Naomi Klein : « Les États-Unis ne se réduisent pas à Donald Trump »
Votre livre a été rattrapé par l’actualité et l’élection de Donald Trump. Comment analysez-vous la défaite de Kamala Harris ?
Il faut rappeler en premier lieu que les classes populaires sont en souffrance, aux États-Unis comme partout ailleurs. La précarité économique et le coût de la vie n’ont cessé d’augmenter. C’est devenu irrespirable. Donald Trump a été le seul à s’adresser à cette souffrance. Certes, ses solutions sont illusoires et ne vont soulager personne mais son discours a rencontré un écho. A contrario, toute la campagne de Kamala Harris a été bâtie autour de la célébration de la joie, d’un discours consistant à dire « nous avons fait du bon boulot », « tout va bien ». Il y avait bien quelques propositions sur l’imposition des plus riches et la défense du droit à l’avortement mais aucun appel à un changement radical.
Entretien issu de notre n°67 « Résistances rurales », disponible en kiosque, en librairies et sur notre boutique.
Quand un candidat vous dit que le modèle social ne marche pas, qu’il est cassé et qu’il va le réparer, alors que l’autre s’enorgueillit de sa réussite, c’est le premier qui l’emporte, c’est aussi simple que cela. Cette défaite n’est d’ailleurs pas seulement la défaite de Kamala Harris mais celle de l’ensemble du Parti démocrate. Ces élections montrent à quel point les classes populaires, les travailleurs, se sont sentis méprisés par les...