Groenland : l'Union européenne scrute de près les menaces d ...
Le président élu des Etats-Unis, Donald Trump, a réitéré son souhait d’acquérir le Groenland pour en faire un territoire américain. Du côté de l’UE, les dirigeants réaffirment la souveraineté de ce pays constitutif du royaume du Danemark et territoire d’outre-mer de l’Union.
Donald Trump n’a même pas encore été investi président des Etats-Unis que ses déclarations mettent déjà le feu aux poudres entre Washington et Bruxelles. Lors d’une longue conférence de presse tenue mardi 7 janvier dans sa résidence de Mar-a-Lago en Floride, le futur 47e président des Etats-Unis s’est notamment exprimé sur ses volontés d’annexion de différents territoires, du canal du Panama au Canada en passant par le Groenland. Sauf qu’aujourd’hui, le Groenland est un territoire danois, donc européen.
La plus grande île du monde
Ce n’est pas la première fois que le milliardaire ultraconservateur s’épanche sur son souhait d’acquérir ce vaste territoire arctique d’une superficie de plus de 2,2 millions de kilomètres carrés (soit quatre fois celle de la France métropolitaine). Donald Trump avait par le passé émis l’idée d’acheter la plus grande île du monde au Danemark, le Groenland étant un pays constitutif du royaume danois, y voyant même une “nécessité absolue” pour les Etats-Unis.
Mardi, la Première ministre danoise, Mette Frederiksen, a rappelé “que la population du Groenland est très favorable à ce que le Groenland ne soit pas à vendre et ne le sera pas non plus à l’avenir”, ajoutant : “le Groenland appartient au peuple groenlandais”. Une fin de non-recevoir qui n’a pas semblé réfréner les velléités de Donald Trump, qui sera investi à la tête des Etats-Unis le 20 janvier, après sa victoire lors de l’élection présidentielle de novembre dernier face à la vice-présidente démocrate, Kamala Harris. Mardi toujours, Donald Trump Jr, fils de, est arrivé en personne à Nuuk, capitale du Groenland, pour une “visite privée”.
Dans le même temps, lors de sa conférence de presse donnée en Floride, Donald Trump accentuait la pression sur le Danemark. Interrogé sur une possible intervention militaire américaine en Arctique comme sur le canal du Panama, le milliardaire a répondu : “Je ne peux pas vous l’assurer. Vous parlez du Panama et du Groenland. Non, je ne peux vous assurer ni l’un ni l’autre. Mais je peux vous dire ceci. Nous en avons besoin pour notre sécurité économique.”
Le Groenland, territoire d’outre-mer de l’UE
Donald Trump justifie ses volontés d’annexion du Groenland (comme du canal de Panama) par “des raisons de sécurité nationale”. Glacée et peu peuplée (environ 55 000 habitants), l’île danoise joue toutefois un rôle crucial dans la régulation climatique de la planète. Ses sols sont également riches en ressources et matières rares, telles que l’uranium, le pétrole ou le gaz naturel. Elle occupe par ailleurs une position géostratégique qui la rend d’autant plus intéressante pour les Etats-Unis dans son affrontement latent avec la Chine et la Russie.
Ancienne colonie danoise, le Groenland a obtenu le statut de communauté autonome constitutive du royaume du Danemark en 1979. Il avait rejoint la Communauté économique européenne (CEE) en 1973 en même temps que l’ensemble du Danemark, avant de la quitter en 1985 à la suite d’un vote par référendum. Le royaume danois conserve essentiellement des pouvoirs sur le Groenland en ce qui concerne les affaires internationales, de défense et de politique de sécurité. En vertu d’un accord de 2009, le Groenland peut toutefois déclarer son indépendance du Danemark seulement à l’issue d’un référendum.
Aujourd’hui, le Groenland se trouve sur la liste des 22 pays et territoires d’outre-mer (PTOM), au même titre que la Polynésie française ou les Antilles néerlandaises. Ce mercredi 8 janvier, le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a réagi à ce sujet au micro de France Inter, estimant qu’il n’était “pas question” que l’UE laisse des pays “s’en prendre à ses frontières souveraines”. Il a tenu à rappeler que le Groenland demeurait “un territoire de l’Union européenne”.