Edgar Grospiron, officiellement intronisé président des Jeux d'hiver ...
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Edgar Grospiron, champion olympique de ski de bosses en 1992 à Albertville, s'exprimait pour la première fois en tant que patron des Jeux d'hiver 2030 en France, mardi.
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France Télévisions
Publié le 18/02/2025 17:38
Temps de lecture : 5min
En piste ! Président du comité d'organisation des Jeux olympiques et paralympiques d'hiver de 2030 qui se dérouleront dans les Alpes françaises, Edgar Grospiron dit "nourrir de grandes ambitions pour ce projet", dans un entretien accordé à l'AFP. Présenté officiellement mardi 18 février dans ses nouvelles fonctions, il explique être "passsé par tous les états, la sidération, la stupéfaction..." Vous venez d'être désigné président du comité d'organisation des JO d'hiver 2030, qu'est-ce que cela signifie pour vous?Edgar Grospiron : C'est un formidable projet, une chance exceptionnelle, qui ne se présentera pas deux fois dans la vie. Je tiens quand même à dire qu'il y a quinze jours, je n'étais pas du tout dans cette option-là. Je nourris de grandes ambitions pour ce projet, mais ce ne sont pas des ambitions personnelles.
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N'est-ce pas compliqué de prendre le train en marche et d'arriver après le retrait de Martin Fourcade ?
La différence avec Martin, c'est que je n'ai pas été investi d'une mission dans la construction. J'ai pris le projet tel qu'on me l'a présenté. Je ne sais pas si c'est une forme de destin. Il y a 50 ans, je rêvais d'être champion olympique [il a 55 ans]. Il y a 15 ans, je rêvais de ramener les JO d'hiver en France. Je dirigeais la candidature d'Annecy [pour les JO-2018] et cela ne s'est pas fait. Jour pour jour, 33 ans après ma médaille d'or à Albertville, je suis nommé président d'un comité d'organisation des Jeux olympiques et paralympiques.
Comment relever les défis budgétaires (rester dans une enveloppe de deux milliards d'euros) et environnementaux de ces JO ?
Je le vois comme un défi extraordinaire parce que les moyens de ce projet sont 30% inférieurs aux moyens conférés à ce type de projet. Le défi climatique se présente depuis déjà quelques années à la montagne française et il se présentera encore pendant plusieurs années après les Jeux. L'enjeu, c'est d'arriver à faire en sorte que les Jeux soient une vitrine, un laboratoire, un accélérateur de ces transformations pour les territoires. Il ne faut pas demander aux Jeux de résoudre tous les problèmes.
Quelles sont les décisions les plus urgentes à prendre alors que le projet a pris du retard ?
On va remettre le dossier au carré. Cela ne veut pas dire que je néglige ou que je critique le travail qui a été fait, parce que Vincent Jay (ancien biathlète qui a participé au montage de la candidature), que j'ai appelé, a travaillé seul et avec peu de moyens. Quand on regarde le dossier, il n'est pas nickel. Il faut serrer les boulons partout. Les décisions des prochaines semaines vont être guidées par les finances.
Aurez-vous des marges de manoeuvres?
Il faudra convaincre mais je ne suis pas là pour imposer ma vision. Il y a un bureau exécutif qui décide de faire ou pas et comment, et ensuite mon job c'est de faire. Il y a des choses qu'il ne faudra pas laisser traîner. J'ai une bonne relation avec Renaud Muselier [président de la région Paca]. Avec Laurent Wauquiez [ex-président LR de la région Aura, à l'origine de la candidature], on ne se connaît pas bien mais les premiers échanges qu'on a pu avoir, je trouve qu'on est très alignés. Il va falloir maintenir cet alignement.
Vous êtes resté dans la mémoire des Français comme un champion assez déjanté, fêtard et "rock'n'roll", serez-vous un président du Cojop "rock'n'roll?"
Ah oui, ça me plairait beaucoup. Mais le rock'n'roll pas rebelle, le rock'n'roll qui embarque ! On a besoin en France de retrouver un esprit un peu rock, un peu l'esprit de la gagne. Les Jeux de Paris, c'était pas le fruit du hasard, c'était pas un coup de bol, c'était pas un coup d'éclat. J'ai l'ambition de porter un état d'esprit positif et enthousiaste.
Avez vous pris conseil auprès d'anciens dirigeants comme Tony Estanguet, le patron de Paris-2024 ?
"Je connais très bien Michel Barnier [missionné bénévolement pour faire démarrer le Cojop et ex-coprésident des JO d'Albertville]. J'ai eu une heure et demie d'échange avec Tony Estanguet au téléphone. Il m'a donné des bons conseils. J'ai eu aussi Jean-Claude Killy [ex-champion et co-président des JO de 1992], il m'a dit: "Edgar, l'argent de l'Etat c'est sacré, dépense chaque euro comme si ta vie en dépendait". Je me suis dit que j'allais l'afficher dans mon bureau.
Allez-vous stopper votre activité de conférencier ?
J'ai des contrats de conférencier jusqu'à mi-avril. Je n'ai pas de contrat [de sponsoring]. Et par ailleurs, j'ai dit tout de suite que la condition sine qua non pour que cela se fasse, c'est que mon épouse soit complètement embarquée. On a deux enfants qui ont 4 et 7 ans. Je ne suis pas prêt à sacrifier pour ce job ma famille, ma femme et mes enfants.