Thèmes d'actualité fermer

Doliprane : « Le gouvernement doit être moins passif face à Sanofi »

Doliprane   Le gouvernement doit être moins passif face à Sanofi
La sénatrice communiste Cathy Apourceau-Poly plaide pour la création d’un pôle public du médicament et des produits pharmaceutiques qui permettrait de relocaliser la production, actue...

Le constat date de la crise du Covid : la France est en proie à une perte de souveraineté dans la production de médicaments. Pour éviter de reproduire un tel fiasco, le groupe communiste au Sénat avait déposé une proposition de loi en décembre 2020 visant à créer un pôle public du médicament pour soustraire ce secteur à la spéculation financière et aux logiques de marché.

Alors que la vente du Doliprane à un fonds américain fait scandale, la sénatrice PCF Cathy Apourceau-Poly revient sur cette proposition, consensuelle au sein du Nouveau Front populaire.

En quoi l’affaire du Doliprane relance-t-elle l’idée d’un pôle public du médicament ?

Il faut plus que jamais réfléchir à cette structure publique pour ne plus se retrouver devant le fait accompli : de grosses entreprises, à l’image de Sanofi, prennent des décisions en fonction de leurs intérêts financiers. Cette initiative est indispensable car elle nous permettrait d’être autonomes et de mettre tous les citoyens à égalité dans l’accès aux médicaments. Les produits pharmaceutiques doivent être sortis de la logique de marché, de la spéculation financière qui font grimper les prix au bon vouloir des vendeurs.

Nous ne voulons plus courir après les autres nations, mais fabriquer en France. Si nous disposons d’une maîtrise complète de notre production, nous pourrons échapper aux pénuries et à la perte de souveraineté industrielle. C’est ce qu’avait porté mon ancienne collègue du Sénat, Laurence Cohen, avec l’ensemble du groupe communiste, et le problème se pose de la même façon aujourd’hui encore.

Que faudrait-il pour sauver le Doliprane ? Antoine Armand, ministre de l’Économie, menace de bloquer la vente si le médicament n’est plus produit en France. Est-ce la bonne solution ?

Le gouvernement doit être moins passif face aux grandes entreprises implantées sur le territoire. Bloquer cet accord est le minimum qu’il puisse faire pour tenter de sauver ce qu’il reste de notre souveraineté sanitaire. L’État doit empêcher Sanofi de céder aux Américains le Doliprane, le médicament le plus vendu en France. On ne peut pas accepter cela.

Son site de production bénéficie de 130 à 150 millions de crédit d’impôt recherche par an, pour financer des activités de recherche et développement. On ne peut pas continuer à donner des fonds à une entreprise qui ne pense qu’à engraisser ses actionnaires. L’industriel empoche de l’argent public mais réduit sa masse salariale et délocalise : des travailleurs français, dont le savoir-faire est inestimable, vont se retrouver au chômage.

En mars, vous avez lutté contre la liquidation de l’usine pharmaceutique Synthexim, à Calais. Si, au fil des fermetures, nous perdons la possibilité de produire des médicaments en France, comment va-t-on y avoir accès ?

Nous serons alors à la merci des autres pays, obligés d’acheter des médicaments en Europe ou ailleurs dans le monde. Ils imposeront leurs prix et nous ne pourrons pas nous y opposer. Tout cela parce que nous ne savons pas protéger notre propre industrie, qui occupait autrefois une place prépondérante au sein du marché pharmaceutique européen. Emmanuel Macron, lors de la crise du Covid, avait pourtant formulé le souhait de réindustrialiser pour ne plus nous retrouver dans une situation où nous n’avions plus de médicaments, de masques, de blouses, de vaccins.

Il s’agissait des conséquences directes de la politique libérale de délocalisation de la production. En fait, la situation s’aggrave : les usines ferment toujours. Concernant les gros sites industriels qui risquent de fermer, je propose de nationaliser l’entreprise temporairement, le temps de trouver un repreneur. C’est ce que j’avais demandé au gouvernement pour Synthexim, à Calais.

Cette usine pharmaceutique produisait des principes actifs nécessaires à un traitement contre les addictions. La demande a été refusée et la production a finalement été délocalisée. Si on laisse Opella (la branche de Sanofi qui produit, entre autres, le Doliprane – NDLR), être rachetée par le fonds américain CD&R, pour plus de 15 milliards d’euros, on s’expose à un risque de pénurie. L’absence de politiques publiques industrielles pourrait nous y mener. C’est pourquoi il nous faudrait, d’urgence, mettre en place un pôle public du médicament.

Le journal des intelligences libres

« C’est par des informations étendues et exactes que nous voudrions donner à toutes les intelligences libres le moyen de comprendre et de juger elles-mêmes les événements du monde. »Tel était « Notre but », comme l’écrivait Jean Jaurès dans le premier éditorial de l’Humanité.120 ans plus tard, il n’a pas changé. Grâce à vous. Soutenez-nous ! Votre don sera défiscalisé : donner 5€ vous reviendra à 1.65€. Le prix d’un café.Je veux en savoir plus !

Shots similaires
  • Arnaud Demanche Sanofi va vendre le Doliprane aux américains
Nouvelles archives
  • West Ham – Man City
    West Ham – Man City
    Erling Haaland lance Manchester City Premier League avec un doublé contre West Ham
    7 Aoû 2022
    7
  • Coco The Voice
    Coco The Voice
    The Voice 2019 saison 8 : Coco - All By Myself - (Eric Carmen version Céline Dion) -
    10 Mar 2019
    1
  • INCENDIE ARDECHE
    INCENDIE ARDECHE
    Incendie en Ardèche : Un homme de 44 ans avoue avoir mis le feu
    27 Juill 2022
    10
  • Toulon - La Rochelle
    Toulon - La Rochelle
    Toulon 29-34 La Rochelle, Top 14 2023-2024 : résumé du match ...
    15 Jui 2024
    2
  • Saint-Vincent
    Saint-Vincent
    Champagne : La Saint-Vincent ne prend plus chez les viticulteurs ...
    22 Jan 2024
    1
  • Johnny Gaudreau
    Johnny Gaudreau
    Johnny Gaudreau, sept fois All Star en NHL, est mort
    30 Aoû 2024
    2
Les shots les plus populaires de cette semaine