Victoire de Donald Trump : le rôle clé d'Elon Musk dans la campagne

« Nous avons une nouvelle star. Une nouvelle star est née : Elon. » Dans un discours de victoire quelque peu décousu de 25 minutes, Donald Trump a consacré 3 minutes et 45 secondes à encenser l’un de ses principaux soutiens, le milliardaire Elon Musk, patron du réseau social X et de l’entreprise spatiale SpaceX, ce mercredi 6 novembre 2024.

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Le désormais 47e président des États-Unis est même allé jusqu’à faire la promotion, toujours pendant son discours, de Starlink, le système de télécommunications du milliardaire. Il a raconté sa rencontre avec des sinistrés de l’ouragan Helene en Caroline du Nord : « Ils m’ont dit : “Nous avons besoin d’Elon, il nous faut Starlink.” Elon, c’est quoi Starlink ? C’est un système de communication, qui est très bon. […] Ça a sauvé beaucoup de vies, il a sauvé beaucoup de vies », a déroulé Donald Trump. « C’est un personnage, c’est un mec spécial. C’est un super génie », a ajouté Donald Trump à l’adresse de son désormais compagnon de route politique, qui était présent ce mercredi à Mar-a-Lago en Floride pour fêter la victoire du républicain.

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118,6 millions de dollars depuis le mois de juillet

Une opération communication d’une efficacité redoutable pour le milliardaire de la Silicon Valley. La Bourse ne s’y est pas trompée. À Wall Street, l’action du constructeur automobile Tesla, propriété d’Elon Musk, a grimpé de plus de 13 % dans les échanges d’avant-séance ce mercredi.

Les mots de Donald Trump pour son riche partisan sonnent comme un renvoi d’ascenseur. En effet, Elon Musk, qui a longtemps voté démocrate, a changé de camp depuis cet été. Au point de devenir l’un des plus gros donateurs de la campagne du candidat républicain. Le patron de Tesla a versé un peu plus de 118,6 millions de dollars (110 millions d’euros) à l’« America Pac », ce système de « Super pac » qui permet aux plus riches de financer la campagne d’un candidat, sans plafond de participation. Il l’a aussi soutenu publiquement, sautant sur scène et prenant la parole lors de ses meetings. Le milliardaire a également distribué lors de « loteries » 16 millions de dollars (environ 14,7 millions d’euros) à des électeurs partageant les valeurs républicaines dans les « swing states ».

Si les deux hommes ont pu s’affronter par le passé, ils ont un point commun, pointe le Guardian  : une détestation féroce des régulateurs. Elon Musk est régulièrement rappelé à l’ordre pour les activités de ses entreprises. Comme quand l’Administration fédérale de l’aviation l’accuse de ne pas respecter les protocoles de sécurité pour l’envoi de sa fusée SpaceX. Ou quand l’agence fédérale de l’alimentation et du médicament a alerté sur les manquements au respect du bien-être animal de sa filiale Neuralink, destinée à développer un implant cérébral.

Oublié par la Maison-Blanche

Lassé, Elon Musk voit en Donald Trump une manière de contourner ces régulations, voire de les modifier de l’intérieur. Interrogé sur Fox News, l’ex et désormais nouveau président des États-Unis a déclaré qu’Elon Musk « mourrait d’envie » d’occuper une position – qui n’existe pas pour l’instant – de secrétaire d’État à la réduction des coûts (« secretary of cost-cutting »). Mais le rapprochement avec Trump est aussi idéologique : Elon Musk se bat désormais contre ce qu’il qualifie de « wokisme », contre la désindustrialisation, contre l’immigration illégale — étant lui-même immigré, natif d’Afrique du Sud.

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« Son engagement est aussi le reflet d’un durcissement des relations avec Joe Biden », commente Olivier Alexandre, sociologue et chercheur au CNRS, spécialiste de la Silicon Valley et de l’industrie du numérique. En 2021, le président démocrate organise un sommet sur la voiture électrique à la Maison-Blanche… mais sans le patron de Tesla. Très vexé, Elon Musk en gardera une animosité tenace contre les démocrates.

Entrepreneur, milliardaire, à la tête du média X… Elon Musk concentrait déjà « un pouvoir historique ». Il a désormais accès à « un pouvoir politique direct », analyse Olivier Alexandre.  « Le futur va être fantastique », a tweeté l’entrepreneur juste après la victoire de Trump. Son pari - risqué, de soutenir les Républicains a payé. Il attend désormais d’en récolter les fruits.