« Megalopolis » : Francis Ford Coppola répond aux critiques qui ont ...
« Un mélange prétentieux et abscons » (Télérama). « Un opéra bouffi et ça nous fait mal de l'écrire » (Le Nouvel Obs). « L'aventure d'une vie qui tourne à la catastrophe » (Vanity Fair). Une dernière ? « On dort debout » (Le Figaro). On pourrait continuer longtemps comme cela : à propos de Megalopolis, le film-monstre de Francis Ford Coppola présenté jeudi 16 mai au 77e festival de Cannes, la critique s'est surpassée et a mis les petits plats dans les grands. En général, même lorsque l'on s'appelle Coppla, qu'on est l'auteur de Conversation secrète, du Parrain I et II, d'Apocalypse Now ou encore de Rusty James, on ne se remet pas de ce genre de fusillade en règle.
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Alors forcément, la présence samedi soir de Francis Ford Coppola en invité-événement dans Quelle époque!, le talk show à succès de Léa Salamé sur France 2, dans une émission qui plus est en direct, était très attendue. L'animatrice allait-elle poser LA question qu'il fallait absolument lui poser ? Comment dort le réalisateur du Parrain depuis deux jours ? Dort-il, seulement ? Après des retours émouvants sur une carrière longue comme le bras, Léa Salamé a fait le métier : « Francis Ford Coppola, il y a ceux qui ont adoré et ont trouvé le film absolument fascinant et visionnaire, mais il y a aussi ceux qui critiquent durement le film. Est-ce que vous avez lu ces critiques ? Est-ce qu'elles vous touchent ou non ? » Silence en plateau…
Des chips et des burgers
Loin d'esquiver la question, mais sans non plus l'aborder frontalement, l'un des derniers maîtres du cinéma s'est alors lancé à sa manière dans un décryptage de la société de consommation rapporté au 7e art : « Lorsque vous mangez une chips, savez-vous que des gens ont dépensé des millions de dollars sur le dosage de sel, de sucre… ?, a commencé par expliquer le réalisateur. Pas pour que la chips soit bonne, non, mais bien pour que vous continuiez à en manger beaucoup d'autres. Quand vous mangez un burger qui vient de chez McDonald's, c'est la même chose. Ils dépensent beaucoup d'argent. Pas pour que vous ayez quelque chose de nutritionnellement bon, mais pour que vous retrouviez un goût connu. C'est exactement la même chose avec les films… »
Le décor était planté, il fallait enfoncer le clou : « Quand on va voir un film, poursuit le réalisateur, des millions de dollars ont été dépensés pour vous apprendre comment regarder le film. Dès la première minute, on doit voir le héros. A la deuxième minute, on doit voir le méchant. L'idée est de consommer un film, ils veulent faire de nous des consommateurs. C'est à leur avantage. Alors si vous proposez un film qui ne se conforme pas à cette formule, les gens vont dire que ça n'est pas un bon film. Parce qu'ils attendent ce qu'on leur a appris qu'il fallait attendre… »
Avant de conclure, martial et définitif, en convoquant dans son raisonnement les algorithmes de la net-économie : « Pensez par vous même. La publicité est là pour vous définir comme personne. Il y a longtemps, lorsque vous étiez potier, vous étiez connu et reconnu pour cela : un potier. Aujourd'hui vous êtes connu pour ce que vous consommez. Tout ça, c'est pour mieux nous contrôler. »
Voilà pour la parole donnée à la défense. Reste le film, signé d'un des plus grands génies du cinéma, Megalopolis. A voir d'urgence en salle pour se faire sa propre idée. Ou pas…