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Pourquoi le pack du XV de France roule sur ses adversaires

Pourquoi le pack du XV de France roule sur ses adversaires
Sous l’ère Galthié, les avants du XV de France se sont imposés comme des références mondiales. Les Gallois sont les premiers à s’en méfier avant le choc de ce vendredi dans le Tournoi des V

De notre envoyé spécial à Cardiff,

Après cinq mois d’absence suivis d’un seul petit match avec son équipe de Cardiff, Josh Navidi, sa coupe rasta et son épaule convalescente vont déjà retrouver la sélection galloise ce vendredi. Le patron du XV au Poireau Wayne Pivac n’a pas eu le choix. Il a précipité la rentrée de son précieux flanker car il n’avait rien de mieux sous la main pour tenter de calmer la furia des avants français dans les regroupements.

Si le grand public se pâme devant les démarrages d’Antoine Dupont ou l’élégance de Romain Ntamack, les adversaires craignent au moins autant les qualités du huit de devant, qui a déblayé un à un jusqu’à présent, façon tractopelle, les obstacles sur la route du Grand Chelem. Evénement rare dans un sport aussi traumatisant, sa compo au coup d’envoi ce vendredi sera la même que lors des deux matchs précédents, contre l’Irlande (30-24) puis l’Ecosse (17-36).

Le puissant n° 8 gallois Taulupe Faletau, pourtant pas le genre à se faire piquer le goûter à la récré, a appelé ses collègues à la mobilisation avant le choc au Millennium. « Sinon, ils vont juste nous brutaliser pendant tout le match », redoute le troisième ligne centre d’1,87 m pour 110 kg et des miettes.

« Les avants français maîtrisent tous les domaines, la mêlée, la touche et ils sont performants dans les zones de contact, salue Sébastien Bruno, ancien entraîneur de la mêlée bleue sous l’ère Jacques Brunel, achevée lors de la Coupe du monde 2019. C’est une référence en ce moment sur le plan mondial. »

Un France – Afrique du Sud polymusclé à venir

Et peut-être même LA référence, après les crash-tests réussis face à des cadors comme la Nouvelle-Zélande (40-25) à l’automne dernier, ou l’Irlande dans ce Tournoi des 6 Nations ? « Je pense que le pack le plus costaud depuis un moment, c’est celui de l’Afrique du Sud [que la France défiera en novembre], juge l’ancien talonneur international, désormais engagé du côté de la sélection des moins de 20 ans et du Stade Niçois (Nationale, 3e division). Mais on est en train de bien le rattraper. »

« On parle beaucoup du pack sud-africain, mais il faut voir secteur par secteur », nuance Julien Puricelli, l’entraîneur de la touche au Lyon OU, où évoluent Cretin (titulaire contre l’Italie en ouverture du Tournoi, 37-10), Bamba, Taofifenua, Rey ou le grand blessé Geraci, membres du groupe élargi des Bleus.

« Défensivement, dans le mouvement général, pour moi, les Français sont les meilleurs. Le pack est très homogène, capable d’amener du danger offensivement et défensivement. Tous les joueurs sont capables de tout faire. Les Boks ont une grosse force de percussion et une grosse conquête mais ils sont peut-être moins mobiles dans le mouvement général, cela rend leur jeu plus stéréotypé. »

La mobilité, voilà l’un des grands secrets du retour au plus haut niveau des « gros » Français et par là même de l’équipe en général, après une décennie aussi morose qu’un film des frères Dardenne. « Le cinq de devant est la plus grande plus-value depuis deux ou trois ans alors qu’auparavant, le secteur était pointé du doigt », lâche Puricelli, qui cause des Bleus de temps à autre avec son ami Karim Ghezzal, autre figure lyonnaise en charge de la touche au côté de Galthié.

Perdre des kilos pour gagner du coffre

Les « tracteurs » de la 2e ligne Willemse et Taofifenua (forfait ce vendredi pour cause de Covid) ont tombé quelques kilos pour pouvoir rouler un peu plus vite et plus loin, le pilier droit Atonio n’a jamais été aussi performant que depuis qu’il est trentenaire alors que le pilier gauche Cyril Baille et le talonneur-gratteur Julien Marchand trônent tout en haut de la hiérarchie mondiale à leur poste.

