À la Fête de l'Humanité, «combattre l'antisémitisme» avec… Houria ...
On pourrait croire à une blague… mais non. Les organisateurs de la Fête de l’Humanité ont bel et bien invité la fondatrice du Parti des Indigènes de la République (PIR) Houria Bouteldja à participer à un débat sobrement intitulé « Combattre l’antisémitisme : par-delà ses instrumentalisations sionistes et islamophobes » à l’occasion de l’événement qui aura lieu au Plessis-Pâté (Essonne).
Une annonce qui n’a pas manqué de susciter la polémique sur les réseaux sociaux. Et pour cause : la militante décoloniale est régulièrement pointée du doigt pour ses propos sur les juifs. « Combattre l’antisémitisme avec Houria Bouteldja et les indigènes de la République. Qui a dit que la gauche a perdu le sens de l’humour ? », a déploré le journaliste Lucas Jakubowicz sur X.
« Et si on invitait Patrick Poivre d'Arvor pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles ? », a renchéri Génération Charlie, une association de jeunesse « laïque et irresponsable » liée à Charlie Hebdo, qui incite les spectateurs à se tourner plutôt vers le stand du Collectif Golem de Jonas Pardo – qui se présente comme un « sioniste de gauche », critique du gouvernement israélien.
« Les sionistes au goulag »
Les accusations d’antisémitisme à l’encontre de l’auteure de Beaufs et Barbares (La Fabrique, 2023) ne datent pas d’hier. En 2013 déjà, elle provoquait une vive controverse en posant sur une photographie aux côtés d’une pancarte où il était écrit : « Les sionistes au goulag ! »
Son livre Les Blancs, les Juifs et nous : vers une politique de l’amour révolutionnaire (La Fabrique, 2016) avait lui aussi été critiqué, aussi bien dans Le Point que dans Libération ou Marianne, en raison de ses thèses « racialistes », de sa « dérive identitaire » et de son obsession pour la question israélienne.
« On ne reconnaît pas un juif parce qu’il se déclare juif mais à sa soif de vouloir se fondre dans la blanchité », écrivait-elle par exemple dans cet ouvrage, insinuant ainsi que ces derniers auraient pactisé avec les Blancs. Ou encore : « Le pire, c’est mon regard, lorsque je croise dans la rue un enfant portant une kippa. Cet instant furtif où je m’arrête pour le regarder. Le pire c’est la disparition de mon indifférence vis-à-vis de vous, le possible prélude de ma ruine intérieure. »
Proche de LFI
Mais le rapport aux juifs de Houria Bouteldja n’est pas le seul objet de controverse de son idéologie. En 2016, lors d’un débat dans l’émission « Ce soir (ou jamais !) » sur France 2, l’ancien membre de La France insoumise Thomas Guénolé documentait son « racisme » et sa misogynie, citant notamment un passage de son livre où elle estimait que « si une femme noire est violée par un Noir, c’est compréhensible qu’elle ne porte pas plainte pour protéger la communauté noire ».
« Comme chacun sait, la tarlouze n’est pas tout à fait un homme. Ainsi, l’Arabe qui perd sa puissance virile n’est plus un homme », assurait-elle encore dans cet essai également qualifié d’homophobe par de nombreux commentateurs.
Malgré la cargaison de casseroles qu’elle traîne, l’ancienne porte-parole du PIR n’en demeure pas moins soutenue par de nombreux intellectuels de gauche tels que l’écrivain François Bégaudeau ou le prix Nobel de littérature Annie Ernaux, laquelle n’hésitait pas à signer une tribune pour la défendre en 2021.
Depuis plusieurs années, Houria Bouteldja et ses proches (les anciens du PIR, les membres du collectif antisioniste Tsedek, la chaîne Youtube décoloniale Parole d’Honneur…) évoluent par ailleurs dans une galaxie proche de La France insoumise, ne cachant pas leurs liens avec la députée Danièle Obono ou leur proximité idéologique avec l’eurodéputée Rima Hassan.
« C’est un butin de guerre », se félicitait-elle même à propos de Jean-Luc Mélenchon dans un live sur Twitch en 2021, ravie de voir celui qui était autrefois « une espèce de laïcard de dingue » dire aujourd’hui « des choses qu’il n’aurait jamais dites il y a quinze ans ».