«Megalopolis» : le comportement de Francis Ford Coppola sur le ...
Polémique
Un film que le réalisateur décrit comme son «scénario rêvé», qui s’est développé dans son esprit pendant quarante ans. Mais à lire l’expérience de tournage vécue par plusieurs de ses collaborateurs, telle que rapportée par le Guardian, on est loin du rêve pour ce film au budget géant de 120 millions de dollars. Un article publié mardi 14 mai dans le journal britannique étrille le réalisateur américain Francis Ford Coppola, qui a notamment remporté deux fois la palme d’or au Festival de Cannes. A l’occasion de cette édition 2024, il présente son dernier film Megalopolis, dont la genèse a été tout sauf un long fleuve tranquille d’après le quotidien britannique.
Ce film, présenté parle réalisateur de 85 ans comme «une épopée romaine transposée dans l’Amérique moderne», est né durant le tournage d’Apocalypse Nowen 1979. A la presse, Adam Driver et d’autres acteurs ont décrit une expérience positive. Sauf que selon des sources citées par le Guardian, sa réalisation a été presque aussi chaotique que celle d’Apocalypse Now.
Selon l’article du Guardian, pour ce dernier projet, «beaucoup de temps et d’efforts auraient été gaspillés» au cours de la production, tandis que le tournage aurait été ponctué de démissions, le tout en compagnie d’un Francis Ford Coppola à «la vision exaspérante». Un article au vitriol, qui raconte les supposés déboires de ce tournage au script réécrit «au moins 300 fois» : d’après un membre de l’équipe cité par le journal britannique, «c’était comme regarder un train dérailler après jour, semaine après semaine. Tout en ayant conscience que tout le monde fait de son mieux pour éviter cet accident.»
«Il restait dans sa caravane, ne parlait à personne, fumait souvent de la marijuana»
«A chaque nouvelle réunion, il arrivait avec une idée différente», enchaîne-t-il, évoquant notamment les échanges tendus avec l’acteur Shia LaBeouf.A un membre de l’équipe qui lui aurait demandé plus de précisions sur le film, Coppola aurait répondu : «Comment pouvez-vous comprendre à quoi ressemble Megalopolis alors que je ne sais même pas à quoi ressemble Megalopolis ?»
Un autre membre de l’équipe se souvient : «Il se présentait souvent le matin avant ces grandes séquences et comme aucun plan n’avait été mis en place, et parce qu’il ne permettait pas à ses collaborateurs de mettre en place un plan, il restait souvent assis. Des heures durant, il restait dans sa caravane, ne parlait à personne, fumait souvent de la marijuana… Et les heures passaient sans que rien ne soit filmé. L’équipe et les acteurs attendaient tous. Puis, il sortait et arrivait avec une idée qui n’avait pas de sens et n’avait aucun rapport avec ce qui était écrit dans le script ou bien évoqué quelques heures plus tôt.» Avant d’ajouter : «Cela semble fou à dire, mais il y avait des moments où nous nous demandions tous : “Ce type a-t-il déjà fait un film auparavant ?”»
Lors du premier jour de tournage, le Guardian rapporte que l’acteur Adam Driver est resté sur une chaise durant six heures, le faisceau d’un projecteur braqué sur son son visage. Un micmac de cinéaste : Coppola souhaitait obtenir un effet similaire à celui réalisé trente ans plus tôt sur le film Dracula, avec Winona Ryder, Keanu Reeves ou encore Gary Oldman. «Je suis tout à fait favorable à l’expérimentation, mais c’est vraiment ce que vous voulez faire le premier jour avec votre acteur à 10 millions de dollars ? L’effet aurait été rapide et facile à créer numériquement», pointe un technicien auprès du Guardian, allant même jusqu’à dire que le réalisateur passait «littéralement une demi-journée sur ce qui aurait pu être fait en 10 minutes».
Selon un témoignage, Coppola aurait tenté d’embrasser une figurante
Les choses auraient atteint leur paroxysme en décembre 2022, à peu près à mi-chemin des seize semaines de tournage, lorsque la plupart des équipes d’effets visuels et artistiques ont été licenciées ou ont démissionné, rapporte l’article.
Après le portrait d’un Coppola paumé, le Guardian enfonce le clou. Selon un témoignage rapporté par le quotidien britannique, Francis Ford Coppola aurait incité des femmes à s’asseoir sur ses genoux et aurait tenté d’embrasser une figurante. En réponse aux accusations et autres commentaires sur le comportement du cinéaste sur le plateau, le coproducteur exécutif Darren Demeter défend son vieux camarade et botte en touche : «C’était sa façon d’aider à inspirer et à établir l’atmosphère d’un club, qui était si importante pour le film. Je n’ai jamais eu connaissance de plaintes pour harcèlement ou mauvais comportement au cours du projet.»