pressé de finaliser l’équipe qui doit compléter le « pack » de ministres annoncés le 11 janvier. Mardi 6 février, après avoir déjeuné pendant plus de deux heures avec le premier ministre, Gabriel Attal, sans parvenir à finaliser une liste de noms permettant de remplir toutes les exigences requises (parité, représentation des forces politiques du camp présidentiel et d’une province trop oubliée dans le casting des quatorze ministres en place…), le chef de l’Etat a filé en catimini dans le Doubs pour, explique l’Elysée, « échanger en petit comité, avec différents agriculteurs sur une exploitation ».
Aucun journaliste n’avait été convié, et la visite éclair n’a été dévoilée que grâce à Marcel, gérant du bar-tabac de la petite commune de Roulans, sidéré, aux dires de l’Est républicain, de voir le président de la République, accoudé au comptoir lui réclamer un expresso. L’illustration, selon le palais présidentiel, de la répartition des rôles entre Emmanuel Macron et le chef de la majorité. Régulièrement accusé de se mêler de tout, y compris du détail, le premier entend rester en « surplomb ». Il tenait à cette virée en Bourgogne-Franche-Comté pour, explique son entourage, « voir sur le terrain comment se développent les politiques publiques ». « Ça l’obsède », assure un conseiller de l’Elysée.
Pendant que le chef de l’Etat s’aère, charge à Gabriel Attal de finaliser la proposition d’une liste d’une quinzaine de ministres délégués et de secrétaires d’Etat. L’équation, qui en était au « final cut » mardi, selon un conseiller de l’Elysée, s’est compliquée ces dernières heures. La relaxe de François Bayrou, lundi, dans l’affaire des assistants parlementaires du MoDem, « au bénéfice du doute », a transformé le centriste en ministrable. Le nom du septuagénaire est cité pour remplacer Amélie Oudéa-Castéra au ministère « XXL » de l’éducation, des sports, de la jeunesse et des Jeux olympiques et paralympiques. L’ancienne championne de tennis, qui s’était distinguée au ministère des sports, est très fragilisée par plusieurs polémiques, notamment celle sur la scolarisation de ses enfants dans le privé.
« Des poids lourds, on en a déjà »
Le patron du MoDem, qui s’est entretenu une heure avec le chef de l’Etat lundi, n’a pas manqué de faire acte de candidature pour redresser la barre à l’éducation. « Il y a beaucoup de manières de servir, je n’en ai jamais éliminé aucune, ni choisi aucune », a lancé le maire de Pau lors d’un entretien sur RMC, mardi, ajoutant : « Je ne me suis jamais dérobé à aucune demande de service pour notre pays, jamais. » Gabriel Attal n’ignore pas que le Palois était rétif à sa nomination à Matignon, plaidant pour l’arrivée de l’ancien ministre de l’agriculture, Julien Denormandie. Mais le locataire de Matignon semble s’être fait une raison. Et confiait au Monde,en marge d’un déplacement officiel à Berlin, lundi : « J’ai tout intérêt à avoir des poids lourds dans l’équipe. Ceux qui considèrent qu’ils s’affaiblissent quand ils ont des gens forts autour d’eux se trompent. La politique, ce sont des additions, pas des soustractions. »
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