Toulouse. Effondrement d'immeuble rue Saint-Rome : les questions ...

Le drame a été évité de justesse rue Saint-Rome, en plein cœur de Toulouse, samedi 9 mars 2024, où un immeuble de trois étages s’est effondré samedi 9 mars 2024. D’abord, parce que le bâtiment en question avait été totalement évacué mardi. Ensuite, parce que quatre personnes ont bien failli être ensevelies cette nuit alors qu’elles passaient par la petite rue du Puits-Vert, qui s’est soudainement retrouvée sous les décombres… Le point sur la situation, samedi soir.

#1. Quel est le bilan humain ?

C’est l’essentiel à retenir : si les images de l’effondrement rue Saint-Rome sont spectaculaires, « fort heureusement, aucune victime n’est à déplorer », a confirmé Jean-Luc Moudenc, le maire de Toulouse, ce samedi, alors que les pompiers ont fouillé les décombres pendant de longues heures, par crainte que des passants aient été ensevelis.

Nombre de riverains ont toutefois été sortis du lit d’urgence : « Nous avons procédé à une deuxième série d’évacuations après la première effectuée mardi, celle des habitants des immeubles voisins », étaye le maire de Toulouse. Ce qui représente une trentaine de personnes évacuées en pleine nuit « par un bus que nous avons affrété vers une salle municipale » où ces riverains ont été mis à l’abri, en attendant de pouvoir retrouver leurs logements. 

#2. Pourquoi quatre personnes ont failli être ensevelies ?

Comme Actu Toulouse le révélait ce samedi, quatre personnes ont également frôlé la mort en empruntant la petite rue du Puits-Vert quelques instants avant qu’elle ne soit ensevelie sous les décombres : « On tremblait pour elles jusqu’à ce qu’elles apparaissent dans les films de notre caméra de la rue Saint-Rome », ce qui a « permis de lever le doute », a même confié Jean-Luc Moudenc.

Si le périmètre en question — comprenant la portion de la rue Saint-Rome et de la rue des Changes autour de l’immeuble ainsi que la rue du Puits-Vert — avait été totalement interdit d’accès de mardi à jeudi, il était à nouveau accessible depuis vendredi : un cheminement piéton avait été installé sur un mètre de large rue Saint-Rome, où la mairie avait installé un dispositif de sécurité le long de l’immeuble menaçant ruine, et il était aussi possible de passer par la petite rue du Puits-Vert, une artère extrêmement étroite qui séparait les numéros 4 et 6 de la rue. Quand l’immeuble s’est effondré, côté rue Saint-Rome, tous les gravats sont tombés dans le périmètre de sécurité, mais la rue du Puis-Vert a, elle, disparu sous les décombres…

#3. Quand et comment l’immeuble a été sécurisé ?

« Dès que nous avons été alertés sur le risque d’effondrement de cet immeuble, nous avons procédé à l’évacuation de ses occupants », rappelle Jean-Luc Moudenc, estimant avoir « mis tout en œuvre pour protéger les habitants ».

J'ai une pensée pour les personnes évacuées mardi dans l'urgence, qui ont perdu la totalité de leurs affaires et de leurs meubles. Elles sont parties avec un minimum nécessaire, un baluchon sur le dos.

Jean-Luc MoudencMaire de Toulouse

Le premier magistrat rapporte que quand la bâtisse a été évacuée, quatre jours avant de s’effondrer, le syndic a fait savoir à la mairie qu’il n’avait pas les moyens de financer un quelconque dispositif d’urgence, la collectivité a donc décidé de « débloquer 50 000 euros dès mardi pour organiser la sécurisation de l’immeuble ». Des étais avaient été installés le long de la façade, avec un système de barriérage qui a donc permis de contenir les gravats rue Saint-Rome, mais pas rue du Puits-Vert. « Bien nous en a pris », estime toutefois l’édile.

#4. D’autres bâtiments risquent-ils de s’effondrer autour ?

Samedi matin, les pompiers ne faisaient pas mystère de leurs craintes de voir les immeubles entourant le 4 rue Saint-Rome s’affaisser à leur tour, sous le poids des décombres. Si la collectivité a évacué les riverains, c’est d’ailleurs parce que « du fait de l’effondrement, des gravats font pression sur les murs des immeubles mitoyens », susceptibles d’être, eux aussi, fragilisés, étaye le maire.

Si les autorités avaient des inquiétudes sur une bâtisse historique à colombages, située au numéro 2 et dont la tour édifiée par le capitoul Pierre de Serta en 1533 surplombe désormais les gravats, le maire se veut rassurant : « Cet immeuble inhabité ne risque a priori pas de s’écrouler ».

Les autorités scrutent également celui situé au numéro 6 de la rue Saint-Rome, qui accueille notamment une enseigne de donuts (de l’autre côté de la rue du Puits-Vert ensevelie), mais « il n’y a pas, en l’état, de risque supplémentaire d’effondrement ».

