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Avec Megalopolis, Francis Ford Coppola signe le meilleur film de ...

Avec Megalopolis Francis Ford Coppola signe le meilleur film de
Sans doute le film le plus attendu du Festival de Cannes 2024, Megalopolis de Francis Ford Coppola se présente comme un projet ambitieux aux messages datés – tant dans ces codes visuels que dans la construction de ses personnages.

Dire que le Megalopolis de Francis Ford Coppola était le film le plus attendu du Festival de Cannes est un euphémisme. Il suffit de voir la scène à la sortie de la première séance consacrée au film, ce jeudi 16 mai 2024 sur la Croisette : micros et caméras se bousculent à mesure que les spectateur·ices sortent de salle, avec une question répétée inlassablement : “Pouvez-vous nous dire ce que vous avez pensé du film ?”.

Qu'avons-nous pensé du nouveau film de Francis Ford Coppola – le premier en 13 ans ? Nous-même, nous avons du mal à répondre à cette question, tant Megalopolis est un objet cinématographique non-identifié, un long-métrage de deux heures et demie qui semble vouloir explorer toutes les directions qui s'offrent à lui, sans toutefois se faire le film révolutionnaire qu'il prétendait être. Alors, chef d'œuvre ou arnaque ? Essayons de répondre à la question.

Megalopolis

© Le Pacte

Une fresque historique aux contours temporels flous

Avec Megalopolis, Francis Ford Coppola installe son récit dans une dimension spatio-temporelle étrange, dont nous peinons à définir les contours. Présenté comme une ville futuriste, à la croisée d'un New York à la dérive et d'une Rome antique, la ville de New Rome, telle qu'elle est désignée dans le film, n'a pourtant de nouveau que son nom. Tous ses protagonistes, ou presque, empruntent leurs sobriquets à des personnages célèbres de l'empire romain. Adam Driver est César Catilina, Giancarlo Esposito est le maire Franklyn Cicero, Grace VanderWaal est la chanteuse Vesta Sweetwater. Pourtant, malgré les références latines accumulées tout au long du film, des saturnales à la poésie de Sappho, il nous reste difficile de croire à cette cité fictive à l'âge indéfini. En réalité, New Rome ressemble à de nombreux égards à notre monde contemporaine, dans ses excès et ses travers, à tel point que l'on s'interroge sur la volonté de Coppola de déplacer son récit dans une réalité alternative, où le temps peut être arrêté par la simple volonté – un pouvoir détenu par le personnage d'Adam Driver, et qui ne sera jamais expliqué – et où la télékinésie est monnaie courante.

C'est désormais connu : ce Megalopolis, projet mastodonte du cinéaste américain, serait né dans son esprit en 1977. Son développement aurait ainsi débuté à l'aube des années 80. Et oui, cela se ressent. Beaucoup. Ponctué par les retards, les reports et les annulations, le film présenté aujourd'hui sous nos yeux semble complètement dépassé, sans vraiment proposer d'idée nouvelle. Pourtant, ces questions de départ nous apparaissaient comme passionnantes : quand peut-on considérer qu'un empire se meurt ? Comment concevoir le futur d'une cité, et de ses habitants, tout en prenant soin de leur présent ? Quels sont les maux gangrenés par le populisme ? L'utopie est-elle un projet politique viable ? Toutes sont des interrogations soulevées par Coppola dans Megalopolis. Mais le cinéaste semble avoir égaré les réponses en cours de route…

Justice pour les femmes de Megalopolis

Dans le monde rétro-futuriste de Francis Ford Coppola, les femmes n'ont que peu de choix : elles peuvent être des jeunes et belles amoureuses au regard tendre, comme Nathalie Emmanuel qui n'a d'yeux que pour le génie torturé d'Adam Driver. Ou bien, être des vipères vénales à l'image d'une Aubrey Plaza en très grande forme – sans doute le personnage le plus réjouissant de ce conte moderne – dont la cupidité et le désir, présenté comme monstrueux, se voient punis par un destin funeste. Là encore, le bât blesse. Le projet Megalopolis a-t-il dû attendre à ce point, pour que ces personnages féminins soient moins bien traités que dans un film de série B des années 80 ?

Si dans sa première partie, Megalopolis fait revivre le génie de Coppola, notamment dans l'exploration de ses profondeurs de champ hypnotiques, ses contre-plongées enivrantes et ses split-screens supposés souligner la démesure et la décadence de cette cité maudite, le rythme du film s'emmêle et trébuche, à mesure que les minutes passent. L'histoire d'amour qui unit les personnages d'Adam Driver et de Nathalie Emmanuel est à peine crédible, tant le premier semblait encore pleurer sa défunte épouse, une ou deux scènes avant d'embrasser la jeune femme. À cette intrigue romantique s'ajoute un discours nébuleux sur la politique, qui mêle swastikas et citations du philosophe américain Ralph Waldo Emerson (“L'humanité finira par mourir de sa propre civilisation”). Un capharnaüm diffus et indigeste, pourtant présenté comme une fable dès son introduction. Définie comme un récit allégorique d'où l'on tire une moralité, la fable de Francis Ford Coppola, nous paraît trouble – insaisissable. Comme un projet qui serait resté bien trop d'années sur le bureau du cinéaste, prenant la poussière, sans que ce dernier n'ait eu l'idée de le remettre à jour. Un peu comme ces statues aperçues dans la pénombre de sa ville dystopique, écrasées par le poids du temps, s'effondrant les unes après les autres.

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