Quant à Cameron Woki, il a musclé son jeu et le reste pour pouvoir grimper en 2e ligne, et laisser le trio Jelonch – Alldritt – Cros jouer les gros porteurs en 3e ligne (le n° 8 Rochelais avec 41 ballons portés domine le classement individuel des 6 Nations).

Cameron Woki lors d'un entraînement du XV de France à Marcoussis, le 23 février 2022. Devant lui, François Cros (flou) et Paul Willemse.
Cameron Woki lors d'un entraînement du XV de France à Marcoussis, le 23 février 2022. Devant lui, François Cros (flou) et Paul Willemse. - Franck Fife / AFP

« J’avais quelques doutes sur la capacité de Cameron à pouvoir suivre le rythme tout en produisant les efforts en mêlée qui sont conséquents en 2e ligne à ce niveau », avoue Olivier Brouzet, ancien « seconde latte » aux 72 sélections entre 1994 et 2003, puis jusqu’en 2020, directeur du développement à l’UBB où évolue Woki.

« Mais il s’en est très bien sorti. Il offre la solution en touche pour pouvoir contrer les équipes adverses. J’avais été assez séduit par la paire Le Roux – Willemse, mais bon, cet attelage Woki – Willemse n’est pas si mal. Il manque peut-être à cette 3e ligne un joueur de ballon comme l’était Olivier Magne, capable d’aller jouer au milieu du terrain. C’est mon seul bémol, et il n’est pas très conséquent. » Woki affiche à ce jour 17 ballons captés en touche, le deuxième meilleur total des 6 Nations, après l’Italien Federico Ruzza (19).

Un réservoir bien rempli

Outre la qualité des titulaires, l’encadrement peut s’appuyer pour achever le boulot après 50 ou 60 minutes de jeu sur celle des « finisseurs ». Une formulation finalement pas si LinkedIn qu’elle pouvait le sembler lorsqu’elle a commencé à fleurir dans la com de la FFR. Avec la génération des champions du monde U20 en 2018 et 2019, la richesse est partout, au point que la grave blessure de Charles Ollivon, 3e ligne et capitaine charismatique du début de l’ère Galthié, a été digérée sans un ballonnement.

Allez, s’il fallait pinailler, et sans vouloir fâcher Haouas, Bamba ou Aldegheri qui poussent derrière le titulaire Atonio (ils sont costauds en plus, les bougres), le poste de pilier droit reste peut-être le plus « fragile ». « C’est le grand drame du rugby français, constate Brouzet, désormais restaurateur et vigneron dans le Bordelais. Cela a toujours été une denrée rare. Mais il y a quand même quelques joueurs qui montrent le bout de leur nez. »

Le pilier droit Uini Atonio a pris une nouvelle dimension ces derniers mois.
Le pilier droit Uini Atonio a pris une nouvelle dimension ces derniers mois. - David Gibson / Fotosport / Shutterstock / Sipa

Et qui se bougent sans arrêt, bien loin du « pilar » à l’ancienne, joueur massif se rendant à petite foulée d’une mêlée à une autre. « C’était notre gros problème, confesse Sébastien Bruno, dans une référence à l’avant-Galthié. On avait des joueurs très physiques, on faisait de grosses premières mi-temps, mais on explosait souvent à la fin. Le préparateur physique Thibault Giroud a vraiment effectué un gros travail, et l’encadrement a trouvé le profil pour ce jeu-là. »

Coureurs, plaqueurs, récupérateurs

Un jeu où l’on tape beaucoup (les Bleus ont gagné plus de 3.000 m au pied lors des trois premiers matchs du Tournoi, largement plus que les autres équipes) et où l’on court autant pour chasser l’adversaire et in fine récupérer le ballon. Les sécateurs et récupérateurs français (Anthony Jelonch, avec 38 plaquages, figure dans le Top 5 de la compétition) s’en donnent alors à cœur joie pour provoquer les fameux « turn-overs » (21, meilleur total avec l’Angleterre) et marquer des essais en même temps que le moral de l’adversaire. A la grande joie de Shaun Edwards, l'entraîneur de la défense.

« Ce qui me plaît vraiment dans cette équipe de France, c’est ce qu’elle dégage dans l’envie de jouer, de gagner, dans l’investissement des joueurs, s’enthousiasme Puricelli. Il y a une vraie cohésion. » Maintenant, il ne reste plus qu’à remporter des titres. Pour commencer, on ne cracherait pas sur un Grand Chelem, que l’on attend depuis l’ère Sarkozy, en 2010.

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