#5. Pourquoi cet immeuble s’est-il effondré ?

C’est bien évidemment la question qui va agiter les prochains mois dans le secteur, mais « il est trop tôt pour dire ce qu’il s’est passé exactement », a évacué Jean-Luc Moudenc ce samedi, rappelant à plusieurs reprises que le sinistre est survenu sur « un immeuble privé ».

Il y a toute une chaîne de responsabilités privées et il ne m'appartient pas de spéculer quoi que ce soit. J'ai veillé à ce que la collectivité soit réactive dans les attributions qui sont les siennes, et qu'elle agisse le plus rapidement possible pour assurer la sécurité des personnes.

Jean-Luc Moudenc

Comme l’avaient indiqué des occupants de l’immeuble mardi, le maire confirme toutefois « qu’il y a eu des signalements depuis quelques mois, de locataires et propriétaires habitants, qui ont alerté le syndic gérant cette copropriété » où il y aurait « sept propriétaires ».

« Après leur signalement au syndic, une expertise avait été diligentée avant la semaine dernière (et l’évacuation de l’immeuble, NDLR). Ses conclusions n’avaient pas été alarmistes, au contraire ». Mais une autre expertise, menée en urgence mardi par des experts en risque bâtimentaire du SDIS de la Haute-Garonne « afin d’évaluer la stabilité de l’édifice », avait mené à une tout autre issue, permettant — fort heureusement — de déceler « une fissure importante » sur le bâtiment.

#6. Y a-t-il d’autres immeubles en péril à Toulouse ?

Adjointe en charge de la Sécurité des bâtiments et immeubles menaçant ruine à Toulouse, Claire Nison se refuse à donner un quelconque chiffre en la matière, car il y a, dit-elle, « autant de situations différentes que d’immeubles ». Mais Jean-Luc Moudenc ne s’en cache pas : « Nous sommes dans un centre très ancien, donc il y a forcément beaucoup d’immeubles très fragilisés, ou qui vont l’être, il ne peut pas en être autrement ».

L'essentiel, pour moi, c'est que l'on ait un système de signalements qui fonctionne bien, que la collectivité soit réactive, et qu'elle puisse à chaque fois qu'un danger de ce type est avéré, prendre des dispositions pour mettre les personnes hors de danger.

Jean-Luc Moudenc

Le maire estime que « jusqu’ici », c’est un succès : « J’observe que ces dernières années, à chaque fois que nous avons été confrontés à ce type de situations, notre dispositif a bien fonctionné. Contrairement à Marseille, il n’y a eu à Toulouse aucun mort ni aucun blessé, c’est l’occasion de saluer le travail et la réactivité des professionnels de la collectivité dans ce domaine ». Le maire insiste sur la difficulté de repérer les problèmes à temps, s’agissant d’infrastructures privées : « Les occupants font les premiers signalements auprès de ceux qui gèrent ces propriétés privées, bien souvent des syndics, et ils n’alertent la collectivité que s’ils estiment que les signalements ne sont pas traités ou pris en compte autant qu’il le faudrait ».

#7. Combien de temps va durer le déblaiement ?

Dès samedi matin, la mairie a mandaté une entreprise pour procéder au déblaiement de la rue Saint-Rome, afin « que les gravats ne pèsent plus sur les immeubles mitoyens » et de « ne pas risquer d’aggraver le problème ». Les opérations qui ont duré toute la journée sont loin d’être terminées. À 16 heures, d’après nos informations, 15 camions de gravats avaient déjà été évacués par la rue Saint-Rome, et il restait plus des trois quarts du volume encore sur place…

Des poids lourds se relaient pour évacuer les gravats jusqu’à 19 heures ce samedi soir et reprendront dimanche, dès 9 heures. Ils en auront probablement pour la journée. En conséquence : les rues Saint-Rome et des Changes vont rester neutralisées.

#8. Quelles sont les mesures de sécurité mise en place ?

Depuis la mi-journée, afin de faciliter les opérations de déblaiement, la rue Saint-Rome et la rue des Changes qui la prolongent, sont entièrement fermées à la circulation. Cela concerne les piétons, les vélos et les voitures, sur la totalité de l’axe Capitole-Esquirol, où les commerçants ont également dû tous tomber le rideau ce samedi. « Seuls les riverains pourront accéder à ce périmètre en présentant une pièce d’identité et un justificatif de domicile », indique la mairie, précisant que celui-ci « a été élargi à certaines rues adjacentes pour des raisons de sécurité ».

« Plusieurs immeubles restent interdits d’accès » ce samedi soir, ajoute la mairie, alors que « le gaz a été coupé sur tout le périmètre » dans le secteur du Capitole. Elle indique par ailleurs que les équipes de la police municipale sont sur place « jour et nuit, afin d’accompagner les riverains et la sécurisation des logements ». Pour plus d’informations, les habitants concernés peuvent contacter Allô Toulouse au 05 61 22 22 22.

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