En pleine crise, Twitter peut-il disparaître à cause d'Elon Musk?

La majorité des salariés de l’entreprise ont abandonné le navire face à la gestion chaotique d’Elon Musk. Mais il en faudra encore beaucoup avant que l’entreprise ne disparaisse.

#RIPTwitter. #TwitterDown. Autant de mots-clés qui se retrouvent parmi les plus partagés sur Twitter ce 18 novembre, à la suite d’une vague de départs de salariés de Twitter refusant l’ultimatum d’Elon Musk. Le nouveau propriétaire de la plateforme avait envoyé un mail à ses équipes (dont la moitié ont déjà été licenciées) pour leur demander d’adhérer totalement à sa stratégie ou de partir.

En quelques heures, des dizaines de témoignages d’ingénieurs ou spécialistes du design préférant quitter l’entreprise ont afflué sur Twitter. De quoi provoquer une panique chez les internautes.

D’après les données récoltées par Tech&Co grâce à l’outil Visibrain, plus de 650.000 tweets ont utilisé le mot-clé #RIPTwitter. Avec dans la foulée un pic d’utilisation de termes liés aux plateformes susceptibles de remplacer Twitter (de façon plus ou moins approximative), comme Mastodon ou le presque oublié Tumblr.

© Visibrain

Comme l’ont fait remarquer de nombreux internautes, une telle quantité de départs fait peser un risque important sur le bon fonctionnement technique du réseau social. Une fuite des ingénieurs les plus qualifiés pouvant ainsi rendre la tâche difficile en cas de panne généralisée. Malgré la popularité du mot-clé #TwitterDown (#PanneTwitter), le réseau social semble fonctionner correctement ce 18 novembre.

De nombreux témoignages s’appuient sur un pic de pannes affiché par le site collaboratif Downdetector. Une plateforme qui s’appuie sur les déclarations des internautes pour alerter sur de potentielles difficultés techniques en ligne. Mais comme le montrent les très nombreux commentaires, une partie significative des difficultés rapportées sont en réalité liées à des critiques de la gouvernance d’Elon Musk, et non sur de réels problèmes techniques.

Mais Twitter pourrait-il tout simplement fermer boutique, alors que les bureaux de l’entreprise sont temporairement inaccessibles? Un tel scénario, le plus extrême, reste peu probable. Après s’être engagé puis retiré de l’accord, Elon Musk a finalement été forcé de racheter Twitter pour 44 milliards de dollars, dont 27 milliards de dollars financés de sa poche.

“Débrancher” Twitter reviendrait à tirer un trait sur cette somme colossale, tout en se mettant en risque face aux banques qui l’ont accompagné sur cette opération à hauteur de 13 milliards de dollars. Enfin, la perte de crédibilité pourrait mettre en péril ses autres activités, à commencer par les entreprises Tesla et SpaceX. Comme le soulignait le Wall Street Journal le 11 novembre dernier, Elon Musk serait ainsi le principal perdant de la mise en faillite de Twitter.

Si le risque d’écran noir soudain et volontaire semble faible, Twitter faire face à de nombreux risques systémiques, qui pourraient s’intensifier dans les prochains jours. Comme le rappelait The Atlantic fin octobre, une fuite massive et incontrôlée des talents pourrait, au moins temporairement, mettre Twitter dans une position plus que délicate.

Parmi les principaux scénarios évoqués, des pannes à répétition que les salariés restants ne parviendraient pas à résoudre, une pression légale face à l’absence de service juridique ou de modération, ou encore des piratages facilités par le manque de spécialistes de cybersécurité.

Le tout sur le fond de difficultés financières en raison de la fuite des annonceurs, après le lancement chaotique de la fonction de certification payante, décidée par Elon Musk contre l’avis d’une partie des équipes de la plateforme.

Face à cette situation dangereuse, Elon Musk tient à se présenter comme serein, alternant les blagues potaches et les clins d’œil humoristiques. Assurant au passage que Twitter n’a jamais été aussi utilisé et que “les meilleurs” salariés ont choisi de rester avec lui. Charge à lui de les convaincre de ne pas partir pendant la tempête.