« On peut faire la guerre pour l'eau, mais aussi contre l'eau »
Auteur de Guerre et eau. L’eau, enjeu stratégique des conflits modernes (Robert Laffont, 2021), Franck Galland dirige Environmental Emergency & Security Services (ES²), un cabinet d’ingénierie et de conseil spécialisé dans la résilience urbaine. Chercheur associé à la Fondation pour la recherche stratégique, il balaie la place de l’eau dans les conflits historiques. Face à la donne climatique actuelle, Franck Galland plaide pour sécuriser cette ressource. Plus qu’une décroissance des usages, ses solutions passent par la construction de nouveaux ouvrages et l’essai de technologies inédites.
L’eau semble être un élément crucial dans les conflits depuis l’aube des temps…La première guerre de l’eau s’est déroulée il y a 2500 av. J.-C. Elle opposait les villes de Lagash et d’Umma en Mésopotamie, autour du contrôle de la ressource. En 430 av. J.-C., durant la deuxième année de la guerre du Péloponnèse, Sparte fut accusée d’avoir intentionnellement pollué les réservoirs de la ville d’Athènes. Au temps des croisades, en 1187, Saladin a eu raison des croisés en polluant toutes les ressources des maronites qui venaient à leur secours en terre d’Islam. Au Moyen Âge, pour pouvoir assiéger une forteresse, on s’en prenait aux vivres, mais aussi aux ressources en eau.
La forteresse de Salses, dans les Pyrénées-Orientales, est à ce titre éloquente. Construite par les Espagnols pour protéger leur frontière avec la France, elle fut innovante par la captation de l’eau, sa conservation et son utilisation tant à des fins domestiques que militaires, et notamment pour le refroidissement des canons. À la veille du second conflit mondial, la ligne Maginot, comprenan