"Effacer l'historique", le film de Delépine et Kervern qui s'en prend aux Gafam
Dans Effacer l'historique, les cinéastes Gustave Kervern et Benoît Delépine dénoncent l'hégémonie et les pratiques de Gafam en gardant leur humour.
Aujourd'hui, mercredi 26 août, sort en salles la nouvelle comédie signée Gustave Kervern et Benoît Delépine, rois de la satire sur Canal+ dans Groland. Intitulé "Effacer l'historique", ce long-métrage franco-belge est emmené par le trio d'acteurs Corinne Masiero, Denis Podalydès et Blanche Gardin (humoriste qui signe là une première apparition au cinéma).
Si nous prenons le temps de vous en glisser un mot, c'est parce que son synopsis nous interpelle : “Dans un lotissement en province, trois voisins sont en prise avec les nouvelles technologies et les réseaux sociaux. Il y a Marie, victime de chantage avec une sextape, Bertrand, dont la fille est harcelée au lycée, et Christine, chauffeur VTC dépitée de voir que les notes de ses clients refusent de décoller. Ensemble, ils décident de partir en guerre contre les géants d’internet”.
Connaissant Gustave Kervern et Benoît Delépine, le but du jeu est bien sûr de dénoncer certains travers de l'économie numérique sur laquelle les Gafam font la pluie et le beau temps. Car même si Gustave Kervern reconnaît être accro aux nouvelles technologies dans les colonnes du Monde, il assume s'en prendre ici aux Gafam tout en précisant qu'il y a toujours dans leurs films “une dimension absurde qui se superpose à la pure et simple dénonciation”. En cédant au "c'est pratique", “on renchérit des entreprises monopolistiques qui ruinent le commerce et sa fonction sociale, et qui sont assises sur des monceaux d’argent”, constate Benoît Delépine.
Des Gafams dont il ne faut pas dire le nomIl est cocasse d'apprendre que les réalisateurs ont abandonné l'idée de nommer et montrer ces géants américains pour de simples raisons juridiques. “Si nous avions pris le risque de citer nommément Apple ou Amazon (...) une nuée d’avocats nous aurait demandé de flouter. Qui a les moyens de se lancer dans une bataille juridique avec ces géants ? Même la ville qui abrite le siège d’Apple, Cupertino, ne peut pas être nommée [...] C’est insensé”, explique Benoît Delépine au Monde.
Même le masque de Guy Fawkes utilisé par les Anonymous comme symbole est la propriété de Warner Bros., suite à son utilisation dans le film V pour Vendetta. Dans Effacer l'historique, il a été utilisé au tournage, mais a dû être effacé image par image en post-production. Des dérives assez symptomatiques de la judiciarisation de l'économie mondiale où tout est protégé et où ce sont ceux qui détiennent le plus de moyens juridiques qui font la loi.
Effacer l'historique sort dans un contexte très particulier pour l'industrie cinématographique, dûrement touchée par les mesures prises pour limiter la propagation de l'épidémie de covid-19. Il aura fort à faire face à la sortie la plus médiatisée du jour : Tenet, le dernier film signé Christopher Nolan.