Emmanuel Macron assure qu'Elisabeth Borne a toute sa « confiance ...
Après avoir tenu, la veille, un propos apparu comme un recadrage des déclarations de sa première ministre sur le Rassemblement national (RN), et avoir déclenché les foudres de l’opposition, le chef de l’Etat a assuré, mercredi 31 mai, qu’Elisabeth Borne avait toute sa « confiance ».
« Je pense qu’en effet on ne peut plus battre dans nos démocraties l’extrême droite simplement avec des arguments historiques et moraux », a dit le président français devant la presse à Bratislava. Pour autant, « je veux ici lui redire toute ma confiance », a-t-il ajouté, assurant qu’il avait pour principe de ne jamais faire de mise au point la concernant autrement qu’en tête à tête.
Lors du conseil des ministres, le chef de l’Etat avait affirmé mardi qu’il ne fallait pas combattre l’extrême droite « par des arguments moraux », mais par « le fond » et « le concret » quarante-huit heure après les déclaration de sa première ministre sur un RN « héritier de Pétain » porteur d’une « idéologie dangereuse » et dont il ne fallait pas « banaliser » les idées
« Un cynisme incroyable »Des propos qui ne sont pas passés : droite et gauche ont accusé mercredi Emmanuel Macron de « banaliser » le RN. La charge la plus virulente est venue d’Olivier Marleix, le patron des députés Les Républicains, qui se présente comme un héritier du gaullisme et qui a fustigé sur Public Sénat des propos « malvenus » de la part du chef de l’Etat. Il a notamment rappelé qu’Emmanuel Macron avait été élu en 2017 et réélu cinq ans plus tard au second tour face à Marine Le Pen grâce au « barrage républicain », assurant que la « diabolisation » du RN lui avait bien permis d’accéder à l’Elysée et d’y être reconduit l’an dernier.
« Maintenant qu’il n’est plus rééligible, venir nous dire qu’après lui finalement le déluge, je trouve ça extrêmement malsain de sa part (…) », s’est emporté l’élu LR, dénonçant un « cynisme assez incroyable » de la part du chef de l’Etat. Face à des propos qu’il dénonce comme une « banalisation » de l’extrême droite, M. Marleix s’est employé à rappeler que parmi les membres fondateurs du Front national, devenu le Rassemblement national, figurait Pierre Bousquet, qui « a été un officier de la Waffen SS ».
Des propos partagés par Xavier Bertrand, le président LR de la région Hauts-de-France, qui a également appelé à ne pas oublier « l’histoire » du RN afin de ne pas contribuer à sa banalisation.
Le RN demande des excuses à BorneLe recadrage de la première ministre illustre de nouveau la dégradation de la relation entre les deux têtes de l’exécutif. Au point que pour certains, à gauche, le chef de l’Etat, en est venu à ignorer l’histoire personnelle d’Elisabeth Borne. Le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, a ainsi rappelé sur Twitter qu’Elisabeth Borne était la fille d’un rescapé de la Shoah, et qu’elle était légitime à rappeler « la filiation de l’extrême droite ».
Toujours à gauche, plusieurs responsables ont également dénoncé des ambiguïtés d’Emmanuel Macron vis-à-vis de l’extrême droite. Le député de la France insoumise (LFI) Eric Coquerel a déploré que son parti soit plus la cible des critiques de l’exécutif que l’extrême droite. Et il a rappelé sur BFMTV les propos du chef de l’Etat en 2018, lorsqu’il avait jugé « légitime » de rendre hommage aux maréchaux de la Grande Guerre, dont Philippe Pétain, chef du régime collaborationniste de Vichy de 1940 à 1944.
Le recadrage a incité l’eurodéputé écologiste David Cormand à conseiller sur Twitter à la cheffe du gouvernement de démissionner après « un tel désaveu sur un point aussi fondamental ». Un constat que ne partage pas le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, qui a nié, au contraire, que la première ministre ait été désavouée par le président. A ses yeux, Elisabeth Borne est « parfaitement fondée » à rappeler des faits historiques. Et il est possible de le faire « tout en combattant le RN sur ses propositions et ses idées », a-t-il ajouté.
Au sein de l’opposition, il n’y a finalement que l’extrême droite qui ait épargné Emmanuel Macron, concentrant ses attaques sur les propos de la première ministre. A l’image de Jordan Bardella, le président du RN, qui a saisi l’occasion pour demander à Elisabeth Borne de s’excuser pour des déclarations qui ont, selon lui, « choqué beaucoup de Français »
Le Monde avec AFP