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« En attendant Bojangles » : une représentation assez convenue du bonheur fou

 En attendant Bojangles   une représentation assez convenue du bonheur fou
Adapté du best-seller d’Olivier Bourdeaut, le film de Régis Roinsard réussit à émouvoir, par moments, malgré une mise en scène faussement fofolle.
Georges (Romain Duris) et Camille (Virginie Efira) dans « En attendant Bojangles » (2021), de Régis Roinsard.Georges (Romain Duris) et Camille (Virginie Efira) dans « En attendant Bojangles » (2021), de Régis Roinsard.
Georges (Romain Duris) et Camille (Virginie Efira) dans « En attendant Bojangles » (2021), de Régis Roinsard. ROGER ARPAJOU/CURIOSA FILMS

Camille et Georges n’agissent ni ne parlent comme tout le monde, privilégiant l’euphorie d’une fête perpétuelle et un train-train volontairement fantasque. Coup de foudre en 1958, naissance d’un enfant unique quelques années plus tard, ils se vouvoient comme le font les ducs et les comtesses, dansent nuit et jour avec des amis de toutes les origines, sans se préoccuper des basses besognes du monde, à savoir se tuer à la tâche et régler les factures.

Cette adaptation par Régis Roinsard du best-seller (2016) d’Olivier Bourdeaut, lui-même inspiré de la chanson de Nina Simone (Mr. Bojangles, 1971) et de la prose imagée de Boris Vian, se heurte à une approche purement illustrative de la fantaisie revendiquée par le couple. Délaissant le point de vue du fils pour celui du père, le film fabrique une représentation assez convenue du bonheur fou : autour de deux visages connus (Virginie Efira et Romain Duris), cette comédie sixties transpose la mode pop du Swinging London à Paris, jouant davantage sur la nostalgie des moquettes et des papiers peints vivaces que sur l’imaginaire des deux héros. A l’écran, la grue baptisée « Mademoiselle Superfétatoire » et le tas géant de courriers non ouverts témoignent davantage d’une mise en scène faussement fofolle.

Délire fiévreux

En attendant Bojangles réussit tout de même à émouvoir lorsqu’il rompt le contrat de la reconstitution rétro et stylisée. Une décennie après Populaire du même réalisateur, retraçant le destin victorieux d’une jeune dactylo qui, coachée par son employeur (déjà Romain Duris), tapait à la machine plus vite que ses consœurs pendant les « trente glorieuses », ce nouveau film ose, quant à lui, s’écarter du carcan rétro chic du précédent, au moins pour quelques plans.

Notamment dans cette scène : à la suite de problèmes financiers, les meubles de l’appartement familial sont désormais recouverts de draps blancs. De cet espace fantomatique, surgit Camille, nue sur des talons, qui traverse l’entrée avant de descendre dans la rue. Ici, se passant des artifices du cinéma, on glisse, bringuebalant, dans la folie de Camille. Vue de la fenêtre, comme au bord d’un gouffre, sa fantaisie changée en délire fiévreux suscite, enfin, notre émerveillement. Mais très vite, l’image vient enlever cette petite poussière dans l’œil qui brouillait subtilement notre vision pour regagner sa netteté de mise.

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